La Nupes contre la police
Dans les rangs de la France insoumise, le recueillement après la mort tragique du jeune Nahel aura été de courte durée. En quelques heures seulement, au mépris de la présomption d’innocence du policier qui prévaut le temps de l’enquête ouverte pour homicide volontaire par personne dépositaire de l’autorité publique, les parlementaire insoumis lancent une vaste opération de communication. Leur but est simple : faire de Nahel le « George Floyd français » pour mettre à bas l’État.
Premiers à accuser la droite de récupération politique lorsqu’il s’agit de l’horrible meurtre de Lola ou de l’agression sauvage d’Annecy, voilà qu’ils utilisent le décès du jeune homme pour culpabiliser les forces de l’ordre. Antoine Léaument, député Nupes de l’Essonne, dégaine dans les premiers sur Twitter. « Le refus d’obtempérer est puni de 2 ans de prison et 15.000 euros d’amende. Pas de la peine de mort ! » s’indigne-t-il.
Dans la foulée, ses collègues reprennent en chœur les mêmes éléments de langage. Même Olivier Faure, patron du PS, accuse la police d’avoir rétabli « la peine de mort ». Clémentine Autain va plus loin et écrit : « Que reste-t-il de notre État de droit si un délit comme le refus d'obtempérer vaut une exécution sommaire ? La recrudescence de ces meurtres doit nous saisir collectivement ! ».
À la lire, les policiers tueraient donc volontairement les individus qui refusent d’obtempérer… Une vision qui rejoint les nombreuses déclarations de Jean-Luc Mélenchon. Après avoir par le passé affirmé que « la police tue », le leader de la France insoumise s’emporte sur ses réseaux sociaux : « Assez ! Ces meurtres engagent l'autorité de l'État ! Cette police doit être entièrement refondée, ses meurtriers punis.»
Jamais à court d’idées, ce 29 juin, quelques heures avant la minute de silence organisée dans l’hémicycle, les Insoumis organisent une nouvelle action médiatique dans les jardins de l’Assemblée pour réclamer « Justice et Vérité pour Nahel ».
Dans ce déchainement de réactions, seuls Fabien Roussel et François Ruffin, au sein de la Nupes, font preuve de retenue. Tous deux appellent à laisser le temps à la justice d’effectuer son travail.
Quand le show-biz s’en mêle
Les élus de la Nupes peuvent compter sur le soutien d’acteurs, chanteurs et sportifs pour relayer leur message. Faisant fi de la présomption d’innocence, Jules Koundé, joueur de l’équipe de France de football, dénonce « une bavure policière ». Un message relayé par son coéquipier Mike Maignan qui ajoute : « Une balle dans la tête...C'est toujours pour les mêmes qu'être en tort conduit à la mort. » Plus prudent, le capitaine des Bleus, Kylian Mbappé, qui a « mal à sa France », publie un court message « pour la famille de Nahel, ce petit ange parti trop tôt ». Dans un autre registre, Omar Sy adresse ses « pensées et prières vont à la famille et aux proches de Nahel […] tué par un policier ». Côté musique, les rappeurs éprouvent la même colère. Sur Instagram, Jul, chanteur marseillais, adresse « une pensée » à Nahel. S’il partage cette émotion, son confrère Rohff dénonce également une certaine discrimination : « Ça aurait été Pierre Palmade ou le fils de Nadine au volant, défoncé à la coke et je n'sais quoi d'autres, je doute fort qu'ils se seraient fait exécuter de la sorte » (sic). Enfin, figure de la lutte anti-police, Assa Traoré qui se rend à Nanterre dès ce 28 juin pour rencontrer la famille de Nahel, ne tarde pas non plus à manifester sa colère contre les « violences policières ».
Ces messages sont d’autant plus critiqués que ces artistes ont pour la plupart préféré garder le silence lors du meurtre de la petite Lola, de l’agression de Bordeaux ou de l’attaque d’Annecy. À croire que deux France, chacune ayant ses victimes, se font face.
Accablées de toute part, les forces de l’ordre qui souhaitent que l’enquête poursuive son cours, reprochent à Emmanuel Macron d’avoir qualifié « d’inexcusable » et « inqualifiable » la mort de Nahel. « Que le Président de la République, comme certains responsables politiques, artistes ou autres bafouent la séparation des pouvoirs et l'indépendance de la Justice en condamnant nos collègues avant même que celle-ci ne se prononce est inconcevable » écrivent les membres du syndicat de police Alliance qui appelle au respect de la présomption d’innocence pour leur collègue.
Clémence de Longraye