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2 décembre 1805, Austerlitz : la victoire est totale !

Le 2 décembre est une date importante pour tout amoureux de Napoléon. En effet, nous commémorons en ce jour l’anniversaire du sacre de l’Empereur en 1804 mais aussi sa victoire d’Austerlitz en 1805 qui permit à l’Empire français de devenir un temps le maître de l’Europe. Mais que s'est-il passé, ce 2 décembre 1805, sur les plaines gelées de l’ancien Empire autrichien ?

Commençons par un peu de mise en contexte. La France, après des années de guerre contre les monarchies européennes, est enfin en paix depuis 1803, notamment avec l’Angleterre, son irréductible ennemi. Mais l’influence grandissante de notre pays en Europe inquiète la perfide Albion, qui craint de voir diminuer son influence et sa puissance économique. Le roi George III décide alors de faire saisir tous les navires français et leur marchandise. Napoléon voit à travers cet acte une déclaration de guerre. Il ordonne alors de préparer un débarquement militaire afin d’envahir l’Angleterre. Pour cela, il fait stationner près de la ville de Boulogne son armée. L’Empereur attend l’arrivée de la flotte française et la défaite de celle de l’Angleterre, menée par le redoutable amiral Nelson, pour sécuriser un passage à travers la Manche. Londres, redoutant ce potentiel débarquement, va alors influencer les cours autrichienne et russe afin de les faire rentrer dans une troisième coalition contre la France.

Napoléon, apprenant la nouvelle, fait face à un choix cornélien : envahir l’Angleterre ou affronter les armées russe et autrichienne. Avec la marine anglaise voguant toujours le long des côtes de Grande-Bretagne, Napoléon a fait son choix. Sa Grande Armée va alors traverser toute l'Europe jusqu'en Allemagne en seulement quelques semaines, et ce, dans le plus grand secret. Avec la défaite de notre flotte, le 21 octobre 1805 à Trafalgar, face aux Anglais, Napoléon comprend que la traversée de la Manche sera impossible. Maigre consolation, le redoutable Nelson meurt pendant la bataille. Sûr de son choix, Napoléon avance jusqu’au cœur de l'empire des Habsbourg, entrant dans Vienne le 13 novembre. Il va même jusqu'à s'installer quelques jours dans le château de Schönbrunn avant de remonter à cheval pour aller livrer bataille.

Au matin du 2 décembre 1805, les armées des trois empereurs se donnent rendez-vous sur le plateau de Pratzen, près du petit village d’Austerlitz, en Moravie, possession autrichienne (aujourd'hui en République tchèque). Ce site n’est pas anodin et fut choisi avec soin par Napoléon afin de piéger ses ennemis. Le plateau, s'étendant sur 10 km², est bordé par des rivières et des marais, créant un couloir d’étranglement. Il est aussi recouvert par un épais brouillard qui sera de bon augure pour les armées françaises. Paolo Cau, spécialiste de l'Histoire militaire, dans son livre, Les 100 plus grandes batailles de l’Histoire, précise que les troupes de Napoléon comptent 74.000 hommes et 139 canons commandés par l'Empereur en personne. Napoléon est néanmoins secondé par ses maréchaux et généraux, dont les plus fameux sont Bernadotte, Davout, Soult, Lannes et Murat. Face à eux, l'armée austro-russe compte environ 86.000 hommes, dont 15.000 cavaliers et 300 canons sous les ordres du général Koutousov et en présence du tsar Alexandre Ier et de l'empereur d'Autriche François II.

Après une nuit passée dans le froid, l’aube se lève sur les armées européennes. Les hostilités sont déclenchées vers 7 heures du matin. La bataille des trois empereurs commence.

Contre toute attente, Napoléon Ier a offert les hauteurs du plateau de Pratzen aux Austro-Russes, tandis que les armées françaises sont positionnées en contrebas. Cette décision considérée par les coalisés comme une erreur stratégique est, en vérité, un piège tendu par l’Empereur afin de rendre trop confiant son adversaire. En effet, Napoléon ordonne à une partie de son armée de simuler un assaut sur les hauteurs, puis de battre en retraite afin d’attirer les Austro-Russes qui les poursuivent alors qu'ils battent en retraite. Pendant ce temps, les ailes de notre armée, camouflées par le brouillard matinal et conduites par Soult, Lannes et Murat, prennent les hauteurs. Une fois sur place, ils détruisent l’artillerie ennemie et encerclent le gros des armées coalisées qui n’ont d’autre choix que de se rendre ou de mourir. Koutousov, comprenant sa défaite, fuit avec le reste de ses troupes. Une reddition a lieu le jour même à 17 heures, après dix heures de combat. La France ne compte que 5.000 blessés et environ 2.000 tués, tandis que l'armée austro-russe déplore 16.000 tués ou blessés, 11.000 prisonniers et 180 canons capturés. La victoire est totale pour Napoléon.

On connaît la suite. Le fameux discours de l'Empereur à ses troupes : « Soldats, je suis content de vous. Vous avez, à la journée d'Austerlitz, […] décoré vos aigles d'une immortelle gloire. […] Mon peuple vous reverra avec joie, et il vous suffira de dire "J'étais à la bataille d'Austerlitz" pour que l'on réponde "Voilà un brave". » De retour en France, Napoléon va célébrer sa victoire auprès de son peuple et faire ériger des monuments pour marquer son triomphe, comme la colonne de la place Vendôme, construite avec le bronze des canons pris à l'ennemi durant la bataille d’Austerlitz.

Les anciennes monarchies européennes vaincues, Napoléon va redessiner la carte de l’Europe. Le 26 décembre, l’Autriche est obligée de signer la paix à Presbourg et la Dalmatie, l'Istrie et Venise sont cédées au royaume d'Italie dont le roi, depuis le 25 mai 1805, n'est autre que Napoléon, Neuchâtel est intégrée à l'Empire. Sur les ruines du Saint Empire romain germanique, fondé en 962 et dont il ordonne la dissolution, Napoléon crée une union allemande sous protectorat français qui prendra le nom, en 1806, de Confédération du Rhin, comptant 23 États et petits royaumes germaniques. Cette confédération n’est autre que la préfiguration d’une future Allemagne. L'empereur des Français va même jusqu'à tisser sa toile dynastique à travers l'Europe. Ainsi, il place sa famille à la tête d'États afin d'« irriguer l'Europe de son propre sang ». Joachim Murat, marié à sa sœur Caroline, devient grand-duc de Berg, son frère Louis Bonaparte, marié à Hortense de Beauharnais, roi de Hollande, tandis que Jérôme Bonaparte reçoit la couronne de Westphalie. Aujourd'hui, de tout cela, il ne reste plus rien. Si, un nom, qui brille comme un drapeau au soleil froid de l'hiver : Austerlitz ! Austerlitz, symbole du génie militaire français incarné par Napoléon Bonaparte.

Eric de Mascureau

https://www.bvoltaire.fr/2-decembre-1805-austerlitz-la-victoire-est-totale/

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