Mais, c’est précisément ce moment que choisit le même Tavoillot pour boire l’eau des rince-doigts, avant de tirer la nappe et de renverser la table. Ainsi, et à l’en croire, pour qu’Emmanuel Macron puisse retrouver une forme de légitimité, il n’y aurait plus que « le référendum, instrument extrêmement intéressant ». Là, on l’écoute. Puis, parti sur sa lancée, cet ancien conseiller de Jack Lang précise : « À condition qu'on réponde à la question et non pas à celui qui la pose. » Tiens, tiens, ne serions-nous pas en train de sortir des sentiers mille fois battus et rebattus ? Oui.
Et notre professeur en philosophie de jeter un très gros froid sur le plateau : « Je pense que la question migratoire est une question qui est typiquement de référendum. » Du coup, tout le monde semble se réveiller. Et les objections d’aussitôt fuser en un invraisemblable brouhaha où le mot de « démagogie » revient en chœur antique. Et le pire, ou le mieux (c’est au choix), c’est que Pierre-Henri Tavoillot insiste : « La question migratoire est un sujet qui fait aujourd’hui l’objet d’un débat purement moral, entre ceux qui considèrent que l’immigration est une chance pour la France et les autres qui la tiennent pour un boulet. » Et le coup de grâce pour la fin : « Le référendum me paraît être un moyen de trancher les choses en sortant du débat idéologique. »
Au lieu de répondre à la question, tout le monde s’esclaffe, avec ce petit rire méprisant de « ceux qui savent » vis-à-vis de « ceux qui ne savent pas ». Salauds de pauvres ! Et notre diable d’homme d’en remettre une ultime couche : « On voudrait consulter le peuple sur les retraites, mais on ne pourrait pas le consulter sur l’immigration… »
Pour la petite histoire, on notera que dans le studio de France 5, rares sont les représentants de la « diversité ». Celle des beaux quartiers, non « racisée », pour reprendre la vulgate à la mode, y étant manifestement plus que majoritaire ; un peu comme dans les réunions d’autres CSP+, celles d’EELV, soit dit en passant.
Pour anecdotique qu’elle soit, cette affaire pose au moins deux questions.
La première consiste à rappeler que cette France d’en haut bienveillante et inclusive est justement à l’abri des « bienfaits » de cette immigration incontrôlée réservée à celle d’en bas. Ce qui ne l’empêche évidemment de sûrement bien traiter son personnel de maison et ses livreurs à domicile, taillables et corvéables à toute heure du jour et de la nuit.
La seconde oblige à rappeler que la déferlante migratoire n’est pas que le fait d’intellectuels de gauche fortunés et trop souvent déconnectés du quotidien de leurs compatriotes désargentés, mais qu’elle obéit à une logique libérale autrement plus ancienne. Bref, celle de ce grand patronat qui, depuis les années 60 du siècle dernier, importe des immigrés par wagons entiers pour ensuite mieux les sous-payer ; ce, au détriment des ouvriers français. Georges Marchais, historique secrétaire général du PCF, ne disait pas autre chose à l’époque.
Il est vrai que lui avait lu Karl Marx, qui prophétisait déjà que l’immigration serait « l’armée de réserve du grand capital ».
Le pire est que dans cette affaire, il n’y a plus que des malheureux. Ici coupé de ses racines, l’immigré n’est pas forcément le plus heureux des hommes. En permanence stigmatisé parce qu’il vote Le Pen, l’ouvrier français ne souffre pas non plus d’un trop-plein de bonheur. Les trafiquants de chair humaine, eux, en revanche, peuvent se frotter les mains. Des dizaines de milliers d'étrangers se pressent à nos portes pour mieux se faire exploiter, ignominie bénie par des nigauds de gauche, au nom des grands principes, et par des andouilles de droite, en celui du libre-échange des biens et des personnes.
Alors, oui, un référendum, pourquoi pas ? Même et surtout si c’est Pierre-Henri Tavoillot qui le demande.
Nicolas Gauthier
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