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Les mauvais comptes de la communication à outrance

Le premier ministre s’est rendu sur un barrage dans le Sud-Ouest et il a engagé un échange avec les initiateurs de la fronde des agriculteurs. Son principal mérite, à l’inverse d’Edouard Philippe face aux mouvement des GJ? Son principal mérite ? C’est d’avoir cédé tout de suite aux revendications concernant la fiscalité du gasoil, sans attendre, sans faire semblant de vouloir tenir ou de résister, même quelques heures quelques jours. Tout de suite… Son anté-anté-prédécesseur avait joué les gros bras et la fermeté, pendant plusieurs semaines sur la taxe carbone, avant de reculer, céder sur toute la ligne… Sans pour autant arrêter le mouvement. M. Attal a tenu compte de l’expérience en cédant immédiatement. Il a même déclaré : l‘agriculture passe avant toute chose. Donc, avant l’écologie ? Avant la « souveraineté européenne » chère au président Macron ? Avant le « déplacement des migrants en milieu rural », nouveau dogme et avant même les JO de Paris ?

Le problème qui se pose est celui de la crédibilité de la parole politique. Quel est le prix à payer, en termes de crédibilité de la parole publique, pour éviter les images délétères d’un quatrième ou cinquième désastre (après les JG, le mouvement des retraites, le chaos des émeutes). Tout se passe comme si le déclin de la démocratie parlementaire sans être remplacée par une démocratie directe se traduisait par une banalisation de la violence dans la rue comme unique mode d’expression des revendications populaires. Le hollando-macronisme (2012-2017) en affaiblissant la démocratie parlementaire – sans la remplacer – a plongé la France dans le chaos quasi permanent. Alors, le culte de l’image narcissique, de la communication à outrance est censé combler le vide laissé par le déclin de la démocratie. Ce jeu est fondé sur l’illusion médiatique du héros qui monte courageusement au front, au contact de la population pour régler les problèmes. Le principe est de substituer l’émotion romanesque – le héros sur le barrage – à la négociation et au travail de fond. Le volet audace et courage individuel est toutefois à relativiser, au regard du cadrage en amont de telles opérations, ou de la mise en scène. Leur inconvénient est de discréditer l’interlocuteur désigné qui peut apparaître comme un « jaune ». Il est aussi d’affaiblir la représentation institutionnelle de la profession, désignée par l’élection, au profit de créatures médiatiques éphémères – sorties de nulle part. Le pire est le climat de courtisanerie qui se répand comme un fléau – c’est un extraterrestre a-t-on lu quelque part au sujet du personnage supposé avoir réglé la crise d’un coup de baguette médiatique. Les pires courtisans le soutiennent mordicus : « Ce n’est pas de la communication, c’est de la générosité »… Mais alors, pourquoi la mise en scène, pourquoi les caméras et l’avalanche des images ? Et déjà les sondages… Et c’est ainsi que la politique et la démocratie se meurent peu à peu, cette mort engendrant de nouvelles violences dans un cycle infernal…

MT

https://maximetandonnet.wordpress.com/2024/01/28/les-mauvais-comptes-de-la-communication-a-outrance/

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