Alors qu’Hillary Clinton tente d’obtenir le sceau d’approbation d’Henry Kissinger, des documents révèlent comment il a minimisé et appauvri l’agenda des droits de l’Homme de Carter en Argentine.
L’Argentine, 30 ans plus tard, est toujours traumatisée et divisée sur les évènements de la “sale guerre” lorsqu’une junte militaire des plus brutales géra le pays d’une main de fer et lorsque des dizaines de milliers de dissidents politiques “disparurent”, laissant leurs mères lutter pour une justice et au moins quelques réponses quant à la destinée funeste de leur descendance manquant à l’appel.
Note de Résistance 71: Prenons l’opportunité une fois de plus ici de rappeler que l’actuel pape François 1er, Jorge Bergoglio, fut le grand patron des jésuites en Argentine lors de la “sale guerre”, qu’il entretenait des relations privilégiées avec le chef de la junte militaire, le général Jorge Videla et qu’il fut directement impliqué dans le trafic des enfants des dissidents “disparus”…
Ceci prit fin avec la mésaventure de la guerre des Falklands (Malouines) en 1982, lorsque les Argentins envahirent les îles (toujours annexées par la GB) et les peupla avec des garnisons de jeunes conscrits, les meilleures troupes étant gardées en Argentine pour surveiller la frontière avec le Chili (Note de R71: qu’aurait-il pu arrivé avec le voisin chilien Pinochet, grand pote de Videla et tous deux grands contributeurs de l’opération Condor de la CIA ? voir ci-dessous…). Nous savons tous ce qui se passa ensuite, les Britanniques sous Thatcher prirent avantage de la situation pour reconquérir un sens de fierté nationale largement perdu et envoyèrent une force rapide pour libérer les quelques 3000 bergers qui se retrouvaient sous la houlette argentine. Les commandos marines et les paras britanniques ne firent qu’une bouchée des petits conscrits argentins affamés et transis de froid et la junte militaire argentine tomba tandis que Thatcher se vautrait dans une popularité reconquise qui lui permît alors de rester au pouvoir pour le reste de la décennie.
Bien sûr, rien de tout ceci ne prit place en isolation complète du long bras de l’interférence américain, qui était en action derrière le rideau, quelque chose que les Argentins savent depuis des décennies mais qui n’est admis officiellement que depuis récemment. Ce cadeau de 1000 pages de documents déclassifiés apparaît au premier abord, être un geste noble de coopération et d’amitié par les gringos yankees, mais quand on considère tout ce qui a été retiré, épuré des documents, tout ce qui a été aseptisé, alors ce “cadeau” revêt une toute autre signification et peut être vu en des termes bien plus cyniques ; les Yankees admettant être coupables tout en couvrant quasiment dans la même inspiration, l’extension de leur culpabilité.
On ne peut qu’espérer que les mères des disparus trouvent leurs réponses tôt ou tard, elles ont lutté si durement et si longtemps pour la justice.
Telesur (Venezuela)
Des documents déclassifiés détaillent le rôle des Etats-Unis dans les horreurs de la sale guerre en Argentine
Dans une étape tant attendue pour la découverte de la vérité historique au sujet de la sale guerre soutenue par les Etats-Unis en Argentine dans les années 1970-80, les USA ont délivré plus de 1000 pages de documents déclassifiés sur le pays sud-américain. Mais les critiquent argumentent qu’il y a d’énormes trous dans les dossiers, incluant l’exclusion de documents de la CIA, ce qui maintient dans l’ombre des détails importants sur les violations des droits de l’Homme et sur le rôle des Etats-Unis dans de tels abus.
Le gouvernement argentin a délivré les nouveaux documents déclassifiés aux journalistes et aux organisations des droits de l’Homme lundi après que le ministre des AE John Kerry ait eu présenté les dossiers au président Mauricio Macri pendant sa visite d’état la semaine dernière.
Les 1078 pages en provenance de 14 agences gouvernementales américaines sont les premières d’une série de mise à jour publique durant les prochains 18 mois, de documents déclassifiés en relation avec l’Argentine et sa dernière dictature militaire en date ; ceci inclut les dossiers du ministère sur l’Argentine, les dossiers du personnel de la Maison blanche, la correspondance câblée et autres archives, d’après une déclaration du bureau du directeur national US du renseignement.
Les dossiers incluent des descriptions atroces de tortures, de viols, d’assassinats et de disparitions forcées, menés par le régime militaire sous les ordre du général Jorge Rafael Videla, installé au pouvoir après le coup d’état de 1976 contre la présidente de gauche Isabel Peron.
Les documents détaillent également les applaudissements de Kissinger pour la dictature argentine et sa stratégie de contre-insurrection, ceci incluant sa visite au général Videla durant la coupe du monde de football en Argentine en 1978. Le membre de la sécurité nationale US Robert Pastor écrivit en 1978 que “les félicitations de Kissinger au gouvernement argentin dans sa campagne contre le “terrorisme” était la musique que le gouvernement argentin rêvait d’entendre depuis un bon moment.”
