La cérémonie d’ouverture m’avait énervé pour des raisons évidentes (déjà évoquées ici) mais ces Jeux Olympiques, dont je ne suis guère les épreuves, animent les places et les terrasses de Versailles d’une sympathique manière, et rendent les gens heureux, et pas seulement les Français surpris de se prendre au jeu (c’est le cas de le dire…) de cet événement jusque-là peu motivant et sans doute considéré comme « trop lointain ». En quelques jours, l’ambiance a changé et c’est une bonne occasion pour la France de se montrer, aux yeux du monde, sous un meilleur jour que lors des mois (et années) précédents : les rues semblent propres et régulièrement nettoyées, l’insécurité (et particulièrement son sentiment) en baisse, la tranquillité assurée et la joie assumée. Tout se passe bien, dirait-on, même si des menaces subsistent : le souvenir de Munich et du massacre d’athlètes israéliens en 1972 plane encore, mais sans inquiéter outre-mesure, l’esprit de la fête surmontant les craintes et les menaces. D’ailleurs, peu de manifestations d’hostilité se font jour à l’égard des sportifs arborant le drapeau bleu et blanc frappé de l’étoile de David, et c’est tant mieux. Idem pour les athlètes palestiniens, d’ailleurs. La trêve olympique, en somme. Peut-on s’en plaindre ? Sûrement pas !
Dans Le Figaro du mardi 6 août, Renaud Girard fait le même constat, de façon plus politique et géopolitique, et nous rappelle que, même en République, la France est capable de grandes choses : cela peut, doit être même, une leçon pour demain ! Je n’ai de cesse de citer, justement, la fameuse exclamation de Pierre Boutang, ce fils prodigue de Charles Maurras : « La France finie ? Mais non ! Ils finiront avant, ceux qui le disent. Qu’ils se souviennent qu’ils sont mortels et qu’ils nous foutent la paix avec la France finissable ou finie ! Même par eux, elle ne finit pas ! ». Après tout, n’est-ce pas une heureuse déclinaison de la formule maurrassienne : « Le désespoir en politique est une sottise absolue » ? Et la bonne tenue, jusqu’à ce jour, des Jeux Olympiques est aussi le résultat du colbertisme français, selon le chroniqueur du Figaro : « A l’occasion de ces Jeux de Paris, les Français ont montré au monde qu’ils avaient une administration sachant encore travailler, à l’image de celle des générations précédentes qui a imaginé, conçu, exécuté, le remarquable plan Messmer du 6 mars 1974. Ce gigantesque plan d’électrification nucléaire de la France (que des écolos irresponsables ont torpillé sans parvenir à le couler) a donné à notre pays une indépendance énergétique précieuse dans un monde géopolitiquement compliqué, tout en réduisant drastiquement nos émissions de CO2. A la fin du siècle dernier, beaucoup d’intellectuels français, au libéralisme mal digéré, se sont mis à se moquer du colbertisme. Autodénigrement ridicule : le monde entier admire les réalisations du colbertisme français. » Acceptons-en le constat alors, mais en regrettant que ce colbertisme soit parfois si mal assumé par l’Etat contemporain et si mal défendu face aux oukases de la Commission européenne qui n’a ni les mêmes ambitions, ni les mêmes principes, bien au contraire ! « Ces Jeux 2024 ont prouvé que les Français n’étaient pas condamnés à la désunion, à la paresse et à la résignation. Ils sont encore capables de relever des défis, de faire de grandes choses, à l’exemple de leurs ancêtres qui ont bâti Notre-Dame, le château de Versailles, la tour Eiffel et le Grand Palais. » Oui, c’est bien cela : la France n’est pas finie, et c’est tant mieux ! N’en déplaise aux tristes sires qui voient dans chaque drapeau tricolore brandi l’ombre d’un passé dépassé… La France vibre, la France vit !
Ce qui est tout aussi certain, c’est que, malgré les difficultés de notre pays, qu’elles soient politiques (institutionnelles ?), économiques ou sociales (et nous en reparlerons dans quelques jours, une fois la fête finie…), il existe une forte résilience française. Mais la joie de vivre (qui est aussi liée à notre civilisation et à la conscience d’être un « grand peuple », au sens national du terme) n’empêche ni la réflexion ni la critique de ce pouvoir qui, aujourd’hui, s’exhibe à côté des gagnants du jour pour éviter d’avoir à penser ses défaites passées et à venir… « Sous la plage, les pavés » ? Profitons de l’instant présent, sans négliger les défis et les conflits de demain…