« On se fout de notre gueule, poursuit le syndicaliste. On n’est pas contre les gens instables, mais les détenus avec des troubles psy ont besoin d’être soignés. Là, on propose du surf… » En plus de souligner le risque de fuite que pose ce genre de sorties, Éric Toxe rappelle que les agents pénitentiaires ont déjà suffisamment à faire à l’intérieur des maisons d’arrêt. Rien qu’au mois de juillet dernier, la prison de Rennes-Vezin a été le théâtre de pas moins de trois agressions de surveillants par des individus « au profil psychiatrique instable ».
La victimisation des malfaiteurs
Sur les réseaux sociaux, les réactions à cette activité « thérapeutique » ont été nombreuses. « Beaucoup de Français rêvent de faire une semaine de surf », a ainsi fait valoir le Syndicat majoritaire des Cadres de la Sécurité intérieure. « 40 % des Français renoncent à partir en vacances, mais les détenus du centre pénitentiaire de Rennes-Vezin vont avoir droit à une semaine de "surf thérapeutique" à Saint-Malo, s’est également offusqué le député RN du Loiret Thomas Ménagé. Tout va bien, Gérald Darmanin ? »
Ce dernier n’a d’ailleurs pas tardé à réagir. Interrogé par nos confrères du JDD, le ministère de la Justice a confirmé que la fameuse semaine de surf n'aurait pas lieu, conformément aux mesures prises par le garde des Sceaux en février dernier. Gérald Darmanin avait alors annoncé l’arrêt de toute activité à caractère ludique en prison, après plusieurs polémiques autour d’ateliers de danse country, de théâtre ou de séances de massage proposés aux détenus qui avaient choqué le grand public.
Dans la presse de gauche, l’annulation de l’activité nautique fait grincer des dents. « C’est du thérapeutique, c’est pour préparer leur sortie », peut-on ainsi lire, dans Le Huffington Post, qui se garde bien d’expliquer en quoi une semaine de surf peut aider à la réinsertion de délinquants souffrant de troubles psychiatriques.
L’argument est d’autant plus étonnant que ce type d’activités est généralement moins proposé aux agresseurs… qu’à leurs victimes. Sur son site, le Groupe hospitalier Loire-Atlantique explique, en effet, que les soins de « surf thérapie » sont destinés aux personnes ayant subi des violences physiques et sexuelles. « L’objectif de ce programme est d’accompagner les victimes dans leur parcours de reconstruction », est-il écrit, grâce à « une approche thérapeutique mêlant le contact avec l’océan et une activité sportive à dimension psychologique ».
Les détenus doivent-ils désormais bénéficier des mêmes soins que les victimes ? À l’heure où l’inversion des valeurs a le vent en poupe, il semble bien que oui.