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Réflexion: la politique peut elle être autre chose qu’un Grand-Guignol et comment?

Le président Jupitérien a annoncé un « grand rendez-vous avec la Nation » en ce début 2024 qui sera marqué par le « retour de l’autorité et de l’éducation » autour d’un remaniement ministériel d’ampleur. Telle est la nouvelle séquence politique qui attend les Français (avant la suivante, celle des JO de Paris). Cette initiative est à peu près identique aux nombreuses qui ont ponctué le premier quinquennat et le début du second. Souvenez-vous. Le « Grand Débat » (après les gilets jaunes), les « conventions citoyennes » (environnement,  fin de vie) « le jour d’après » (le confinement), le « Conseil national de la refondation » (après les scrutins de 2022), les « Cent jours » (après le mouvent social contre les 64 ans) « l’Initiative d’ampleur » (rentrée 2023), maintenant, le « grand rendez-vous avec la Nation » (janvier 2023).

Comme son prédécesseur qui voulait « réenchanter le rêve français« , l’actuel occupant de l’Elysée déclarait en avril 2018 avec une certaine modestie: « En réalité, je ne suis que l’émanation du goût du peuple français pour le romanesque [… ] C’est bien cela le cœur de l’aventure politique. En somme, on est toujours l’instrument de quelque chose qui vous dépasse » [CAD, de la providence…] En somme, le rôle essentiel de chef de l’Etat, dans cette perspective, est d’offrir un récit, un conte au public, dont il est une sorte de héros hypermédiatisé et sur lequel se focalisent les regards. Tous les faits et gestes d’une présidence – sa gouvernance – se ramènent à ce principe. L’idée est de détourner les regards des échecs, de l’impuissance, des souffrances et des malheurs du pays dans une exhibition permanente autour du héros d’aventure que le pays s’est donné. Le problème, c’est qu’après sept ans, la corde est usée, la stratégie d’une surenchère permanente patine dans le vide et clairement, le pays s’en détourne en dehors d’une poignée de courtisans et d’inconditionnels.

Mais alors, même s’il faut attendre encore trois ans, la politique peut-elle être autre chose? Les options alternatives qui sourdent du matraquage quotidien tendent à prouver que non. La quête d’un alter héros bat son plein, qu’il se nomme Philippe, le Pen, Attal, Berdella, etc. ou encore Ducon. Tous ces favoris du système médiatique et sondagier ne feraient jamais autre chose: une fuite effrénée dans le Grand-Guignol quotidien pour aimanter l’attention du pays autour de leurs gesticulations, coups de menton et autres logorrhée dans l’objectif de la détourner de l’essentiel. Au-delà des individus, le drame politique vient de ce que l’hubris s’est substitué à l’intérêt général. Cela, il faudrait que le pays ait assez de lucidité pour le comprendre: les visages peuvent changer mais la méthode d’une personnalisation narcissique à outrance comme masque du néant, est toujours la même.

Pour que la politique soit autre chose, deux voies se présentent.

D’une part celle de la révolution. Cela signifie la sortie de l’Union européenne, de l’euro, de la CEDH, le changement de République pour mettre fin à la toute puissance du Conseil Constitutionnel et des juridictions, la remise en cause de la décentralisation. Cette issue n’est, me semble-t-il, pas réaliste – car nul ne prendrait le risque de s’engager dans cette voie – ni souhaitable. Elle passe par un séisme qui se traduirait sans doute par une montagne de violences, de souffrances, de déchirures et de misère que nul ne doit souhaiter aux Français. La paix civile, dans le respect des différences d’opinion, est le bien le plus précieux de ce pays.

L’autre est celle de la vérité contre le Grand-Guignol. Il faudrait qu’une équipe déterminée d’une quinzaine d’hommes et femmes, uniquement motivée par l’intérêt général et le service de la France accepte de dire toute la vérité sur l’état réel du pays, son effondrement scolaire et intellectuel, sa dette gigantesque, sa violence banalisée, son économie broyée, les fractures qui le minent, ses libertés et sa démocratie saccagées; et la vérité sur le travail de long terme qu’il est envisageable d’accomplir pour œuvrer au redressement du pays, sa prospérité, ses libertés, son intelligence collective. Ensuite, les Français choisiront.

MT

https://maximetandonnet.wordpress.com/2024/01/06/reflexion-la-politique-peut-elle-etre-autre-chose-quun-grand-guignol-et-comment/

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