Réforme du collège, ce qu'on sait
La réforme du collège, avec la création de groupes de niveau en français et en mathématiques, pouvait plaire a priori, avec la perspective d'une sortie du collège unique dont les ravages ne sont plus à démontrer. La nouvelle grille horaire des enseignements, fixée dans un projet d'arrêté qui a fuité, montre (ce dont on se doutait) que cette création se ferait au détriment de dispositifs existants et d'autres disciplines. Le texte supprime, par exemple, l’accompagnement personnalisé et l’heure d’enseignement de soutien ou d’approfondissement en français ou en mathématiques, qui pouvaient être efficaces. L'enseignement des langues anciennes en 4e et 3e est réduit d'une heure. Quant à la demi-heure d'enseignement moral et civique, elle doit s'intégrer dans l’horaire d’histoire-géographie.
Une fois de plus, le gouvernement déshabille Pierre pour habiller Paul, sans qu'il soit garanti que le niveau scolaire en soit rehaussé. Ce qui est certain, c'est que l'enseignement des langues anciennes, déjà en détresse, sera réduit à la portion congrue et disparaîtra dans de nombreux établissements ; que l'enseignement de l'histoire, déjà restreint, verra son horaire amputé et que beaucoup d'élèves continueront d'ignorer l'Histoire de France. « Il faut que tout change pour que rien ne change » : cette petite phrase caractérise bien, dans le domaine éducatif comme dans les autres, la politique du nouveau gouvernement, qui n'a aucunement l'intention de changer un cap fixé par l'Élysée. Le discours de rupture est un discours de continuité.
Des futurs enseignants mieux formés, vraiment ?
Et que dire de la formation des futurs enseignants ? Constatant, à juste titre, que « les jeunes qui envisagent de devenir enseignant disent que la formation initiale ne correspond pas à leurs attentes et freine leur vocation », Gabriel Attal présentera, « d'ici au mois de mars », une réforme pour construire les « écoles normales du XXIe siècle ». Il s'agit en réalité, sous ce vocable trompeur et conformément aux directives d'Emmanuel Macron, de recruter des enseignants à bac+3, une réforme préparée depuis plusieurs mois par le ministère. Quand on connaît le niveau actuel de beaucoup de licences universitaires, il y a de quoi s'inquiéter. D'autant plus que les ESPÉ, avatars des IUFM, comptent bien mettre encore davantage la main sur les apprentis enseignants.
La plupart des annonces de Gabriel Attal, qui avaient pu laisser espérer, à défaut d'un redressement, un sursaut de l'enseignement, ne sont que de la poudre aux yeux qui cache une continuité de la politique éducative. Emmanuel Macron, dont Gabriel Attal est le porte-parole, se soucie peu de la promotion intellectuelle et sociale des élèves, quel que soit leur milieu d'origine, qui est le fondement de « l'école républicaine ». Il ne faut surtout pas leur donner les moyens de penser par eux-mêmes ; qu'ils se contentent de répéter les slogans à la mode ! Les élites européistes et mondialistes ont pour seule ambition de former des exécutants pour faire tourner le marché. Elles préservent, pour leurs propres enfants, la possibilité de fréquenter de bonnes écoles : pour le tout-venant, un enseignement médiocre et superficiel suffira.