L’Amérique et l’Otan ont voulu la guerre, elles vont la perdre et ce sera une défaite bien plus grave que toutes les déculottées que l’Amérique a subies depuis 1945. Le monde multipolaire qui se prépare ne sera pas à l’avantage de l’Occident et ces idiots d’Européens, totalement soumis à un suzerain qui les occupe, les appauvrit, les vassalise et les méprise, auront sciemment et volontairement choisi le camp des perdants.
Lorsque l'on écoute les vœux de l’illuminé de l’Élysée, qui prétend que "la France avait 10 ans de retard en 2017 mais aura 10 ans d’avance en 2027"i, alors que la France est en train de disparaître à vitesse accélérée sur tous les plans où elle excellait (économiquement, industriellement, politiquement, diplomatiquement, culturellement, technologiquement, scientifiquement, médicalement, civilisationnellement), on ne peut que souhaiter la désintégration de ce monde unipolaire, fracassé et décadent, pourri et violent, dégénéré et sans avenir, dominé par Washington et les mondialistes intégristes.
i Emmanuel Macron, allocution pour le Nouvel An, dimanche 31 décembre. 2023.
Les lignes qui suivent n'ont strictement rien à voir avec la logorrhée et le robinet d'eau tiède que nous débitent les media français, stratèges ad hoc et autres professionnels de plateauxi à propos de l'Opération Militaire Spéciale que conduit la Russie depuis désormais plus de deux ans en évoquant l'inéluctable victoire de l'Ukraine, en « prédisant l'effondrement du corps expéditionnaire russe »ii en même tant que M.Bruno Le Maire, "ministre de l'Economie", déclarait le 1er mars 2022 qu'il allait "provoquer l'effondrement de l'économie russe", tout en pariant encore - malgré la réalité d'une défaite technique, militaire, économique, financière et principalement humaine - sur une résilience encore possible d'un pays ravagé, ruiné, exsangue et en quasi debellatioiii
La pensée magique, l'ignorance, l'arrogance, l'inculture, la suffisance et le déni du Réel masquant contre toute évidence la défaite des Etats-Unis, de l'Union européenne, de l'OTAN et d'une « doctrine militaire » inopérante face, précisément, au nouvel Art opératif russe appuyé sur une réelle économie de guerre et des percées technologiques difficilement contestables, dévoilent désormais les perspectives d'un terrifiant désastreiv résultant d'une guerre américano-européenne que le crétinisme des dirigeants européens aura inconsidérément et criminellement accepté de nourrir, précipitant ainsi l'Europe dans un trou noir géopolitique et géoéconomique qui pourrait bien lui être fatal.
Elément particulièrement pondéré et fort éloigné du cirque médiatique, Jacques Baud est quant à lui d'une toute autre dimension et offre une toute autre approche, exempte d'émotions, d'analyses inexactes et d'approximations conformes à la doxa géopolitique précitée. Analyste stratégique suisse, spécialiste du renseignement et du terrorisme, colonel d'état-major général dans l'armée suisse, fonctionnaire au Département fédéral des Affaires étrangères, ancien officier des Services de renseignements suisses (SRS), le colonel Baud s'est particulièrement intéressé aux forces du Pacte de Varsovie durant la Guerre froide et a amplement prouvé ses capacités d'analyse objective de la situation comme du conflit en Ukraine.v
Comme l'explique J. Baud, « Vous ne pouvez pas gagner une guerre en vous convainquant que vous avez gagné.Tirer les leçons d’un conflit doit non seulement permettre de revisiter nos doctrines d’engagement et l’orientation de nos politiques d’armement, mais aussi – et c’est essentiel – d’éviter l’émergence de nouveaux conflits. Penser qu’un conflit est le produit d’une seule cause (« Poutine est fou ! ») est puéril. Les conflits sont toujours le résultat d’un ensemble de causes dont l’importance relative varie dans le temps.
L’identification de ces causes et de leurs interactions est la tâche des services de renseignement et de ceux qui sont censés éclairer nos décideurs. Or, en France plus qu'ailleurs, la réflexion sur le conflit, qu'elle vienne des « pro-russes » ou des « pro-ukrainiens », ne s'appuie pas sur des faits, mais sur des convictions. Le problème ne se limite pas aux conflits militaires, mais à toutes les crises. On se souvient de la déclaration d'Olivier Véran, ministre de la Santé, le 18 février 2020, dont les intonations rappelaient étrangement le général Gamelin en 1939. "Je n’ai pas besoin de vérifier que la France est prête. La France est prête ! Et c’est prêt parce que nous disposons d’un système de santé extrêmement solide."
