Après avoir rappelé le très faible pourcentage de crimes sexuels sanctionnés, celle qui n'a plus que cette arme pour faire valoir sa cause se lance dans l'interprétation de la chanson militante : « Nous qui sommes sans passé, les femmes. Nous qui n'avons pas d'histoire, depuis la nuit des temps... » Sa voix ne tremble pas. Les députés les plus âgés règlent leur prothèse auditive. Une interférence avec Radio Nostalgie est peut-être à l'origine de cet intermède musical. D'autres sont sur le point de succomber au chant envoûtant de la sirène écolo, mais la main de la présidente du jury de l'Assemblée s'abat sur le buzzer. Le micro est coupé, plus aucun son ne sort de la bouche de l'interprète qui continue, malgré tout, à invoquer ses ancêtres féministes. Elles ne viendront pas la sortir de ce mauvais pas. Sandrine Rousseau va devoir reprendre son balluchon et poursuivre sa lente progression vers l'ouest. Ne jamais dériver, être toujours à l'ouest est sa devise. Elle le fut, cette fois encore, avec brio. À la tribune, la terrible Braun-Pivet a lancé : « On ne chante pas dans l'Hémicycle ! » La censeur a interrompu l'artiste alors qu'il lui restait un temps de parole de trente secondes. Malgré cet arrêt brutal, le massacre de la cause juste qu'elle entend défendre touche à la perfection. Les médias ne retiendront que sa prestation incongrue. Elle a chanté ah ah ah... Pour les victimes d'agressions sexuelles, il ne restait plus qu'à déchanter.
Jany Leroy
https://www.bvoltaire.fr/satire-a-vue-sandrine-rousseau-et-maintenant-elle-chante/