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Marine Le Pen, demain, à l’Elysée ? Un socialiste sonne le tocsin

Aquilino Morelle est presque redevenu un inconnu. Il est retourné dans la foule avec le ressac de l'après François Hollande. Pourtant, cet homme brillant, docteur en médecine et énarque, plume de nombreux éléphants socialistes, avait bien souvent défrayé la chronique. Il avait notamment été accusé de conflits d'intérêts.

Un ouvrage lucide

Aujourd'hui, plus d'intérêts, plus de conflits : Aquilino Morelle sort un livre, La Parabole des aveugles (aux Éditions Grasset), dans lequel il explique pourquoi et comment Marine Le Pen a de fortes chances de gagner en 2027. Son constat n'est pas nouveau, mais il est argumenté. Morelle a vécu de l'intérieur le grand virage idéologique de la gauche : il explique précisément que, sous l'impulsion des bourgeois aux idées larges, les partis de gauche ont abandonné les pauvres pour se tourner vers les minorités. Les oubliés, géographiques et sociologiques, ce sont ceux de la « France moche » dépeinte par Télérama : ce sont les ménages modestes, condamnés à vivre au milieu des ronds-points et des zones commerciales, exclus de facto des grandes villes de province, « gentrifiées » et devenues trop chères. Pire que tout : non seulement ils subissent le vivre ensemble avec la « diversité », mais s'ils osent critiquer, on les accuse du « péché des péchés », dit ironiquement Aquilino Morelle, c'est-à-dire de continuer à « rendre fécond le ventre de la bête immonde ». On est soufflé par une telle distanciation vis-à-vis des éléments de langage du petit théâtre antifasciste.

L'un des autres éléments intéressants de ces « bonnes feuilles » est la façon dont l'auteur prolonge les courbes statistiques des sondages : selon les méthodes de calcul, avec une progression comparable à ce qu'elle a déjà réalisé, Marine Le Pen se situerait, à l'horizon 2027, entre 49 et 52 %. Autant dire qu'elle n'est vraiment pas loin...

Oui, l'utilisation de l'humour, chez un socialiste, peut surprendre, surtout quand il en use vis-à-vis de son propre camp. La lucidité aussi. Heureusement, il y a des choses qui surprennent moins.

Mais des solutions incantatoires et dépassées

D'abord, en critiquant le mépris de classe dont use (et abuse) la nouvelle bourgeoisie intellectuelle vis-à-vis du peuple des déclassés, il utilise le même mépris : les diplômes jugés « très relatifs » des nouveaux gagnants de la France macroniste n'en sont qu'un exemple. Et évidemment, pour faire cela, il s'appuie sur les travaux de Bourdieu, rigolo à certains égards (voir son repère orthonormé des capitaux culturel et économique dans La Distinction, par exemple), mais incroyablement daté à cause de ses œillères idéologiques.

Ensuite, parce qu'il regrette le brassage social du service militaire, la fin des immeubles d'autrefois où tous les milieux se fréquentaient (il pense, sans doute, à la célèbre caricature de Daumier qui date de la fin du XIXe....), Aquilino Morelle est lui-même daté et prisonnier de son milieu.

Enfin, et c'est cela le plus important, les solutions qu'il propose (en finir avec le mépris du populisme afin de redevenir une nation qui traite à la fois « la question européenne, la question migratoire et la question sociale ») sont incantatoires, conceptuelles - en langage « populiste » : bidon. Ringardes, même.

Les partisans du RN peuvent dormir sur leurs deux oreilles, avec des adversaires comme Aquilino Morelle : le constat est bon, les formules sont ciselées, mais il ne propose rien contre une candidate « populiste » qui ne fait que dire ce qu'elle voit. Tout ce qu'il y a de stupéfiant, c'est la lucidité du constat - un constat fait par un socialiste, qui évite donc toutefois soigneusement de prononcer les mots « Grand Remplacement »...

Arnaud Florac

https://www.bvoltaire.fr/marine-le-pen-demain-a-lelysee-un-socialiste-sonne-le-tocsin/

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