La soi-disant politique anti-terroriste argentine était en réalité une répression brutale des dissidents politiques, des défenseurs des droits de l’Homme, des universitaires, des leaders de l’église (NdT: de certains il est vrai plus politiquement engagés, mais pas de la majorité… Bergoglio collabora avec la junte à de multiples niveaux y compris la répression du clergé social et progressiste…), des étudiants et des autres opposants multiples au régime d’extrême droite. Ceci faisait aussi partie de l’opération américaine régionale dite “Opération Condor”, opération de terreur d’état qui mena une campagne d’assassinats et de disparitions des oppositions aux régimes dictatoriaux mis en place à travers l’Amérique du Sud. En Argentine, plus de 30 000 personnes “disparurent” lors de la “sale guerre”.
Les documents détaillent également comment le président d’alors Jimmy Carter souleva le problème des droits de l’Homme en Argentine, incluant une lettre adressée au général Videla lui demandant gentiment de faire des progrès sur les droits de l’Homme en Argentine. A cette époque, Kissinger démontre un “désir de dénoncer la politique des droits de l’Homme du gouvernement Carter en Amérique Latine”, d’après un memo de Pastor à la sécurité nationale.
La confirmation plus avant de l’atroce héritage de Kissinger en Amérique du Sud arrive alors que la candidate à la présidentielle démocrate Hillary Clinton brosse la manche de Kissinger pour qu’il l’adoube, ce même Kissinger largement accusé d’être un criminel de guerre par de multiples groupes droit de l’hommistes.
Mais, malgré les détails révélateurs, ces documents n’ont pas les archives clef, fait remarquer la publication d’El Destape. Le package de documents n’incluent aucun dossier de la CIA ni de la DIA (Defense Intelligence Agency), se spécialisant en renseignement militaire.
De plus, bien que les documents soient supposés couvrir la période de 1977 à 1982, les documents les plus récents sont datés de 1981, ce qui veut dire que les câbles en relation avec la guerre des Malouines en 1982 entre l’Argentine et la GB et le rôle des USA dans ce conflit, ne sont pas inclus.
Le gouvernement Macri s’est félicité de cette remise de documents et l’a annoncée comme étant le résultat d’une “nouvelle politique étrangère” qui a mené le pays vers de nouveaux liens avec les Etats-Unis après que les anciens présidents Nestor Kirchner et Cristina Fernandez se firent les champions de politiques anti-impérialistes pendant 12 ans. Mais ce gouvernement qui s’auto-congratule ignore le fait que les organisations des droits de l’Homme argentines avaient demandé depuis des années que soient déclassifiées les archives dans leur combat pour la vérité historique, démarche qui porta ses fruits en 2002 avec la déclassification alors de 4500 documents.
De plus, Macri a été critiqué pour empêcher les investigations sur les crimes de l’ère de la dictature après que sa campagne de vaste austérité ait éliminé les départements en charge de la collecte des preuves historiques concernant l’implication de certaines institutions publiques. Le président argentin a aussi été critiqué pour ses liens indirects avec le régime militaire, qui a prouvé avoir été d’une grande aide pour les affaires de sa famille à l’époque, la Macri Society, connus sous le nom de Socma.
Le président Obama a décrit ceci comme la réponse des Etats-Unis à “sa responsabilité de confronter le passé avec honnêteté et transparence.” Obama a annoncé des plans de rendre public des documents en rapport à la sale guerre argentine lors de sa visite à Macri en Argentine en mars, ce qui coïncidait avec le 40ème anniversaire du coup d’état militaire de 1976.
La visite d’Obama fut largement critiquée par les activistes des droits de l’Homme, surtout pour son insensibilité quant à la date. Bien qu’il annonça les plans des Etats-Unis de “faire leur part” en respect de découvrir la vérité historique au sujet de la période dictatoriale, il ne s’est pas excusé pour l’implication des Etats-Unis dans les abus des droits de l’Homme et les disparitions forcées menées à l’échelle d’un continent.
Ian Greenhalgh
Traduit de l’anglais par Résistance 71
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La main sanglante de l’Opération Condor de la CIA en Amérique Latine dans les années 1970-1980
Résistance 71
Dans ces années de plomb sud-américaines, il est aujourd’hui estimé qu’environ 50 000 personnes “disparurent” en Amérique du Sud. L’Opération Condor fut une opération secrète de la CIA qui avait pour objectif d’aider les juntes militaires mises au pouvoir par Washington pour éliminer toute opposition politique. Ceci se matérialisa sur le terrain par des enlèvements, séquestrations secrètes arbitraires, tortures, exécutions sommaires, opérations d’escadrons de la mort, dont les cadres furent formés à la tristement célèbre École des Amériques où les tortionnaires français d’Algérie enseignèrent (Aussaresse and co) dans les années 60, la France ayant reçu le titre de “championne de la contre-insurrection”, ses méthodes mises en pratique lors de la bataille d’Alger en 1957 qui vit la pratique systématique de la torture et celle des “disparitions” au cours des tristement célèbres “corvées de bois”.
Le décompte des estimations (les personnes étant toujours officiellement “disparues”, ne peuvent être comptées pour mortes…) est approximativement comme suit: (Sources ONG et indépendantes)
Les chiffres avancés se situent dans une fourchette:
Brésil: 434-1000 disparus
Bolivie: 116-546
Paraguay: 200-400
Uruguay: 123-215
Chili: 3000-10 000
Argentine: 15 000-30 000
De plus, la Colombie, le Pérou et le Venezuela soutinrent à l’époque l’opération Condor, pas de chiffres avancés pour ces pays.
août 2016