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Les élections européennes vont officialiser l’après Macron

Les élections européennes vont officialiser l’après Macron

 L’échéance des élections européenne annonce l’entrée dans l’après Macron et, plus encore, dans l’après macronisme. La fin de la séquence Macron, en effet, ne se résume pas à une question constitutionnelle de non renouvellement de son mandat, le schéma politique sur lequel le macronisme repose, celui de la convergence des centres, a également atteint ses limites. Le centre élargi, composé du centre « traditionnel » augmenté des tendances les plus modérées du PS et de LR, ne dispose plus aujourd’hui, contrairement au schéma de 2017, d’une force de mobilisation nécessaire pour constituer un bloc capable de stabiliser durablement une majorité. La Macronie est enkystée dans cette construction instable marquée par les tensions qui travaillent son pôle droit et son pôle gauche.

Une élection qui se joue à droite

À droite, la montée en puissance du RN place d’emblée l’ensemble des composantes de la droite nationale autour des 40% du corps électoral. Cette avancée, inexorablement portée par les questions identitaires et sécuritaires dans l’ensemble du pays, « droitise » mécaniquement le débat politique. Elle contraint la macronie à des postures de droite qui l’éloignent de son flanc gauche. L’héritage de Macron doit se capter par la droite. Les deux jeunes loups de la Macronie, Attal et Darmanin, l’ont bien compris, et tentent d’accompagner la vague des attentes sécuritaires pour se tailler une stature présidentielle. Quelques banalités énoncées sur le retour de l’autorité et le respect de la laïcité à l’école, ou quelques coups de menton sur l’ordre républicain dans l’espace public, font grimper la cote des deux ministres qui lorgnent sur la ligne d’horizon de 2027.

La droite LR, à son habitude, se montre incapable de se hisser au niveau des enjeux historiques contemporains et se contente de gérer son inévitable déclin. Son tropisme centriste la paralyse, tandis qu’une partie des députés républicains (une vingtaine, dit-on) aurait conclu un accord avec le RN pour basculer de son côté, en cas de scénario de dissolution ! Affaire à suivre…

Glucksmann héritier par défaut de Macron

Ce qui veut dire, à contrario, que la ligne « centro-juppeiste » d’un Edouard Philippe, qui prétend reprendre le schéma d’une vaste alliance des « centres », de LR à l’ensemble de la gauche hors LFI, évolue à contre-courant des réalités de la sociologie politique. L’électorat qui se reconnait traditionnellement dans la droite attend un discours de fermeté plus radicale et l’électorat de gauche se recompose autour d’une base sociale-démocrate revigorée par le délitement annoncé de la Nupes. Cette gauche, qui avait largement rejoint la Macronie en 2017 et 2022, se retrouve « naturellement » dans le profil social-libéral d’un Raphaël Glucksmann, qui s’impose, de fait, comme l’héritier le plus légitime de Macron.

Mais un héritier qui s’appuie sur un flanc gauche qui limite sa capacité d’expansion à droite, et dont l’ancrage à gauche est désormais fracturé par la question du conflit israëlo-palestinien. Il n’y a définitivement plus d’alliances possibles des gauches tant la cassure est profonde entre la gauche pro-israélienne et celle qui soutient le camp palestinien. Réduite à quelques 30% de l’électorat national, la gauche, en tant que force politique, même portée par un Glucksmann recentré, n’a plus les moyens d’être un collectif capable d’arriver au pouvoir à l’issue d’un deuxième tour présidentiel. La percée de Glucksmann ne doit pas faire illusion, elle n’annonce pas un retour de la gauche, les voix se redistribuent seulement au sein du même ensemble élargi. Le PS nouveau récupère des voix socialistes qui avaient rejoints la Macronie et des voix déçues de la Nupes.

Les nouvelles fractures

L’élection de 2027 va se jouer à droite, et, jusqu’alors, aucune personnalité politique, issue de la droite ou de la gauche, n’apparait capable d’occuper, face au RN, un espace politique qui permette, à la fois, d’incarner une réponse au besoin sécuritaire et identitaire du pays tout en pouvant récupérer un électorat de gauche, hors LFI et gauche radicale qui comprend une part significative des électeurs écolos.

Macron n’a pas d’héritier naturel et la dynamique de convergence des centres qui a porté sa conquête du pouvoir, si elle n’a pas totalement disparue, a perdu de sa vigueur dans une phase politique où les schémas d’opposition traditionnelle qui ont structuré la vie politique des dernières décennies n’ont plus la même portée. La confrontation droite/gauche et la sacralisation du fameux arc républicain face à « l’extrême droite » sont désormais bousculer par des oppositions historiques plus clivantes qui fragmentent les anciennes familles idéologiques, essentiellement à gauche, et laissent deviner des surprises à venir dans le champ électoral.

Cette situation est inédite et ouvre un nouvel espace politique à la droite de conviction qu’il ne tient qu’à elle d’occuper, avec, pour commencer, l’ardente nécessité de se rassembler !

Didier Beauregard 24/05/2024

https://www.polemia.com/les-elections-europeennes-vont-officialiser-lapres-macron/

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