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Histoire de la Bretagne : Joël Cornette ne fait pas les choses à moitié

En 2005, le Brestois Joël Cornette , professeur à l’université Paris 8-Vincennes-Saint-Denis, avait publié une « Histoire de la Bretagne et des Bretons » (Seuil). Seul un universitaire pouvait produire un tel travail : un premier tome de 710 pages et un second de 630 pages. Autant dire qu’avaler une pareille somme exigeait forte volonté et beaucoup de temps – or le lecteur se fatigue vite. En janvier 2023, Joël Cornette s’illustre à nouveau avec « Une brève histoire de l’identité bretonne » (Tallandier). Un ouvrage davantage grand public puisque limité à 220 pages. Et surtout l’auteur a la bonne idée de consacrer la dernière partie du livre à une « histoire de la Bretagne en 80 dates » (Ve-XXIe siècle) ; on peut donc apprendre beaucoup de choses en quarante pages : une date, une réponse. A coup sûr, voilà un ouvrage qui aurait sa place dans tous les collèges de Bretagne. Mais il ne faut pas trop en demander à l’Éducation nationale…

Le lecteur prendra connaissance avec intérêt des quatorze points du « code paysan » de 1675 – un véritable cahier de doléances – que Joël Cornette reproduit intégralement. C’est l’histoire des Bonnets rouges qui s’insurgèrent dans quatorze paroisses. « La répression de la révolte fut particulièrement sévère, incarnée par le duc de Chaulnes, à la tête de 6 000 soldats, qui entreprirent méthodiquement la « pacification » de cette Basse-Bretagne insurgée considérée comme un pays à conquérir. » Aujourd’hui, le pouvoir dispose des CRS et de la gendarmerie mobile lorsque les manifestations tournent à l’émeute… Les « forces de l’ordre » disent les médias.

Le duché devient une province française

Evidemment, un point important est abordé : l’édit d’union signé par François 1er à Nantes le 4 août 1532. D’abord, astucieusement, le roi poussa les députés des Etats de Bretagne à solliciter eux-mêmes, comme une initiative émanant des Bretons, l’union de la Bretagne et du royaume de France. Cependant  Joël Cornette n’est pas dupe : « Les choses pourtant ne furent pas aussi simples : malgré les pressions, les jeux d’influences, les gratifications, la proximité – et la menace – des troupes royales, la discussion fut, semble-t-il, vive, longue, âpre. » Mais, après la défaite de l’armée bretonne à la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier, le rapport de force était favorable au roi de France. Le duché de Bretagne devient donc une province du royaume.

Dans un entretien accordé au Télégramme (samedi 18 février 2023), Joël Cornette aborde la question de la trahison des élites bretonnes. « Elle remonte à Louis XI, qui avait racheté 50 000 livres les droits des Penthièvre à la couronne ducale. Les grands nobles bretons étaient partagés entre la fidélité au duc et au roi, qui leur verse des pensions, achetant ainsi leur bon vouloir. En 1532, François 1er réside à Suscinio et distribue, à son tour, des gratifications, pendant qu’à Vannes, les « opiniastres » défendent en vain « l’ancienne liberté du païs », raconte l’historien Bertrand d’Argentré. » En 2023, il n’y a pas grand-chose de changé… Les hommes politiques ont besoin d’argent pour le fonctionnement de leur parti et le financement des campagnes électorales…

Bernard Morvan

Crédit photo : DR
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