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Jean-Michel Aphatie, ou Oui-Oui à l’école des islamistes

Jean-Michel Aphatie a encore frappé. Jeudi 28 mars, le chroniqueur de l’émission Quotidien est revenu, à sa façon, sur les événements survenus, ces dernières semaines, au lycée Maurice-Ravel à Paris. Loin de partager l’inquiétude de la plupart de ses collègues, l’autoproclamé « premier journaliste français garanti 100 % woke » s’est montré, au contraire, très satisfait de la tournure des choses.

À l’écouter, tout s’est déroulé comme sur des roulettes. « Il y a des agents de l’État, des enseignants, des proviseurs qui, par le passé, ont pu avoir le sentiment d’être abandonnés. Dans cette affaire, ils ont été soutenus depuis le premier jour. Pourquoi ne pas le reconnaître ? Pour une fois, l’État est là où il doit être et fait ce qu’il doit faire. » Et le journaliste d’évoquer des autorités qui se seraient mobilisées et rendues sur place « tout de suite », une jeune femme voilée qui « n’est plus à l’école » et des harceleurs déjà « traduits devant la justice ».

Une vision déformée du réel

Hélas, tout est faux ou incomplet dans ces déclarations. Pour commencer, le ministre de l’Éducation ne s’est pas rendu sur place « tout de suite », mais pas moins d’une semaine après les menaces de mort. Par ailleurs, si la jeune femme ayant refusé de retirer son voile n’est plus scolarisée à Maurice-Ravel, ce n’est pas parce qu’elle en a été exclue mais parce qu’elle en est partie d’elle-même pour aller travailler auprès de sa mère. Enfin, l’homme qui a menacé de mort le proviseur n’a pas encore été « traduit » en justice, il a simplement été interpellé. Son procès aura lieu le 23 avril prochain. Pour un journaliste de son âge, censé être rompu au métier et attaché aux faits, ça fait beaucoup de fausseté.

Mais l’indécrottable gauchiste préfère persister dans son déni et ne voir que du positif dans cet épisode navrant. « Échec ? Défaite ? Faux, faux, faux, faux. C’est incroyable d’entendre ça. Mais pourquoi on dit ça ? Parce qu’on veut vivre dans un sentiment de défaite et de déprime ? », demande-t-il, à deux doigts de traiter de drama queens ceux qui s’offusquent de voir des enseignants menacés de mort, agressés, voire assassinés.

Un aveuglement volontaire

Pour Jean-Michel Aphatie, la démission du proviseur est un fait mineur. Il n’est pas loin de reprendre à son compte la version du rectorat qui parlait d’un retrait pour de simples « convenances personnelles »« [Le proviseur] est à trois mois de la retraite, il vit mal les menaces de mort, relativise le chroniqueur de TMCCe n’est pas la République qui recule. C’est un homme qui dit "pas moi, parce que je n’ai plus la ressource morale, la force morale pour continuer à faire mon travail dans ces conditions". Mais il est remplacé. Le lycée n’est pas fermé ! » Bref, circulez, y a rien à voir. Le journaliste reste aveugle à la défaite que constitue cette affaire. En dépit de l’implication du gouvernement, un représentant de l’État a été contraint de démissionner sous le poids des menaces islamistes et Jean-Michel Aphatie ne voit pas où est le problème.

Aidons-le à ouvrir les yeux : la peur et la terreur n’ont pas changé de camp, voilà où est le problème. Chaque jour où des professeurs vont à l'école la boule au ventre, chaque mot tu en raison d'une autocensure personnelle, chaque intimidation exercée par des élèves ou leur entourage est une défaite collective de plus. S’il ne nous croit pas, Jean-Michel Aphatie pourrait peut-être entendre Jean-Pierre Obin, qui connaît bien le sujet et alerte, depuis vingt ans, sur l’irrésistible montée de l’entrisme islamiste à l’école. L’ancien inspecteur de l'Éducation nationale indique que « quatre enseignants sur cinq disent avoir peur d’affronter des situations potentiellement conflictuelles avec certains élèves, en rapport avec leurs convictions religieuses ». Dans l’affaire du lycée Maurice-Ravel, lui aussi parle d’une « victoire » pour les islamistes qui, d’ailleurs, « la savourent comme telle »« Qu’on n’ait pas réussi à retenir ce proviseur, à le protéger et à faire en sorte que dans cet affrontement qui était voulu ce ne soit pas l’école qui l’emporte mais ses adversaires résolus, c’est quelque chose qu’on peut appeler une capitulation ou une défaite », déclarait-il encore, jeudi dernier, sur CNews.

Le journaliste myope pourrait également écouter Richard Malka, l’avocat de la famille du professeur assassiné Dominique Bernard, qui observe, lui aussi, que « l'islamisme terrorise la République », ou encore le philosophe Michel Onfray qui, le week-end dernier, évoquait une « guerre civile à bas bruit »« Ca se fait tout doucement. Un renoncement, plus un autre renoncement, plus un autre… Plein de petits renoncements finissent par faire un grand effondrement. » Mais tenir ces discours de vérité nécessite de rompre au préalable avec la doxa gauchiste selon laquelle l’immigration est une chance, l’islamisation de la France une fable, la diversité une félicité. Et cela, hélas, Jean-Michel Aphatie ne le fera jamais.

Jean Kast

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