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Viktor Orbán : « Make Europe Great Again »

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Thibaud Gibelin

D’abord la guerre a été comme la pilule rouge dans le film Matrix : il donne à voir la réalité crue, implacable. Le voile des idéologies, les distorsions médiatiques et autre dissimulations politiciennes se dissipent. Viktor Orban en tire plusieurs observations.

  • La Russie comme l’Ukraine trouvent dans cette guerre la justification de leur existence. Les parties détiennent leur vérité, perçue ou réelle, et n’abandonneront pas la guerre. Donc la paix ne peut être apportée que de l’extérieur.
  • Le principal rival des États-Unis serait la Chine, pourtant c’est contre la Russie que l’Occident mène une guerre par procuration. Nous devons en déduire les véritables priorités de la puissance américaine.
  • Viktor Orban reconnaît l’exceptionnelle résistance de l’Ukraine et l’héroïsme de ses soldats. La Hongrie n’est pas « pro-russe », elle défend son intérêt national, reconnaît la force de l’Ukraine mais observe que la guerre totale est une impasse calamiteuse.
  • La Russie n’est pas le pays chaotique, désorganisé et rigide que l’Occident s’obstine à mépriser. Sa capacité d’adaptation est remarquable. Nous devons compter avec.
  • Analyse de l’effondrement de l’autonomie européenne qui fait passer l’ère Chirac-Schröder pour une belle époque. L’axe Paris-Berlin est remplacé par Londres-Varsovie-Kiev, conforme à l’intérêt américain. Viktor Orbán met les pieds dans le plat sur la destruction de North Stream.
  • L’Occident a perdu son autorité sur la scène internationale. Une époque est révolue. Il faut donc pour l’Europe trouver sa propre voie, définir ses objectifs stratégiques. « Make Europe Great Again» de manière autonome vis-à-vis de l’Amérique. Une déclaration historique !
  • Une autre déclaration historique. L’universalisme conjoint à l’expansion planétaire occidentale des cinq derniers siècles est caduque. Il y a désormais « deux soleils dans le ciel ». Dans cette réalité nouvelle, nous devons nous libérer de l’idéologie pour redevenir rationnels.
  • Implications idéologiques : l’universalisme détruit les conditions d’existences de la nation ; déni de l’État-nation comme forme historique des peuples ; finalement rupture anthropologique entre l’Europe centrale et de l’Ouest.
  • Trump comme ultime tentative de ramener l’Amérique au rang de Nation ; l’histoire est donc ouverte. La leçon que donne Viktor Orbán à l’Europe est que la conscience identitaire nationale et civilisationnelle est la base de toute puissance et de toute souveraineté.
  • La sécession des élites vis-à-vis du peuple implique la fin de la démocratie représentative. Bruxelles est le point d’appui d’une pseudo-élite globale qui entraine l’Europe dans l’abîme d’un universel nihiliste. Les « Patriotes pour l’Europe » sont persona non grata au Parlement européen.
  • L’idéologie dominante en Occident est devenue une machine à perdre, un boomerang qui nous frappe en plein visage. Et le meilleur levier d’influence de la Russie à notre détriment. Il ne suffit pas de repousser cette folie, il faut la remplacer en puisant dans la tradition.
  • Après cette première partie sur le monde tel qu’il est, Viktor Orbán se penche sur les conséquences générales. Le premier élément est l’avènement d’un monde post-occidental, soit la fin d’une ère ouverte par les grandes découvertes.
  • L’Europe est à l’heure des choix : soit le « musée à ciel ouvert » (ce à quoi elle consent aujourd’hui), soit renouer avec la puissance : autonomie stratégique, compétitivité économique, réconciliation avec la Russie, autosuffisance énergétique, etc.
  • Puis Viktor Orbán s’étend sur la position de la Hongrie dans la bascule en cours. Ce changement est plutôt à l’avantage de l’Europe centrale qui doit y trouver sa place en tant que région culturelle cohérente. L’Europe centrale peut imposer le maintien de ses spécificités à l’Union européenne.
  • La perspective est ouverte pour une grande stratégie hongroise couvrant trente ans afin que la nation s’insère avec succès dans le monde qui se dessine. Ce qui implique la formation dès maintenant de l’élite nationale qui mènera ce projet à bien (démographie, ruralité, etc.).

Source : site Eléments

http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2024/08/12/viktor-orban-make-europe-great-again-6510244.html

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