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L’Union européenne cherche-t-elle à étouffer un nouveau « Qatargate » ?

L'Union européenne, qui aime tant donner des leçons de morale, répugnerait-elle à balayer devant sa porte ? Le Monde nous révèle que, plus d'un an après le scandale de corruption par le Qatar au Parlement européen, impliquant aussi le Maroc et la Mauritanie, le dossier judiciaire piétinerait. On serait tenté de penser, si l'on avait mauvais esprit, que l'Union européenne se laisse parfois corrompre par des lobbies étrangers et que les ardents défenseurs des droits de l'homme ne sont que des Tartuffe.

Il est vrai qu'il ne s'agit pas du premier « Qatargate », le Qatar ayant déjà été soupçonné de corruption pour se faire attribuer l'organisation de la Coupe du monde de football de 2022. Lors de cette nouvelle affaire, certains membres du Parlement européen ont été accusés d'avoir perçu de l'argent en échange de la défense des intérêts du Qatar. Notamment impliquée, Éva Kaïlí, de nationalité grecque, vice-présidente du Parlement européen. Au retour d'un voyage au Qatar, en novembre 2022, elle avait déclaré que « le Qatar est un chef de file en matière de droits du travail ». Faut-il y voir un lien de cause à effet ?

Le 9 décembre 2022, des opérations policières s'étaient déroulées à Bruxelles, aux domiciles de l’ex-eurodéputé socialiste italien Pier Antonio Panzeri et de Francesco Giorgi, un assistant parlementaire, compagnon d'Éva Kaïlí. Une somme de 878.355 euros en liquide avait été trouvée dans l’appartement du couple et 669.950 euros chez M. Panzeri. Si les principaux protagonistes ont reconnu les faits et sont en attente d'un procès, des investigations sont encore en cours, qui impliqueraient d'autres personnalités.

Mais le procès aura-t-il vraiment lieu ? On peut en douter. Le Monde cite le témoignage du procureur fédéral, Frédéric Van Leeuw, qui déclarait à la télévision belge, en septembre 2023 : « Cela fait presque dix ans que je suis procureur fédéral et je n’ai jamais vu autant de pressions dans un dossier. Il y a des fuites partout, il y a des magistrats étrangers qui prennent contact avec nous et qui veulent parfois se mêler de l’enquête, il y a un déchaînement sur le précédent juge d’instruction et sa famille. Pour moi, c’est dégueulasse. » L'emploi de ce vocable, dans la bouche d'un procureur qui a dû en voir des vertes et des pas mûres, laisse entrevoir combien ces honnêtes gens, qui risquent d'être impliquées, disposent de solides appuis.

« Selon que vous serez puissant ou misérable/Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir », écrivait La Fontaine, dans Les Animaux malades de la peste. Ce triste constat est universel et se vérifie encore de nos jours. Ce nouveau « Qatargate » illustre à quel point la puissance de l'argent peut rendre respectables des pays qui ne le sont pas toujours. Il montre aussi comment on cherche à museler la justice, quand elle pourrait dévoiler les manigances de personnalités qui font partie d'une élite autoproclamée et donneuse de leçons, ou les pressions de pays étrangers avec lesquels on préfère garder de bonnes relations.

Il n'est pas sûr que ce nouvel exemple d'hypocrisie rehausse l'opinion qu'on peut avoir de ceux qui gravitent autour des institutions européennes. Il donne plutôt raison à ceux qui soutiennent que les plus fervents des européistes ne sont que des rapaces sans foi ni loi qui ne songent qu'à se remplir les poches.

Philippe Kerlouan

https://www.bvoltaire.fr/lunion-europeenne-cherche-t-elle-a-etouffer-un-nouveau-qatargate/

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