(On a amplement vu depuis ce qu'il en était et nous ne sommes qu'aux prémisses du constat de l'ampleur du désastre sanitaire et médical auquel une sombre équipe de brêles et d'incapables aura prêté main forte. On imagine aisément ce que seraient ces gouvernants de rencontre face à une véritable guerre, un conflit ouvert avec des attaques et des destructions sur le territoire, à l'image des destructions matérielles et du carnage humain que connaît l'Ukraine).
En France, ajoute J. Baudi, des « experts » militaires comme les généraux Dominique Trinquand, Michel Yakovleff, et des colonels comme Pierre Servent ou Michel Goya s'inscrivent dans cette tradition. Ils fondent leur jugement sur leur perception (voire sur leurs préjugés) et non sur des faits. Cela plaît à nos médias, mais cela conduit à la défaite.
Ce phénomène est illustré par le rapport d’information du Sénat français, publié en février 2023ii. Il se construit sur des préjugés, des accusations infondées et des rumeurs, tandis que des éléments essentiels à la compréhension du conflit ont été écartés. Chaque événement est décrit comme s’il était tombé du ciel, sans raison. Il en résulte une lecture fataliste des problèmes, nécessairement émotionnelle, qui ne se comprend qu’à travers des « punchlines » et qui rend impossible des solutions en profondeur.
On peut déjà prédire qu'elle satisfera ceux qui parlent à la télévision, mais perpétuera les erreurs commises au cours des trente dernières années et qui ont systématiquement conduit à des catastrophes. Le problème est que ce rapport a l'ambition d'orienter la réflexion sur l'avenir des armées françaises. »
Sans dire pour autant que l'on puisse clairement distinguer les détails du conflit européen au milieu des écharpes du « brouillard de la guerre », les premiers jours de l'année 2024 permettent malgré tout de faire très précisément le point sur la situation actuelle. La publication de l'ouvage du colonel J. Baud étant imminente et sa traduction en langue anglaise étant pour partie déjà disponible, le Lecteur en trouvera ci-après un long passage dont il tirera à n'en pas douter solide et sérieuse matière à réflexion pour les semaines et mois à venir.
Voici donc les premières bonnes feuilles selon le sommaire joint :
Cliquer pour accéder à Table-of-Contents.pdf
Sources :
https://www.thepostil.com/author/jacques-baud/
Pensée militaire russe
Tout au long de la guerre froide, l’Union soviétique se considérait comme le fer de lance d’une lutte historique qui mènerait à une confrontation entre le système « capitaliste » et les « forces progressistes ». Cette perception d’une guerre permanente et inéluctable a conduit les Soviétiques à étudier la guerre d’une manière quasi scientifique et à structurer cette pensée dans une architecture de pensée militaire sans égal dans le monde occidental.
Le problème de la grande majorité de nos soi-disant experts militaires est leur incapacité à comprendre l’approche russe de la guerre. C’est le résultat d’une approche que nous avons déjà vue lors de vagues d’attentats terroristes : l’adversaire est si bêtement diabolisé que nous nous abstenons de comprendre sa façon de penser. En conséquence, nous sommes incapables d’élaborer des stratégies, d’articuler nos forces ou même de les équiper pour les réalités de la guerre. Le corollaire de cette approche est que nos frustrations sont traduites par des médias sans scrupules en un récit qui alimente la haine et accroît notre vulnérabilité. Nous sommes donc incapables de trouver des solutions rationnelles et efficaces au problème.
La façon dont les Russes appréhendent le conflit est holistique. En d’autres termes, ils voient les processus qui se développent et conduisent à la situation à un moment donné. Cela explique pourquoi les discours de Vladimir Poutine incluent invariablement un retour à l'histoire. En Occident, nous avons tendance à nous concentrer sur le moment X et à essayer de voir comment il pourrait évoluer. Nous voulons une réponse immédiate à la situation que nous voyons aujourd’hui. L’idée selon laquelle « c’est de la compréhension de l’origine de la crise que vient le chemin pour la résoudre » est totalement étrangère à l’Occident. En septembre 2023, un journaliste anglophone m'a même sorti le « test du canard » : « si ça ressemble à un canard, nage comme un canard et cancane comme un canard, c'est probablement un canard. » En d’autres termes, tout ce dont l’Occident a besoin pour évaluer une situation, c’est d’une image qui correspond à ses préjugés. La réalité est bien plus subtile que le modèle du canard….