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Harcèlement : Schiappa ose enfin dénoncer les mensonges des féministes

En 2018, au moment de rendre les clefs du ministère de l’Intérieur, Gérard Collomb avertissait : « Aujourd’hui, on vit côte à côte, je crains que demain on vive face-à-face. » Pourtant ministre pendant plus d’un an, l’ancien président de la métropole de Lyon avait donc attendu de quitter le gouvernement pour ouvrir les yeux sur la situation alarmante que traverse notre pays. Dans un autre registre, ce 16 novembre, au cours d’un débat organisé par Le Figaro, Marlène Schiappa a semblé atteinte du même syndrome. Ancienne secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes, « Madame féministe » de la Macronie restée plus de cinq ans au gouvernement, elle attend d’avoir troqué son costume de ministre contre celui de communicante dans le privé pour dénoncer « le dévoiement du mouvement féministe ». À croire que les langues se délient toujours trop tard…

Appelée à débattre avec l’essayiste Laurent Obertone sur la question du féminisme, Marlène Schiappa ouvre petit à petit les yeux. Interrogée par Eugénie Bastié à propos du déni des associations féministes sur le sujet de l’immigration, l’ancien ministre concède : « Quand j’ai fait passer la loi sur le harcèlement de rue [loi Schiappa 2018], les opposants virulents n’étaient pas des réactionnaires voulant conserver le droit à importuner, mais des collectifs féministes intersectionnels [qui craignaient que ce texte] stigmatise les hommes racisés qui occupent l’espace public. »

Et à la question « Est-ce qu’un certain féminisme n’occulte pas certains débats quand il ne s’agit pas du mâle blanc ? », Marlène Schiappa assume (enfin) : « L’enjeu féministe n’est pas d’élargir les trottoirs ou de mettre des points médiants à la fin des mots [écriture inclusive, NDLR]. […] Il faut hiérarchiser les combats. » Mais pourquoi la nouvelle associée du cabinet Tilder n’a-t-elle pas fait preuve d’une telle lucidité lorsqu’elle était aux manettes gouvernementales ?

Revirement sur le combat féministe

En effet, sur la question du harcèlement de rue, si elle a maintenu et fait adopter son texte visant à pénaliser les agresseurs contre la doxa féministe qui dénonçait une « légitimation de l’exclusion des groupes racisés », Marlène Schiappa reprenait tout de même à son compte certains éléments de langage de ce féminisme intersectionnel. Dans un entretien accordé à Causeur en 2017, elle expliquait ainsi que le harcèlement de rue existait « sous des formes différentes dans tous les quartiers ». Autrement dit, le harcèlement de rue ne serait pas propre à Barbès ou à la Seine-Saint-Denis mais se rencontrerait également dans les quartiers cossus de la capitale. Un discours tenu quelques mois plus tard dans les pages de Libération par les associations féministes que l’ancien ministre dénonce aujourd’hui…

De la même façon, Marlène Schiappa, quand elle était au gouvernement, ne semble pas avoir été scandalisée par le soutien des pouvoirs publics à l’association « Stop au harcèlement de rue », qu’elle pointe maintenant du doigt dans l’émission du Figaro. Ce collectif, qui d’après son site a reçu quelques subventions, a par ailleurs bénéficié de l’appui de certaines communes comme Bordeaux. En 2019, Marlène Schiappa ne s’est ainsi pas offusquée de la campagne menée par cette association et l’agglomération bordelaise mettant en scène seulement des agresseurs de type caucasien. Et ce, alors même que tous (ou presque tous) les témoignages de femmes victimes de harcèlement accusaient des hommes issus de l'immigration.

De façon volontaire ou non, Marlène Schiappa a donc participé pendant près de cinq ans au dévoiement du féminisme qu'elle accuse aujourd'hui. Ne lui déplaise, elle a, elle aussi, sacrifié la cause des femmes sur l'autel du politiquement correct - en publiant un guide encourageant le recours à l'écriture inclusive - et de l'antiracisme.

Clémence de Longraye

https://www.bvoltaire.fr/harcelement-schiappa-ose-enfin-denoncer-les-mensonges-des-feministes/

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