Il est intéressant d’observer les réactions officielles à la tragédie de Crépol. Elles sont de deux ordres : le premier consiste à s’arroger le monopole du commentaire. Etre au pouvoir, viendrait conférer une sorte de droit à commenter sans tabou avec des termes musclés : barbarie, etc. En revanche, les mêmes mots (ou tout aussi forts), venant d’ailleurs, seront qualifiés « de récupération« . C’est une manière d’imposer le silence et de faire taire toute critique par avance en la délégitimant ou en la diabolisant.
Surtout, le discours officiel recouvre un déni de responsabilité. Les termes sont à cet égard bien choisis : « faillite de la société » ou « ensauvagement », ou « barbarie ». C’est une manière de dire que la réalité dramatique s’impose aux dirigeants qui se situent à l’extérieur. Tout se passe comme si les gouvernants n’étaient pas au pouvoir depuis grosso-modo 12 ans (2012) sous des masques divers (socialisme, jupitérisme). Or, ce déni de responsabilité est incohérent. La sécurité face à la violence est la première mission de l’Etat historique (Thomas Hobbes). Elle est sa raison d’être, sa mission fondamentale : protéger les citoyens. Les dirigeants politiques élus sont chargés de diriger cet Etat. Ils sont donc à l’évidence responsables des résultats obtenus. Le crime, la barbarie, l’ensauvagement comme ils disent, ne tombent pas du ciel. Ils signent la faillite, non de la société, mais de l’Etat au sens de l’Etat protecteur – et donc de ceux qui sont censés le diriger. Ils sont toujours le fruit d’un échec des dirigeants au pouvoir. C’est bien cette responsabilité qu’ils refusent d’assumer.
MT
https://maximetandonnet.wordpress.com/2023/11/24/crepol-reflexion-sur-la-notion-de-responsabilite/