Le Premier ministre italien prévoit en effet de durcir les conditions d'accès à l'aide sociale. Concrètement, ce qui s'appelait hier un « revenu de citoyenneté » (notre « revenu de solidarité active ») deviendra un « chèque d'inclusion ». C'est ce que nos frères italiens doivent appeler (l'expression existe-t-elle chez eux ?) la lingua di legno. En gros, l'idée est de remettre les gens au travail et de réinvestir une partie de l'argent ainsi économisé dans des mesures incitatives pour les entreprises qui embauchent des prestataires de ce chèque.
Évidemment, la gauche italienne est contre. « Vent debout », dirait France Info, spécialisée dans le cliché désuet. Pensez donc ! Ce revenu était plutôt, à ses yeux, une préfiguration du revenu universel dont on entend parler, ici ou là, en Europe. Si, maintenant, il faut se lever le matin pour aller gagner son tabac à rouler, son pack de 33 Export et ses tickets d'EuroMillions, où va le monde !
Cette mesure creusera-t-elle encore un peu plus le fossé entre nord et sud ? Ceux d'entre vous qui parlent italien peuvent déjà guetter les réactions de l'inoxydable Vittorio Feltri, éditorialiste de droite originaire de Bergame, et qui a probablement, comme à chaque fois, sa petite idée sur les Italiens du sud et l'État-providence. En attendant, vue de France, cette mesure semble être un juste équilibre entre la considération pour les gens pauvres et la chasse aux parasites. Chez nous, en ce moment, le gouvernement fait précisément l'inverse
Arnaud Florac