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Cardinal Lavigerie : Lanceur d'alerte contre l'esclavage en Afrique en 1888

Lanceur d'alerte contre l'esclavage en Afrique : Cardinal Lavigerie

Si on veut faire un bilan de la colonisation, faisons le jusqu’au bout. Certes, elle n’a pas eu que des effets bénéfiques, mais reconnaissons qu’elle a mis fin à l’esclavagisme oriental sur tout le continent africain. Le premier épisode de cette histoire reste la campagne d’opinion lancée par le cardinal Lavigerie en 1888 qui aboutira à un accord entre tous les pays européens visant à supprimer l’esclavagisme en Afrique.

La situation de la lutte contre l’esclavagisme en 1888

Au dix-neuvième siècle, tour à tour, tous les pays européens abolissent l’esclavage et la traite d’êtres humains. Le 13 mai 1888, c’est au tour du Brésil (Après une première suppression en 1761) qui met fin à l’esclavagisme en Amérique.

Les pays musulmans, eux, n’abandonnent nullement ce commerce en Afrique ; bien au contraire. Durant l’époque précoloniale, l’Afrique subit d’importants bouleversements : Au sud, l’Empire zoulou se constitue vers 1810-1820 au prix d’immenses massacres ; à l’ouest, l’expansion des peuples noirs islamisés met en esclavage systématique tous les peuples vivant entre le Lac Tchad et l’océan Atlantique ; l’actuelle République centrafricaine est périodiquement razziée par des musulmans venant de Lybie ; vers 1805-1810, se créé le centre esclavagiste de Zanzibar qui va écumer toute l’Afrique de l’Est, de l’Ethiopie jusqu’au Mozambique. Se constituera le sultanat vivant exclusivement de l’esclavage de Zanzibar en 1866… qui sera supprimé en 1973 !

Le théologien et médecin Livingstone est le premier européen à avoir découvert l’ampleur des coutumes esclavagistes dans le centre-est de l’Afrique. L’américain Stanley continuera son œuvre dans les années 1870-1880. Les récits de ses deux voyageurs vont profondément influencer l’opinion britannique quant à l’esclavagisme et à la traite. Ce sera un fort catalyseur qui forcera l’Angleterre à participer à cette croisade avec les autres états européens.

A l’origine, la campagne de presse du cardinal Lavigerie

Lanceur d’Alerte, le cardinal Lavigerie est depuis 1884 le chef de l’Eglise d’Afrique. En 1867, il est désigné comme évêque d’Alger ; en 1868, il fonde l’ordre missionnaire des « Pères blancs ». Il déclarera dans une homélie : « Aimez l’Afrique, aimez ses peuples comme une mère aime ses fils, en proportion de leur misère et de leur faiblesse ».

Alerté par ses missionnaires vers la fin des années 1880, le Cardinal Lavigerie souhaite une intervention européenne afin de mettre un terme au trafic des esclaves. Il écrira une lettre au Pape Léon XIII en ces termes : « Ce qui se passait en Amérique n’est rien à côté des horreurs perpétrées en Afrique. 400 000 hommes par an en sont les victimes ».

Avec l’accord du Pape, il va fonder une ligue internationale contre l’esclavagisme et commence une tournée des capitales européennes afin de mobiliser l’opinion publique. A Paris, il s’écrira : « Pour sauver l’Afrique intérieure, il faut enfin soulever la colère du Monde ». A Bruxelles : « Si un voyageur perd la route allant de l’Afrique équatoriale aux villes où se vendent les esclaves, il peut aisément la retrouver par les ossements dont elle est bordée. Le plus souvent, le tiers de la « Cargaison » humaine parvient à destination ».  A Londres : « Deux millions de créatures humaines disparaissent tous les ans, c’est-à-dire, 5 000 africains massacrées, enlevés, vendus chaque jour. C’est la destruction de tout un continent. »

La croisade contre l’esclavage des africains du cardinal Lavigerie sera entendu. Le 18 novembre 1889, le Roi des belges réuni à Bruxelles les représentants de seize gouvernements afin de déterminer les moyens à mettre en œuvre afin de mettre fin à l’esclavage et à la traite des africains.

En France, une campagne de la Libre pensée accusera le cardinal de vouloir « Détruire les mahométans » sous couvert d’une action humanitaire. La haine antireligieuse de ce courant de pensée le conduit déjà à des alliances douteuses en cette fin du dix-neuvième siècle.

Un long travail en Afrique pour mettre fin à cette abomination

Dans les années 1880-1885, les pays européens avaient décidé de s’installer véritablement en Afrique. Au congrès de Berlin de 1884, français, britanniques et allemands se sont partagé le continent, les portugais conservant l’Angola et le Mozambique, quant aux belges, ils avaient créé le Congo pour le roi des belges.  

Une autre histoire commençait : Celle de la colonisation. Les colonisateurs se sont alors efforcés, avec bien du mal tant cette pratique était ancrée dans les mœurs, de supprimer l’esclavage en Afrique. Ils finirent par y arriver !

Après la décolonisation, l’esclavage et la traite ont réapparu en Mauritanie, au Nigéria et au Soudan attirant l’attention des Nations-Unies jusqu’à nos jours. En Arabie saoudite, l’esclavage a été aboli officiellement en 1960.

Entre le VII siècle et le XIX siècle, selon l’historien Olivier Pétré-Grenouilleau (Essai d’histoire globale – 2004), dix-sept millions d’africains auraient été razziés et vendus par des trafiquants musulmans. Les élites africaines y ont aussi trouvé leurs comptes !

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