Le déploiement révolutionnaire par le Yémen du missile hypersonique Hatem-2 contre un navire israélien marque un changement radical dans la dynamique des pouvoirs régionaux, remet en question les stratégies des États-Unis et de leurs partenaires et met en évidence d’autres avancées militaires inattendues de Sanaa.
Au début de l’année, des informations ont fait surface, suggérant que le Yémen avait mené des essais de missiles hypersoniques. Si le gouvernement de Sanaa est resté silencieux à l’époque, les événements récents ont levé toute ambiguïté sur ce développement.
Le 25 juin, le Yémen a officiellement annoncé l’utilisation du missile balistique hypersonique Hatem-2 pour frapper un navire israélien, le MSC Sarah, dans la mer d’Oman. Cette révélation place le Yémen au sein d’un groupe d’élite d’États possédant des armes aussi avancées, soulignant les progrès inattendus de Sanaa en matière de technologie militaire malgré près d’une décennie de guerre.
Le déploiement du missile Hatem-2 n’est pas seulement une démonstration de prouesses technologiques, c’est aussi un signal complexe adressé à divers acteurs internationaux. Les actions du Yémen s’alignent sur l’Axe de résistance plus large en Asie occidentale [Moyen-Orient] et reflètent un soutien continu à Gaza au milieu de la guerre israélienne soutenue par les États-Unis contre l’enclave palestinienne assiégée.
Ce soutien n’est pas simplement rhétorique ; il a maintenant été amplement démontré par des actions concrètes, telles que le déploiement d’un armement avancé. Le développement et l’utilisation de missiles hypersoniques mettent en évidence l’érosion de la dissuasion militaire américaine dans la région, une préoccupation exacerbée par les récents échecs et l’escalade potentielle en Palestine.
Redéfinir la puissance régionale
La présence d’une technologie aussi avancée au Yémen complique les calculs stratégiques des États-Unis et de leurs alliés, qui doivent désormais faire face à un adversaire plus sophistiqué et imprévisible.
De manière cruciale, es actions sont une réponse à l’agression saoudo-émiratie qui dure depuis neuf ans et qui a persisté en raison de multiples facteurs, notamment l’intervention militaire directe des États-Unis et du Royaume-Uni [sans parler de la France] et de la mise en place d’un conseil présidentiel soutenu par des milices et visant à atteindre les objectifs politiques stratégiques des acteurs étrangers. Les progrès militaires de Sanaa sont donc profondément liés à sa position politique et à ses objectifs stratégiques nationaux/régionaux.
Le fait que les forces armées alignées sur Ansarullah aient pris pour cible un navire israélien à l’aide d’un missile hypersonique marque un changement important dans la dynamique militaire en Asie occidentale. Contrairement aux essais expérimentaux sur des cibles statiques, cette opération a mis en évidence la capacité du Yémen à attaquer rapidement des cibles mobiles.
Les missiles hypersoniques, qui se déplacent à des vitesses supérieures à Mach 5 et possèdent une manœuvrabilité exceptionnelle, sont notoirement difficiles à intercepter par les systèmes de défense aérienne existants. Cette capacité introduit un nouveau niveau de menace dans le conflit régional, compliquant – voire rendant inutiles – les stratégies de défense des adversaires du Yémen.
Le Hatem-2 représente une nouvelle génération de missiles balistiques yéménites dotés de systèmes de guidage intelligents avancés, d’une grande manœuvrabilité, de vitesses hypersoniques, d’une propulsion à combustible solide et de plusieurs versions à portée variable. Ces caractéristiques font du Hatem-2 une arme redoutable, capable de frappes précises et rapides. La mise au point d’une technologie aussi avancée au Yémen, pays soumis à un blocus sévère et à une agression continue depuis près d’une décennie, mérite d’être soulignée. Elle témoigne d’une avancée significative en matière de technologie militaire locale et de capacités stratégiques.
Réponse à l’agression saoudo-émiratie
L’utilisation de missiles hypersoniques envoie également un message fort à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis. Sanaa a mis en garde Riyad à plusieurs reprises contre la facilitation des actions militaires américaines lancées à partir de son territoire. Le récent ciblage du porte-avions américain USS Eisenhower, qui l’a chassé de la mer Rouge, en est un exemple.
Les conséquences pour l’Arabie saoudite sont graves : la poursuite de l’agression contre le Yémen pourrait provoquer des représailles plus dévastatrices. La volonté de Sanaa de frapper des cibles de grande valeur indique son intention de lever le blocus par des moyens militaires si nécessaire. En outre, les chances d’une résolution pacifique s’amenuisent à mesure que les affrontements militaires s’intensifient.
Sanaa, qui n’a pas eu peur de la marine américaine et de ses alliés et a frappé profondément le territoire israélien, n’hésitera pas à infliger des frappes douloureuses à l’Arabie saoudite pour lever le blocus. Le message du missile hypersonique donne un aperçu de ce que possède le front de Résistance dans la région, montrant ses opérations intégrées et unifiées sous la bannière de l’«Unité des Fronts» de l’Axe de la Résistance, capable de mener des frappes dévastatrices sur une vaste zone géographique.
Sanaa fait voler en éclats le statu quo
La résilience du Yémen témoigne également de la capacité du pays à s’adapter et à innover dans des conditions extrêmes. En intégrant des missiles hypersoniques et d’autres technologies sophistiquées, comme le drone naval Toofan-1 qui a ciblé et coulé le navire Tutor en mer Rouge, Sanaa peut non seulement se défendre, mais aussi dissuader ses adversaires.
Les messages militaires provenant de Sanaa, qu’ils soient liés à son alignement au sein de l’Axe de la résistance ou qu’ils concernent la réalité du Yémen face à l’agression et au blocus, font partie de la scène des dynamiques changeantes dans la région, remodelant les équilibres de pouvoir qui ne sauraient être éludés dans aucun règlement avec l’ennemi, si tant est que de telles négociations aient lieu. Cela permet aux forces yéménites de poursuivre la confrontation militaire à leur guise, voire de l’intensifier dans de nouveaux domaines.
Le lancement du missile Hatem-2 représente un tournant dans la dynamique des pouvoirs régionaux, les avancées militaires du Yémen remodelant la réalité stratégique de l’Asie occidentale. Que le conflit se poursuive à son intensité actuelle ou qu’il s’intensifie encore, les implications de la capacité du Yémen en matière de missiles hypersoniques se répercutent déjà dans toute la région.
Les missiles hypersoniques du Yémen ne sont pas simplement une réussite technique pour Sanaa ; ils sont mieux compris comme une manœuvre stratégique qui modifie l’équilibre des forces en faveur de l’Axe de la résistance et redessine la trajectoire future de la guerre dans la région.
Par Khalil Nasrallah
Source : Réseau international
Version originale : The Cradle via Le Cri des Peuples
https://numidia-liberum.blogspot.com/2024/07/le-missile-hypersonique-du-yemen-une.html