La déclaration prévue par la Commission européenne, révélée par Politico et relayée par Vincent Hervouët sur Europe 1, est une réponse molle et creuse à des enjeux pourtant vitaux. Comme dans le sketch des Inconnus, on part sur des éléments de langage du genre « croyez bien », « tout ce qui est en mon pouvoir ». On échange de la lâcheté contre du temps.
Face à Marion Maréchal, sur France 2, Philippe Besson avait eu cette analyse transparente mais involontaire : le Grand Remplacement ne se produirait pas avant quarante ans de la même politique, donc il n'y a pas de Grand Remplacement. On ajoute à ça les « valeurs de l'Europe », peut-être encore plus compliquées à définir que les valeurs de la République, et le tour est joué.
L'Union européenne va continuer à financer des dispositifs de surveillance, qui relèvent plus du comptage que de la régulation. C'est open bar, mais sous l'œil des caméras. L'agence Frontex n'avait-elle pas, récemment, été jugée inhumaine, c'est-à-dire trop efficace pour endiguer le trafic d'êtres humains et contrôler l'invasion migratoire ? Une nouvelle fois, reconnaissons-le : il ne se passera absolument rien.
Pour autant, cette fronde des petits pays change quelque chose. Ces pays du nord et du sud de l'Europe sont des points d'entrée de la déferlante migratoire illégale. Ils gèrent, quasiment seuls, une situation chaotique. Certains d'entre eux (Danemark, Slovaquie, Autriche) avaient déjà affirmé leur souhait de mettre un terme à la submersion de l'Europe. D'autres (les pays baltes), jusque-là peu concernés, voient le danger arriver à leur porte. Malte et la Grèce sont les ports de prédilection des passeurs, qui travaillent main dans la main avec les ONG. Nous, Français, pour l'instant inertes, à la remarquable exception de certains villages bretons, nous accrochons officiellement à notre « tradition d'accueil », véritable dogme de foi. Plus de la moitié de la population souhaite réguler l'immigration, selon plusieurs sondages, mais qui s'en soucie, de la population ? Depuis le traité de Lisbonne, on a bien compris ce que voulait dire le mot démocratie - et (alerte spoiler) ça n'a rien à voir avec son étymologie.
Bravo à ces pays qui, aux marches de l'Europe et malgré leur difficultés, quoique conscients que rien ne bougera pour le moment, nous donnent une leçon de courage - enfin, surtout, la donnent à nos gouvernants.
Arnaud Florac
https://www.bvoltaire.fr/immigration-huit-pays-de-lunion-europeenne-veulent-que-ca-change/