Libé (qui ne l'a d'ailleurs pas vu) a détesté, nous l'avons aimé.
Tout comme ces 182 millions d'Américains qui ont placé Sound of Freedom (littéralement, « le son de la liberté ») numéro 10 au box office de l'année (devant Indiana Jones et le cadran de la destinée et Mission Impossible), cumulant plus de 182 millions de dollars de recettes depuis sa sortie, le 4 juillet, aux États-Unis.
Succès compréhensible pour ce thriller plutôt bien ficelé qui ne laisse pas place à l'ennui, pour peu qu'on se donne la peine d'aller le voir. Le film sort en salles ce mercredi 15 novembre, veille de la Journée mondiale de la prévention d'abus envers les enfants (19 novembre) et de la Journée internationale des droits de l'enfant (20 novembre), et, déjà, suscite la polémique.
#2MillionFor2Million : c'était l'objectif que s'était fixé son coscénariste et réalisateur, Alejandro Monteverde, pour ce film qui porte à l'affiche le célèbre Jim Caviezel et Mira Sorvino (Oscar et Golden Globe). Pari réussi outre-Atlantique grâce à un scénario époustouflant largement inspiré de l'histoire vraie d'un ancien agent fédéral américain, Tim Ballard, qui, au péril de sa vie, a mis en place une opération de sauvetage pour libérer des centaines d'enfants prisonniers de trafiquants sexuels. Une semi-fiction prétexte pour les réalisateurs du scénario qui veulent « sensibiliser le public à la réalité de la traite des enfants ». À travers le monde, deux millions d'enfants seraient concernés : « Il est essentiel de comprendre que la traite des êtres humains ne se limite pas aux pays étrangers : il s’agit d’un problème alarmant qui se pose également aux États-Unis et en Europe et qui est en augmentation [...] selon le ministère de la Justice, l'Amérique est l'un des plus grands consommateurs de vidéos et matériels relatifs aux abus sexuels commis sur des enfants (CSAM – Child Sexual Abuse Material) et l'argent américain contribue à alimenter ce trafic national et international », précise le dossier de presse qui accompagne la présentation de Sound of Freedom.
Une réalité effrayante en France, où un enfant disparaît toutes les 12 minutes (43.000 enfants en 2022, chiffres du Point), « dont 37,9 % concernent des mineurs de moins de 15 ans et 95 % sont des fugues », précise Homayra Sellier, la fondatrice et présidente de l’association Innocence en danger dans un entretien joint au dossier de presse. Des fugues qui - surtout lorsqu'elles sont de longue durée - font l'affaire des prédateurs chasseurs d'enfants car, explique Bernard Valezy, commissaire général honoraire et président de l'association Assistance et recherche de personnes disparues (ARPD), au Point, « pour trouver des moyens de subsistance [les fugueurs] s'adonnent généralement à de la délinquance sur la voie publique, des trafics de drogue ou à la prostitution ».
Des chiffres qui ne suffisent pas à convaincre les détracteurs du film qui y voient « un outil de recrutement pour les groupes d'extrême droite et de promotion de théories complotistes de la mouvance QAnon » (cette mouvance américaine persuadée de l'existence d'un réseau mondial de trafic sexuel organisé par une élite de pédophiles), « plébiscité par les têtes d’affiche réactionnaires » (Libé), « navet préféré des complotistes d'extrême droite » (Télérama). Les journalistes de Libé Maxime Macé et Plottu en rajoutent une louche, pointant la complicité coupable de la directrice de SAJE, distributeur du film en France, et de Bolloré, fournissent l'ultime preuve du complot puisque Donald Trump « a lui-même promu Sound of Freedom, organisant cet été, dans sa résidence de Floride, une projection en compagnie du vrai Tim Ballard et de l’acteur Jim Caviezel » et dénoncent le message religieux du film dans lequel le héros proclame que « les enfants de Dieu ne sont pas à vendre ».
Alors, forcément, ça défrise un peu certains. D'autant que Jim Caviezel, qui incarne le Christ dans le film La Passion de Mel Gibson (2004), n'est pas du genre à rougir de sa foi chrétienne, et que le distributeur SAJE promeut des films à message chrétien (comme Vaincre ou Mourir). Pourtant, n'en déplaise à Libé, ceux qui verront le film n'y trouveront aucune référence même implicite à QAnon (même si, à en croire les médias, Jim Caviezel entretient des liens avec cette mouvance).
Pour les réalisateurs, « s'il y a un sujet qui peut unir tout le monde, c'est celui de mettre fin à la traite des enfants. Nous en sommes toujours convaincus. La traite des enfants n'est pas une question de droite ou de gauche », ce que ne digèrent pas, manifestement, Libé et d'autres. Pourquoi ? Est-ce parce qu'il est question de pédocriminalité et que le sujet est chasse gardée ?
https://by-jipp.blogspot.com/2023/11/point-de-vue-sound-of-freedom-avec.html