Le groupe parlementaire RN présidé par Marine Le Pen sera, en effet, à la manœuvre de 9 heures à minuit sur sa niche parlementaire. Supplice de plus pour la NUPES, la tension monte, à gauche, depuis plusieurs jours sur fond de rumeurs : le fameux « cordon sanitaire » et la stratégie de blocage du RN, une main sur le cœur, l’autre sur les yeux, marquerait une certaine usure. Le 3 octobre à l’Assemblée, le patron des députés LR Olivier Marleix a envoyé promener les faux jésuites de la gauche extrême qui interdisent à la droite les alliances qu’ils se permettent à gauche. « On vote quand c’est utile à l’intérêt des Français, il n’y a pas de cordon sanitaire autour de nos idées », a tranché Marleix. Que feront les LR, que fera le groupe LIOT, que feront les macronistes de Renaissance ? On sera attentif, ce 18 octobre, dans les travées du palais Bourbon, mais aussi à Matignon et à l’Élysée.
Opportunisme ?
D’autant que le RN a joué fin, alternant les propositions de loi consensuelles et populaires et des textes plus combatifs. « On veut améliorer le quotidien des Français tout de suite », explique à BV le député RN Kevin Mauvieux (Eure), porte-parole du groupe RN à l’Assemblée et lui-même concerné par une proposition de loi (PPL).
Ainsi, en ouverture des travaux à 9 heures du matin, la première PPL entend « soutenir les femmes qui souffrent d’endométriose » en leur accordant le statut d’affection longue durée (ALD) « exonérante », c’est-à-dire totalement prise en charge par l’assurance maladie. Sur le principe, tout le monde est d'accord. Mais la proposition agace les macronistes qui accusent le RN d’opportunisme. LR a appelé à voter le texte qui pourrait séduire, au-delà, des députés du groupe LIOT de Charles de Courson, l’un d’eux ayant cosigné la proposition de loi. C’est le seul véritable espoir du RN, le seul texte qui ait ses chances. Les autres animeront le débat, ce qui n’enlève rien à leur importance en soi.
Après la santé des femmes, la sécurité. Les députés RN Romain Baubry et Brian Masson seront nettement plus clivants en proposant la suspension des allocations familiales aux parents d’enfants délinquants ou criminels. « Attention, ce ne sera pas systématique, précise Kevin Mauvieux. Le préfet pourra suspendre la mesure en fonction des situations familiales, quand elle met en danger l’enfant ou sa famille. » On parlera éducation des enfants, droits et devoirs. Là encore, le RN caresse les Français dans le sens du poil : la mesure est approuvée par trois Français sur quatre.
Baisser la facture énergétique
Après les femmes et la sécurité, le pouvoir d’achat. En troisième position, le député Alexandre Loubet défendra les revenus de nos compatriotes avec une PPL visant à « baisser la facture énergétique des Français et des entreprises ». Objectif : rendre à la France sa production d’énergie et sa liberté de manœuvre énergétique vis-à-vis de l’Europe.
Quatrième intervenant, avec, donc, moins de chance de s’exprimer en fonction de la longueur des débats précédents, le député Roger Chudeau, ancien inspecteur général de l’Éducation nationale, s’attaquera à l’écriture inclusive. « L’écriture inclusive n’a rien à faire dans nos documents administratifs, civils, universitaires et scolaires », expliquait-il récemment à BV.
Enfin, Kevin Mauvieux et Laure Lavalette proposeront un complément de revenu à chaque étudiant qui travaille correspondant à 20 % de son revenu (mais pas plus de 200 euros mensuels) et de 30 % pour les boursiers (mais pas plus de 300 euros mensuels). Une mesure largement financée par une taxe sur les surprofits de l’énergie et des autoroutes, mais une taxe de plus en France qui en compte trop. Les autres PPL ont bien peu de chance de passer, sur l’asile à Julian Assange et la nécessité de tests osseux pour déterminer le caractère mineur ou non d’un étranger. Dommage que cette dernière soit condamnée.
Arguments
Mais la journée aura surtout valeur de test politique. Les LR, qui ont travaillé et préparé des amendements, pourraient voter trois textes, dont celui consacré à l’endométriose et la suspension des allocations aux parents d’enfants délinquants. Même si elles étaient adoptées, les propositions de loi du RN iraient ensuite au Sénat. Au pire, le RN aura gagné des arguments pour les années à venir et ne se privera pas de rappeler que tel élu ou tel parti a voté contre ses propositions sur l’endométriose, la lutte contre la délinquance, la politique énergétique de la France, la lutte contre l’écriture inclusive ou le revenu des étudiants. Des munitions pour l’avenir, pas seulement contre la NUPES.
Marc Baudriller
https://www.bvoltaire.fr/assemblee-le-rn-a-la-manoeuvre-aujourdhui-entre-consensus-et-clivage/