Si l’on en croit le journal du soir, le CROSS n’aurait pas pris la mesure du danger encouru par les passagers embarqués sur un frêle esquif, alors qu’un des occupants avait redoublé les appels à l’aide. L’un des avocats des familles pointe aujourd'hui « des fautes des autorités françaises compétentes et notamment un manquement du CROSS à son obligation de porter secours de manière urgente ». Mais de façon plus générale, il est reproché aussi « un manquement de l’État à son obligation de renforcement des moyens humains et matériels de sauvetage, d’autant qu’il était informé d’un manque pour faire face à ces traversées risquées et ces potentiels drames ». Ce qui semble plus difficile à apprécier.
À l’époque, Gérald Darmanin avait tout mis sur le dos des passeurs : « Ces trafiquants, ils jouent de nos frontières, de nos différences de législation et de notre manque de coopération. Il est certain que c’est une réponse internationale, coordonnée, très dure qui doit intervenir. » S’en prendre aux passeurs, c’est en quelque sorte contourner l’essentiel du problème et puis, peut-être un peu, se donner bonne conscience. L’essentiel du problème, on le connaît : des centaines des milliers de personnes, voire des millions dans le monde, et plus particulièrement en Afrique, veulent rejoindre le supposé eldorado que seraient l’Europe et la Grande-Bretagne. Osons une comparaison : de même que lutter contre les trafiquants de drogue ne supprimera pas l’envie de consommer de la drogue, de même poursuivre sans relâche les passeurs ne supprimera pas l’envie de migrer en Europe ou en Grande-Bretagne. Il faut le faire, mais ça ne suffira pas.
Et comme un écho tragique à ce naufrage du 24 novembre 2021, ce 15 février 2023, un terrible naufrage vient de se produire en Méditerranée, au large des côtes libyennes. Pas moins de 73 migrants auraient péri, a annoncé l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Dans un communiqué, l’OIM estime qu’« une action concrète des États est nécessaire pour accroître la capacité de recherche et de sauvetage, établir des mécanismes de débarquement clairs et sûrs ainsi que des voies de migration sûres et régulières afin de réduire les voyages dangereux ». En revanche, l’OIM n’invite pas les États à mener une action concrète pour que ces migrations cessent ou, tout du moins, se réduisent significativement. L’OIM, liée depuis 2016 à l’Organisation des Nations unies et présidée depuis 2018 par le socialiste portugais António Vitorino, ancien commissaire européen, s’inscrit donc dans cette logique, ou plutôt idéologie, immigrationniste qui veut que l’immigration ne soit pas le problème mais la solution. Une solution qu'il faut donc accompagner.
Une logique ou plutôt une idéologie que l’on retrouve à tous les étages, jusqu’au niveau des associations locales soutenant ceux qu’elles qualifient désormais d’« exilés ». Ainsi, au lendemain du drame au large de Calais, en novembre 2021, l'une d'elles estimait que « la vraie responsabilité repose sur les autorités françaises qui bloquent la frontière, obligeant, comme à la frontière de la Pologne, les exilés à risquer leur vie pour passer », rapportait à l’époque France 3. Une argumentation à la limite de l’absurde : on ne passe pas en Angleterre comme ça. Mais ces associations ont peut-être en tête que c’est à la France de payer le passage par des moyens de transports sûrs. Pas certain, d’ailleurs, qu’en face, ils soient d’accord. Ces drames à répétition, que ce soit dans la Manche ou en Méditerranée, ne peuvent donc que se multiplier. D’autant qu’après l’affaire de l’Ocean Viking, en novembre dernier, Emmanuel Macron a envoyé un signal clair aux candidats à l’immigration illégale.
Georges Michel
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