D’emblée les lecteurs sont prévenus : « Ce livre est un essai historique mais aussi politique ». En 2017 tous les politiciens n’ont qu’un mot à la bouche : la République. De laquelle s’agit-il ? De la République jacobine née en 1792 dans les guerres extérieure et civile et qui connu son paroxysme dans la Terreur ? Ce sont ses principaux acteurs connus et souvent oubliés que Brégeon et Guicheteau nous présentent dans un essai percutant et érudit.
Parmi les « superprédateurs » Maximilien Robespierre occupe la première place, une figure « qui reste énigmatique et secrète » dont certains historiens comme Jean-Clément Martin cherchent à réduire le rôle terroriste alors que d’autres ne le présentent que « comme un héritier et un exécuteur des Lumières ». Adversaire de la peine de mort Robespierre sera pourtant le principal promoteur d’une impitoyable terreur qu’il associe à … la vertu : « la terreur n’est autre chose que la justice prompte, sévère, inflexible ; elle est donc une émanation de la vertu ».
L’impotent et paranoïaque Couthon, sans doute le moins connu est le troisième acteur du triumvirat montagnard avec Saint-Just. Les auteurs nous dressent un portrait incisif de celui qui à propos de ses adversaires dantoniens déclarait : « Grâce à la Providence (…) aucun de ces monstres ne prospère (…) ils ne trouvent que l’échafaud ».
Barère, un sybarite qui ne méritait pas le surnom d’incorruptible donné à Robespierre, fut à la fois le « maître Jacques » de la terreur et en électrisant la Convention : le « porte voix de l’éradication » était « tout simplement un salaud ».
Les conventionnels Fouché, Collot d’Herbois, Barras et Fréron qui ravagèrent « un petit quart de la France » se voient qualifier de « quatre cavaliers de l’apocalypse », mais ils étaient cinq avec Etienne Maignet, moins connu qui épura Bouches du Rhône et Vaucluse et fit guillotiner soixante suspects d’avoir arraché un arbre de la liberté dans le bourg de Bédoin (Vaucluse).
Le livre de Brégeon et Guicheteau nous dresse aussi les portraits d’autres exécutants chargés de « faire le ménage » dans les provinces, représentants en mission qualifiés « d’apôtres missionnaires » comme Carrier à Nantes. Jean Joël Brégeon avait consacré à « L’ange exterminateur » un ouvrage qui fait autorité : https://www.breizh-info.com/2016/06/16/44929/carrier-terreur-nantaise-de-j-j-bregeon-interview. D’autres sont moins connus comme les militaires et c’est un des mérites des « Tyrannosaures » de les faire découvrir.
Ceux-ci furent-ils coupables de génocide, comme en Vendée où le général Turreau ordonnait en janvier 1794 : « la Vendée ne doit être qu’un grand cimetière national ». Le mot n’existait pas encore, Gracchus Baboeuf employait celui de populicide, « la seule objection à retenir est qu’il y a un anachronisme du mot (au sens strict) évident » écrit Gérard Guicheteau dans sa conclusion. Jean Joël Brégeon insiste dans la sienne sur le caractère religieux des acteurs de la Révolution, vénérant l’Être suprême, ils voulaient régénérer les Français en créant une « race renouvelée » selon l’expression de Robespierre, par l’éducation mais aussi la guillotine. Ils eurent des émules Staline et Hitler.
Conscients que leurs lecteurs d’aujourd’hui n’ont pas eu le même enseignement de l’histoire que leurs ainés, Brégeon et Guicheteau ont privilégié l’approche pédagogique de la Révolution française avec une chronologie, un lexique, une courte bibliographie, il y ont réussi.
Les tyrannosaures de la République (Éditions du Rocher 18 €) est le parfait cadeau à offrir pour Noël ou les étrennes aux jeunes lecteurs, aux étudiants ou à leurs parents !
François Cravic
Les mêmes auteurs ont publié en septembre dernier une Nouvelle histoire des guerres de Vendée ( Perrin ) qui connait un vif succès : https://www.breizh-info.com/2017/05/28/70557/jean-joel-bregeon-guerre-vendee
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