Le carré planté de pommes de terre dans le jardin du roi à Versailles gardé uniquement le jour pour que les plants soient volés la nuit est un mythe tardif fabriqué par les hussards de la Troisième république.
Source : Le journal des connaissances utiles - 1834
Le mérite d’Antoine Augustin Parmentier dans la diffusion de la pomme de terre n’a pas besoin de cela. Ses actions philanthropiques ne furent pas reconnues de son vivant.
Malgré le décret du ministre Nicolas François de Neufchâteau (1750 – 1828) publié en 1798, la France a refusé au nom de Parmentier une place dans son dictionnaire en préférant le nom de pomme de terre, inexacte et ridicule, à celui de parmentière.
Né en 1737, Antoine Augustin Parmentier, de famille modeste et ayant perdu son père en bas âge, fut mis en apprentissage chez un pharmacien de sa ville natale, Montdidier, à dix-huit ans. Attaché aux hôpitaux militaires, il suivit les armées françaises alliées aux Autrichiens dans le Hanovre pendant la guerre de Sept ans (1756 – 1763). Prisonnier à cinq reprises, il en profita pour étudier la chimie alors particulièrement développée en Allemagne.
De retour en France, il obtint un poste important dans l’administration de l’Hôtel des Invalides. Il en profita pour suivre en auditeur libre les cours de la famille de botanistes Jussieu.
Depuis plusieurs années, l’Académie de Besançon lançait un concours primé sur le sujet suivant : fournir des indications sur les substances alimentaires qui pourraient atténuer les calamités des disettes. Antoine Auguste Parmentier concouru en 1771 en proposant un mémoire expliquant qu’il était facile d’extraire de l’amidon d’un grand nombre de plantes pour l’alimentation humaine. Il fut primé et poursuivit ses investigations vers la pomme de terre.
Contrairement à ce que l’on croit hui, la pomme de terre n’était pas nouvelle en France. Transplantée du Pérou en Europe dès le XVe siècle, cultivée en grand en Italie dès le XVIe siècle, introduit en France par les Anglais pendant les longues guerres des Flandres sous Louis XIV, Elle fut cultivée dans la France méridionale. Anne Robert Jacques Turgot (1727 – 1781) étendit sa culture à l’Anjou et le limousin, étant intendant du Limousin (1761 – 1774).
Toutefois, des freins à la généralisation de la culture existaient. Au XVe siècle, on croyait que la pomme de terre pouvait engendrer la peste. Cette croyance avait depuis disparu ; mais on croyait toujours qu’elle pouvait devenir la cause de nombreuses fièvres et que sa culture avait pour résultat d’appauvrir les terres.
La faculté de médecine répondit à ces absurdes préjugés. La pomme de terre ne fut pas pour autant réhabilitée hygiéniquement.
Antoine Augustin Parmentier fit paraître son « Examen chimique de la pomme de terre » en 1773. Il voulut faire d’avantage. Il obtint de Louis XVI un vaste terrain de 54 arpents (environ 1600 ares) dans la plaine des Sablons ; terre jusque là condamnée à une stérilité absolue. Il ensemença ce sol aride sous la risée des badauds ; mais les fleurs commencèrent à paraître sous le regard des incrédules. Il en fit un bouquet qu’il offrit en hommage à Louis XVI. Celui-ci l’accepta avec empressement et en para sa boutonnière. L’éclatant suffrage du monarque pour la pomme de terre conquit les courtisans ; et les habitants des provinces imitant les gens de cour demandèrent des semences à Antoine Augustin Parmentier. Les préjugés étaient vaincus ; la pomme de terre se diffusa.
Sous les yeux de Benjamin Franklin, il avait essayé aux Invalides une recette pour réaliser un pain à base de pulpe et d’amidon de pomme de terre, à part égale, sans aucune farine. Auprès des pâtissiers parisiens, il diffusa la recette du gâteau de Savoie à base, encore, d’amidon de cette tubercule. Il organisa même un repas composé de vingt plats à base de celle-ci !
Son œuvre philanthropique ne s’arrêta pas là : il fit des investigations sur le maïs et la châtaigne ; perfectionna la boulangerie après un voyage d’étude en 1774, rédigea son « Parfait boulanger », fit ouvrir une école pratique de boulangerie. Il fit paraître divers ouvrages sur la conservation du vin et de la farine, sur l’utilisation des produits laitiers.
Membre de l’Académie des sciences à partir de 1795, il contribua à favoriser la vaccination antivariolique découverte depuis 1796 par le médecin anglais Edward Jenner (1749 – 1823). Il termina sa carrière comme premier pharmacien des armées et inspecteur général du service de santé, poste qu’il occupa de 1805 à 1813.
Le « Bourru bienfaisant », comme le nommaient ses proches, mourut le 17 décembre 1813 à Paris.