Houssem Eddine Jebabli, le porte-parole de la Garde nationale, en a informé ses compatriotes à la télévision tunisienne Telvza le 23 avril : à la suite des nombreuses attaques menées par les migrants « contre des propriétés publiques et privées » à El Amra et Jebeniana, « une intervention sécuritaire était nécessaire pour protéger les migrants eux-mêmes et les Tunisiens ». Des Tunisiens qui tentent de chasser les migrants à coups de mortier d’artifice…
Le site Infomigrants.net est allé à la rencontre de ces migrants dans les camps qui émaillent la route entre Sfax et El Amra. « Avant, quand la Garde nationale venait, ils saisissaient du matériel, le carburant qu’on stocke pour les traversées [de la Méditerranée], les canots... Maintenant, ils détruisent tout, ils brûlent nos affaires, ils veulent qu’on parte de la zone », dit un Guinéen. Un Camerounais les accuse de brûler leurs tentes, installées au milieu des champs d’oliviers dont ils empêchent la récolte.
Des gangs armés parmi les migrants
Houssem Eddine Jebabli le confirme à Infomigrants : « Il y a bien eu des affrontements entre des habitants d'El Amra et des exilés. Il y a aussi eu des blessés des deux côtés. » De fait, les habitants alertent sur les agressions commises par des gangs, souvent ivoiriens, précise-t-on. Des gangs armés qui n’hésitent pas à racketter les leurs : « Il y a des gangs, ici, d’Africains qui ont des machettes, ils s’attaquent même à nous, leurs propres frères, ils volent notre argent, nos téléphones, nous rackettent. Mais ils pillent aussi les commerces. »
La réalité qu’on ne veut pas regarder ici, c’est un trafic juteux qui a fait de Sfax le principal point de départ des migrants vers l’eldorado européen. Il y aurait, eu l’année passée, 80.000 tentatives de traversée et plus de 1.000 disparitions en Méditerranée.
Sfax est la « plaque tournante des migrations illégales de l’Afrique vers l’Europe », pouvait-on lire dans Challenges, en septembre dernier, alors qu’on s’indignait, ici, de l’évacuation musclée décidée par le président Kaïs Saïed, les migrants étant refoulés dans le désert à la frontière libyenne. Et Challenges de rappeler que l’île italienne de Lampedusa est « distante de seulement 150 kilomètres de la Tunisie », si bien que « la semaine du 11 septembre, 11.000 migrants ont débarqué sur l’île, un afflux record ».
Les Tunisiens ne veulent pas du « Grand Remplacement »
DW (Deutsche Welle), qui se présente comme « l'un des médias internationaux les plus performants » ne fournissant que « des nouvelles et des informations impartiales », écrivait en décembre dernier qu’en Tunisie, « les migrants subsahariens [y] sont devenus les boucs émissaires des problèmes économiques du pays », déplorant que près de 70.000 personnes aient été « empêchées de poursuivre leur route, soit le double par rapport à l’année dernière » [2022, NDLR]. Et DW de dénoncer « les diatribes racistes » du président tunisien à l’origine d’« une vague de violence contre les migrants subsahariens, en prônant des théories proches du Grand Remplacement ».
C’est un fait, les Tunisiens ne veulent pas du Grand Remplacement de leur population par plus miséreux qu’eux. Mais si DW est prompte à dénoncer le racisme « haineux » des autorités tunisiennes, la chaîne s’interroge assez peu sur les motivations qui poussent les populations subsahariennes à déserter leurs pays… et surtout pas sur les ravages de l’islamisme qui gangrène toute l’Afrique de l’Ouest !
Marie Delarue