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Ça bouge en Europe

230214

Certes, le spectacle que nous offre l'Hexagone pourrait nous décourager. Notre pays patauge, depuis plusieurs jours, entre ses grèves à répétition, et son grossier chahut parlementaire. Factuellement lamentable, et littéralement sidérant, ce tumulte rend inaudible le sujet dont on prétend débattre politiquement. Il pourrait à vrai dire se révéler fort utile à un gouvernement, lui-même aussi médiocre qu'arrogant.

Le chef de l'État ce 15 février se préoccupe glorieusement de négocier avec le ministre des Affaires étrangères chinois Wang Yi, on ne sait quelle réponse commune à la crise climatique...

En regard plusieurs pays du Vieux Continent semblent s'éveiller.

Ce 15 février, au siège de l'Otan le secrétaire général norvégien Jens Stoltenberg reçoit le Président de la Pologne, Andrzej Duda. Quelques jours plus tôt, les 54 pays engagés dans le soutien à l'Ukraine ont coordonné leurs programmes de livraisons d'armements et de formations des personnels. Sur ce terrain on remarque que l'Angleterre reste la seule puissance européenne au sein des 5 pays disposant des plus gros budgets militaires du monde. Ce sont en effet les États-Unis, la Chine, l'Inde, la Russie et la Grande-Bretagne qui concentrent à eux cinq 62 % des dépenses militaires dans le monde. L'Union européenne, tout en représentant la plus grosse économie de consommation demeure toujours un nain stratégique, divisé car tributaire de 27 politiques extérieures et de sécurité différentes.

En septembre 2014, à Newport au Royaume-Uni, réagissant à la conquête poutinienne de la Crimée, l'ensemble des alliés du pacte atlantique s'étaient réunis. Ils se sont accordés sur un rehaussement et un niveau minimum de dépenses de défense. Celui-ci devrait désormais correspondre, pour chaque pays, à 2 % de son produit intérieur brut. Alors seuls trois membres de l'Otan satisfaisaient à ce critère : les États-Unis caracolaient en tête avec 5 %, ce qui fonde leur hégémonie ; seules faisaient exception la Grèce, pourtant en pleine crise à l'époque, et la Grande-Bretagne, laquelle deux ans plus tard allait décider le Brexit.

Cependant les vieilles locomotives essoufflées de l'Europe technocratique version Maastricht peinent toujours, près de 10 ans plus tard, à s'y conformer et à investir les 2 % de leur produit intérieur auxquels ils se sont engagés. Ce seuil n'a jamais été respecté par la France au XXIe siècle, oscillant entre 1,7 et 1,9 %. Les seuls Européens se conformant à la norme auxquels ils ont souscrits, l'Estonie, la Grèce ou la Pologne, sont aujourd'hui encore tenus pour des partenaires mineurs voués à la tutelle naturelle des "grandes personnes" dont un  Macron semble se croire le porte parole de droit divin.

D'autres pays se placent en pointe, par ailleurs, de la fourniture d'armements aux Ukrainiens.

La Tchéquie avait ainsi, la première, dès avril 2022, au tout début de cette guerre, livré à Kiev une dizaine de chars T-72 de confection soviétique ainsi que des lance-roquettes et des missiles. Le gouvernement, dirigé depuis 2021 par Petr Fiala, rendait à Moscou la monnaie de la pièce de son intervention à Prague en 1968 et de l'occupation soviétique au souvenir odieux, remontant à la prétendue libération par l'armée rouge en 1945 et au coup d'État communiste de 1948. Aujourd'hui, dans ce pays, l’industrie de l’armement tourne à plein régime.

On se plaît à penser ce qu'une attitude plus franche et plus courageuse aurait apporté à Paris, ce qu'elle aurait procuré en termes d'emplois dans nos usines, leurs sous-traitants et nos bureaux d'études. On lit parfois sous la signature de certains souverainistes des commentaires critiques vis-à-vis des pays qui étant nos alliés, "osent" commander ailleurs qu'en France des équipements que, certes, nous pourrions leur livrer. Or, Macron, au même moment où la République Tchèque s'engageait dans le sens mentionné plus haut, s'investissait lui-même au contraire dans les courbettes diplomatiques stériles en direction de l'agresseur.

L'énorme effort de solidarité, d'équipement et de vigilance militaire de la Pologne porte également ses fruits en termes stratégiques. Depuis 2014, le budget de la défense s'est situé en hausse de manière constante. D'environ 2 % du PIB en 2020, il est passé à 3 % pour 2022, et Varsovie presse pour que l'objectif européen soit désormais élevé à 2,5 %. Une telle augmentation de l'effort n'a pas seulement permis une modernisation, elle s'est traduite par des effectifs de 300 000 hommes pour 38 millions d'habitants, là où la France ne dispose que de 200 000 soldats. Ceci fait s'interroger, ce 12 janvier sur le site de la revue Conflits, Alexandre Massaux : cette vieille nation chrétienne sera-t-elle "la future première force militaire de l’Union européenne ?". Et de souligner combien "un tel titre aurait fait sourire il y a quelques décennies".

Or, on ne pourra s'empêcher de remarquer, à ce stade, que ce sont les gouvernements les plus à gauche, comme celui des socialistes espagnols, mais aussi ceux des pays se trouvant aussi les plus éloignés des lignes de menace, qui se retrouvent les moins-disant dans ce domaine.

Si l'on entend contribuer à défendre l'Europe, il paraît donc légitime d'appeler à un retour en force des gouvernements de droite.

En Suède, depuis leur victoire en septembre 2022, un éditorialiste comme Guillaume Tabard a pu considérer, sur Radio Classique les "leçons de l'union des droites pour la France". Mais on ne peut encore en mesurer les effets.

En Italie, au contraire, depuis octobre le pouvoir exécutif résulte d'une alliance inédite autour de "Fratelli d'Italia". Or des élections régionales se sont déroulées ce 12 février : la victoire de Georgia Meloni s'est révélée sans appel. Son mouvement est issu d'une longue histoire d'opposition et d'ostracisme au nom de "l'antifascisme", il est désormais allié à la Ligue, de culture libérale, dirigée par l'ancien premier ministre Salvini et au parti de Berlusconi "Forza Italia".

Dans cet attelage les finauds observateurs agréés imaginaient que les deux politiciens chevronnés, étrangement plus complaisants envers le Kremlin, s'empareraient des rennes et réduise Giorgia Meloni au rôle d'une force d'appoint, fragilisée par sa ligne budgétaire courageuse votée au cours de l'automne.

Or, c'est le contraire qui s'est produit.

Non seulement la coalition au pouvoir dite de "centre-droit" a su conserver brillamment la région de Lombardie et reconquérir sur la gauche celle de Rome, mais les sondages donnent sa composante la plus dure et sa dirigeante désormais renforcées dans l'opinion : en cas de nouvelles élections au niveau national, elle obtiendrait plus de 29 % des voix contre 26 % en septembre, la Ligue moins de 9 % et Forza Italia 7 %, affaiblissant tout espoir pour eux de la supplanter.

Il existe donc quelques bonnes nouvelles pour le réveil de l’Europe et pour la défense du Vieux Continent par les Européens eux-mêmes.

JG Malliarakis

https://www.insolent.fr/

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