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L’Europe d’une guerre à l’autre (IX) – Comment les Britanniques ont “libéré” la Grèce

Par Nikolay STARIKOV  ORIENTAL REVIEW

Les premières troupes aéroportées de l’armée britannique débarquèrent en Grèce le 4 octobre 1944. L’objectif principal de l’Angleterre dans ce pays n’était cependant pas de vaincre les forces allemandes, loin de là, mais de réaliser une avance rapide pour rencontrer les troupes soviétiques du maréchal Tolboukhine, qui venaient juste de mener avec succès une opération pour libérer la Yougoslavie. Ne rencontrant aucune résistance de la part des troupes allemandes, les Anglais s’empressèrent d’occuper le territoire libéré pour ne pas laisser entrer les Russes en Grèce.

La paix n’a pas suivi leur arrivée en Grèce. Au contraire, les opérations militaires ont éclaté avec une vigueur renouvelée. Les Anglais étaient opposés aux partisans du puissant mouvement communiste ELAS. En conséquence, les «libérateurs» britanniques ont commencé des opérations militaires contre les Grecs.

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Voici quelques faits sur ce conflit qui, aujourd’hui, est passé complètement sous silence :

– En novembre 1944, le général Scobie, commandant des forces britanniques en Grèce, donne l’ordre de désarmer les unités ELAS. Les représentants communistes du Cabinet refusent de signer un décret ordonnant la dissolution de l’ELAS et, le 2 décembre, ils démissionnent. Le lendemain, une manifestation de 500 000 hommes a lieu à Athènes contre les actions du gouvernement et du commandement britannique. Les armes sont utilisées contre les manifestants par les autorités. Le 4 décembre 1944, les combats commencent entre les unités de l’ELAS d’un côté et les troupes britanniques et gouvernementales de l’autre, et les membres de l’ELAS prennent le contrôle d’Athènes et du Pirée. Le fait que les unités de l’ELAS ne soient évacuées du Pirée que le 12 décembre 1944 donne une indication de la gravité des combats. À Athènes, Les troupes britanniques sont encerclées et elles ne réussissent à s’en sortir que vers la fin du mois. En outre, deux divisions sont redéployées en Grèce depuis le front italien.

Comme nous pouvons le voir, il y avait tellement de partisans de l’ELAS dans la capitale grecque qu’ils avaient facilement pris le contrôle de toute la ville. En ouvrant le feu sur les manifestants, les troupes britanniques avaient montré de quel côté du conflit ils étaient. Rappelez-vous que c’est précisément pour ce genre d’actions que Londres a condamné Kadhafi et Assad récemment.

Voici ce que Winston Churchill écrit dans son livre “La Seconde Guerre Mondiale”:

 “Le dimanche 3 décembre, les partisans communistes, engagés dans une manifestation interdite, se sont heurtés avec la police et la guerre civile a commencé. Le lendemain, le général Scobie ordonna à l’ELAS d’évacuer Athènes et le Pirée sur-le-champ. Au lieu d’obtempérer, leurs troupes et leurs civils armés tentèrent de s’emparer de la capitale par la force. A ce moment j’ai pris un contrôle plus direct de l’affaire. En apprenant que les communistes avaient déjà pris presque tous les commissariats d’Athènes, assassinant la majeure partie de leurs occupants qui n’étaient pas engagés de leur côté, et se trouvaient déjà à un demi mile des bureaux du gouvernement, j’ordonnai au général Scobie et à ses 5 000 soldats britanniques qui, dix jours auparavant, avait été reçus avec ravissement comme libérateur par la population, d’intervenir et tirer sur les traîtres agresseurs. Il ne sert à rien de faire des choses comme celles-là à moitié. “

– Au total, du 3 décembre 1944 au 15 janvier 1945, les avions britanniques ont effectué 1665 sorties au-dessus de la Grèce, détruisant 455 automobiles, quatre pièces d’artillerie et six locomotives.

– Les Anglais n’ont réussi plus ou moins à établir le contrôle sur le territoire de la Grèce continentale qu’après six semaines de combats acharnés. Le 12 février 1945, un accord visant à mettre fin à la guerre civile fut signé à Varkiza, aux termes duquel toutes les unités de l’ELAS se retiraient des régions d’Athènes, de Selanik et de Patras.

– La majorité des combattants de l’ELAS cessèrent les hostilités et rentrèrent chez eux. Cependant, les représentants du gouvernement démocratique, ainsi que la nation humaine du «monde libre», violèrent l’accord et commencèrent à les arrêter par centaines et à les fusiller sans procès.

– En fin de compte, la situation a explosé à la suite des élections dites «générales», qui eurent lieu le 31 mars 1946. Les communistes et un certain nombre de partis démocratiques avaient accusé le gouvernement d’avoir falsifié les résultats et d’avoir fait pression sur les électeurs. Il convient de mentionner que la brutalité policière n’avait pas diminué durant toute l’année 1945. Les élections servirent de prétexte à une nouvelle confrontation. Le premier conflit ouvert eut lieu en juillet 1946, lorsque les forces gouvernementales tentèrent de débarrasser les régions de Vermion et du Mont Olympe des communistes. Malgré le fait que ceux qui étaient à l’offensive étaient soutenus par des chars et des Spitfires, les attaques échouèrent. Les unités ELAS bénéficiaient d’un large soutien parmi la population du pays, d’une vaste expérience de la guérilla contre les Allemands, et il y avait aussi le fait qu’il y avait un certain nombre d’alliés secrets dans l’armée grecque. Un nouveau cycle de guerre civile avait commencé dans le pays.

– La guerre de Grèce a duré jusqu’au début de 1949, soit un total (avec des pauses) de cinq ans!

– Selon les chiffres officiels, les forces gouvernementales ont subi des pertes de 12 777 personnes tuées et 37 732 soldats et officiers blessés, tandis que les unités pro-communistes ont subi des pertes de 38 000 tués, et il n’y a pas de chiffres sur le nombre de blessés. Mais combien de personnes tuées et torturées étaient des civils? Le pays était en ruines; les Allemands, en se retirant de la Grèce, n’ont pas réussi à détruire entièrement leurs lignes de communication, ce qui a été fait par les Grecs eux-mêmes – non sans l’aide des Anglais et des Américains, bien sûr.

L’histoire des Balkans, et surtout de la Grèce, est un exemple clair de la misère d’une vision en noir et blanc de l’Histoire, une Histoire dans laquelle Staline et l’URSS sont accusés de tout, tandis que l’Occident a toujours raison dans tout ce qu’il fait.

Traduit du Russe par ORIENTAL REVIEW

Source : https://orientalreview.org/2012/10/31/episodes-9-how-the-english-liberated-greece/

Traduction : Avic – Réseau International

Photo: Aris Velouchiotis le « Che Guevara grec – ELAS

https://reseauinternational.net/leurope-dune-guerre-a-lautre-ix-comment-les-britanniques-ont-libere-la-grece/

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