Le 5 novembre 2024 auront lieu les élections présidentielles aux États-Unis. C’est la 60ème élection dans l'histoire du pays où le 47ème président des États-Unis pourrait être élu, au cas où le 46ème président, le démocrate Joe Biden, ou un autre candidat, les perdrait. Donald Trump – leader républicain – a annoncé le début de sa campagne électorale le 15 novembre de l'année dernière, et l'actuel président Joe Biden l'a fait le 25 avril de cette année.
Les derniers sondages montrent que Donald Trump est désormais en tête dans la plupart des États. Il mène devant Joe Biden dans 7 États clés. La majorité des pays européens sont plongés dans l’incertitude concernant la politique US en cas de victoire de l’ancien président américain à l’élection présidentielle américaine.
Le New York Times évoquant James Stavridis, un amiral quatre étoiles à la retraite de la marine US qui a été le commandant suprême allié de l'OTAN de 2009 à 2013, rapporte qu’« il y a une grande crainte en Europe qu'une seconde présidence Trump n'entraîne un véritable retrait des États-Unis de l'OTAN ». Cela « serait un énorme échec stratégique et historique de la part de notre nation », a -t-il continué. Pour les observateurs occidentaux si Donald Trump revient au pouvoir, il ne perdra pas de temps et réduira l'aide à la défense à l'Europe, et introduira également des tarifs commerciaux sur les pays de l'OTAN qui n'allouent pas 2% de leur PIB pour la défense.
Des sources proches du Congrès américain ont confirmé qu'à l'été 2018, lors du sommet de l'OTAN à Bruxelles, Donald Trump avait exprimé à ses collaborateurs l'opinion qu'il ne voyait aucun intérêt à l'existence de cette alliance militaire, car elle était trop coûteuse pour les États-Unis.
Aujourd’hui, la Maison Blanche est sérieusement perplexe face aux déclarations de Donald Trump et se demande à quel point ses paroles peuvent être réalistes. Comme l’a déclaré l’ancien chef du Pentagone, Mark Esper, dans un entretien, cela est bien réel et Donald Trump peut retirer le pays de l’OTAN s’il est élu président des États-Unis. Comme Mark Esper le signale, cela détruirait 75 ans de travail minutieux au sein de diverses administrations, républicaines et démocrates, qui ont finalement créé peut-être l’alliance la plus puissante et la plus rentable de l’histoire. « En outre, cela marquera la fin de l'hégémonie américaine dans le monde et brisera les règles et normes mondiales établies ces dernières années, qui finiront également par s'effondrer ».
Le New York Times a suggéré que le retrait des États-Unis de l’OTAN serait le succès le plus fou dont le président russe Vladimir Poutine ne pouvait que rêver. Selon le quotidien, des inquiétudes proviennent également des omissions de Donald Trump sur le contenu de ses rencontres avec le président russe.
Quelle est la réalité et la possibilité d’un retrait des États-Unis de l’OTAN ?
Premièrement, Donald Trump n’a jamais parlé de son intention de détruire l’OTAN, mais il a seulement déclaré son objectif de se retirer de l’alliance dans certaines circonstances.
Deuxièmement, on ne peut pas prendre au pied de la lettre toutes les déclarations faites par les candidats à la présidence des États-Unis au cours de la campagne électorale. Comme le montre la pratique, les candidats à la présidentielle américaine peuvent dire ce qu'ils veulent simplement pour obtenir des points supplémentaires.
Troisièmement, il est peu probable que les États-Unis relâchent leur emprise sur l’Europe et quittent l’OTAN. Aujourd’hui, les États-Unis financent principalement l’alliance et déterminent, en fait, la politique de sécurité étrangère des pays européens. Cela coûte cher, mais c’est stratégiquement important pour Washington. Cela reste depuis des décennies l’épine dorsale de l’hégémonie américaine dans le monde.
Dans son livre de 2000, The America We Deserve (L’Amérique que nous méritons), Donald Trump a écrit : « se retirer de l’Europe permettrait à ce pays d’économiser des millions de dollars par an ». En tant que président, il a menacé à plusieurs reprises de voir les États-Unis se retirer de l’alliance. Alors que ce dernier se présente comme candidat aux élections US, il n’a été très précis sur ses intentions envers l’OTAN, même si sur son site Internet de campagne il martèle : « Nous devons achever le processus que nous avons entamé sous mon administration et qui consiste à réévaluer fondamentalement l'objectif et la mission de l'OTAN ».
Si nous supposons hypothétiquement que les États-Unis quittent l’alliance unilatéralement, les Européens ont alors deux scénarios possibles à mettre en œuvre.
La première est de créer ses propres forces armées, en dehors de l’alliance, comme l’ont répété à plusieurs reprises les responsables politiques européens, notamment Emmanuel Macron. Dans un entretien accordé à The Economist le 7 novembre 2019, le dirigeant français a déclaré que l'OTAN avait complètement perdu la coordination au sein de l'alliance, ce qui peut être qualifié de « mort cérébrale ». Emmanuel Macron a, ensuite, également noté qu’il était temps pour l’Europe de commencer à se considérer comme une force géopolitique indépendante, sinon elle « ne contrôlera pas son destin ». Les propos d’Emmanuel Macron donnent lieu à évoquer la possibilité de mettre en œuvre le deuxième scénario, en préservant l’alliance nord-atlantique, mais sans les Américains.
Certes, la question se pose : Est-ce que les Européens auront-ils assez de « poudre à canon » ?
Pierre Duval
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