14 avril, à l'heure matinale où ces lignes sont écrites, la France officielle reste dans l'attente d'une décision du soir que doit rendre le Conseil constitutionnel.
Disons d'emblée que l'exaspérante appellation de "Sages" pour désigner les personnages composant cet aréopage factice relève de la dérision et, plus encore de l'imposture.
Sages les anciens premiers ministre Juppé et Fabius ? Que n'ont-ils fait preuve de cette qualité dans leur passage désastreux à l'hôtel Matignon ?
Sages les deux anciens présidents de la république encore en vie, Sarkozy et Hollande ? Autorisés à participer à une séance du conseil, ils nous offriraient un bien beau spectacle entre l'un qui s'y rendrait en scooter, l'autre, multi mis en examen, en fourgon cellulaire.
Y aurait-il même un seul juriste, un seul agrégé de Droit, un seul professeur de Droit constitutionnel, au sein de ce comité de 9 personnes la plupart inconnues de leurs concitoyens, on aimerait qu'il s'exprimât.
On pourrait découvrir ainsi la doctrine et la méthode par laquelle on interprète le texte de 1958, plus de 20 fois charcuté, y compris par l'instance elle-même, en 1971, lorsqu'elle s'est auto érigée en super pouvoir politique pour mieux brider encore les législateurs.
Rappelons quand même ici la chaleureuse personnalité qui, ces dernières années, formula la nouvelle doctrine selon laquelle on pouvait invoquer le "principe de Fraternité", – slogan effectivement mentionné au même titre de La Marseillaise dans la devise de l'État – pour justifier la délinquance évidente d'aide ouverte et délibérée à l'immigration illégale.
À un tel compte, rappelons-le, d'autres constitutionnalistes ne devraient pas hésiter plus longtemps à arguer un jour du "sang impur supposé "abreuver les sillons" du pays pour justifier qu'on verse celui des mécréants droitiers, comme on versa celui des Brigands de la Vendée, des chouans et des aristocrates.
Le doctrinaire éminent, l'ultime "penseur" de ce constitutionnalisme républicain ne fut autre qu'Olivier Duhamel. Rappelons ses titres, relevés tout simplement dans sa fiche Wikipedia. Après avoir été conseiller de Daniel Mayer, lui aussi une grande conscience à la tête de la Ligue des Droits de l'Homme, puis de Badinter, président du Conseil constitutionnel, et dont Fabius semble aujourd'hui l'épigone, Duhamel dispensa sa science et sa conscience dans diverses universités avant de présider enfin la Fondation nationale des Sciences politiques. Injustement frappé dans sa gloire par une sordide affaire de viol sur son beau-fils mineur, cet homme de gauche exemplaire et paradigmatique s'est retiré de la vie publique : on attend encore son remplacement, peut-être son retour.
Mais dira-t-on qu'importe le vin pourvu qu'on ait l'ivresse ? Qu'importe la sagesse effective de nos Sages et de leurs inspirateurs pourvu qu'on ait leur arbitrage ?
Bien sûr si le diktat convient au pouvoir, au rapport de force, aux opportunités, "les jugements de Cour le rendront blanc ou noir".
Pas sûr qu'il n'en reste pas le goût durablement amer d'une prétendue "démocratie". Celle-ci ne sait même pas débattre librement. Elle l'a encore prouvé, ne serait-ce que ce 20 mars, autour d'un texte aussi crucial que la motion de censure transpartisane quand la présidente de l'Assemblée coupa le micro à son rédacteur le centriste Charles de Courson.
Je ne sais pas si, véritablement, le "Principe de Fraternité" est bien défendu par nos "Sages". Je constate simplement ici que l'étouffement des Libertés ne dérange guère nos technocrates dans les conseils de notre république.
JG Malliarakis