Des airs de Far West
Et comme toujours, des vidéos qui montrent les barres de fer, les coups de pied et de poing. Plus besoin de Netflix. À chaque jour, la même série, de nouveaux épisodes. Le bal, connu sous le nom de « Bal des farmers », prend des airs de Far West. On passera la réalité sous silence, à coup de com' sur les nettoyages XXL, les Kärcher™ et autres actes isolés de loups solitaires. Réalité que dévoilent les témoins, le maire de la commune en tête, les agresseurs cherchaient à « casser du Blanc ». Pour Patrice Iserable, cela ne fait aucun doute, les agresseurs sont les mêmes que ceux impliqués dans le meurtre de Thomas à Crépol… et des auteurs impunis qui courent toujours, tandis que leur victime gît au sol dans son sang…
Dans un communiqué du parquet de Grenoble publié ce jeudi, Éric Vaillant, le procureur de la République, déclare en savoir « un peu plus », quatre jours après les faits. Précisant, toutefois, que « nul ne peut prétendre, encore à ce stade de l’enquête, disposer d’une vision complète des faits conforme à ce qui s’est réellement passé ». Pour autant, ce que l’on peut affirmer à ce stade, c'est que « trois jeunes hommes de Saint-Marcellin et leurs amies, passant semble-t-il un bon moment à la fête organisée à Murinais par les jeunes agriculteurs du secteur, ont proposé à des amis de Saint-Marcellin de les rejoindre ». Le parquet explique que la bagarre a commencé à 22h30, « un coup de tête a été donné, les deux protagonistes s'accusant mutuellement de ce geste et d'être à l'origine de l'altercation ».
S’en est suivie une première bagarre au cours de laquelle un jeune âgé de 15 ans a été blessé à la tête « possiblement par une barre de fer ». Puis trois voitures sont arrivées de Murinais, avec 15 hommes à bord, déclenchant une deuxième bagarre « avec barres de fer », précise Éric Vaillant. C’est à ce moment-là que le jeune agriculteur est tabassé ; le procureur indique qu'il aura 12 jours d’ITT. Le communiqué rapporte, également, que « des propos racistes et homophobes sont allégués dans chacun des deux camps ». À l’heure de publier ces lignes, seule Marion Maréchal a réagi à ce nouveau fait de barbarie, condamnant « les prémices de la guerre civile [qui] se voient jusque dans nos campagnes ».
Triste symbole d’une France en danger : d’Incarville à Crépol en passant par Murinais, la jeunesse délinquante court toujours la campagne, tandis que la jeunesse paysanne stoppe net la troisième mi-temps, met la clé sous la grange et éponge son sang. Quant à la France d’en haut et son gouvernement : la « maison brûle, mais elle regarde ailleurs »…
Iris Bridier