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Moi et le chaos : Macron à la manœuvre

Moi et le chaos : Macron à la manœuvre

Notre pays s’enfonce dans le chaos politique. La France n’a plus qu’un gouvernement démissionnaire et fait pire que sous la IVe République, avec cette différence qu’à cette époque il y avait encore un État et une industrie pour faire fonctionner le pays. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Macron le destructeur peut désormais ajouter à son tableau de chasse un nouveau massacre : celui de la Ve République.

Le grenadier de la république

Macron a tué la Ve République en dissolvant l’Assemblée nationale au lendemain de sa défaite aux élections européennes et en organisant des législatives dans la précipitation, sinon en violation du code électoral. Des législatives dont il refuse ensuite les résultats.

Ce faisant, il se serait vanté, si l’on en croit Mme von der Leyen, d’avoir lancé une « grenade dégoupillée » dans les jambes des partis politiques.
Un propos quand même incroyable dans la bouche d’un président de la République, mais révélateur du personnage.

Une triple violation

Lors des législatives, une majorité d’électeurs ont voté pour la gauche, LFI, ainsi que pour le RN et ses alliés. Mais le président de la République a décidé d’ignorer ce résultat.

Ce faisant, il s’est rendu coupable d’une triple violation de nos institutions :

  • d’abord, il diffère la désignation d’un nouveau gouvernement issu des élections, prolongeant au-delà du raisonnable les pouvoirs de « ministres démissionnaires », nouvel OVNI politique macronien. Des ministres dont certains ont au surplus été élus à l’Assemblée nationale et cumulent donc des fonctions incompatibles. Ce faisant, il prive la France d’un gouvernement qui est pourtant censé « déterminer et conduire la politique de la nation » aux termes de l’article 20 de la Constitution ;
  • ensuite, il s’arroge le pouvoir de discriminer les votes et les élus de mouvements qui ont pourtant rassemblé une part importante du corps électoral. Le RN d’abord a fait les frais de cette discrimination sous le prétexte que les Français n’auraient pas voulu qu’il accède au pouvoir, ce qui est quand même bizarre pour un parti qui a rassemblé près de dix millions de suffrages. Ensuite c’est au tour de LFI de se voir infliger cette éviction, ce parti faisant l’objet d’une campagne tenace de diabolisation du fait de ses positions pro-palestiniennes, détournée à des fins de politique intérieure ;
  • enfin, Emmanuel Macron veut imposer la création d’une majorité artificielle qui lui convienne, situation qui est à l’origine du blocage politique actuel puisqu’une telle majorité de rencontre se heurterait inévitablement à des motions de censure et aurait le plus grand mal à faire voter un budget. Les candidats crédibles pour incarner cette majorité Potemkine ne se pressent évidemment pas dans ces conditions !

Un coup d’État institutionnel

En réalité, Emmanuel Macron conduit un véritable coup d’État institutionnel, mené dans la chaleur de l’été et l’euphorie des JO, avec certaines complicités.

Celle des médias, comme d’habitude, qui font tout pour dédramatiser la situation. On nous explique par exemple que le président « prendrait son temps », qu’il serait « maître des horloges » ou que la France sans gouvernement « battrait le record » de la IVe République, bref, qu’elle mériterait sans doute une nouvelle médaille…

Mais avec aussi, il faut bien le dire, la complicité d’une « droite » de plus en plus marginalisée, ce qui est aussi l’enseignement de ces dernières élections.
Une droite dite républicaine qui préférait voter pour un communiste ou pour LFI que pour le RN, et qui nous explique maintenant que LFI serait un parti infréquentable… En attendant d’aller picorer les miettes dans ce qui reste de la gamelle macronienne.

Mais on ne peut passer sous silence aussi l’étrange apathie du RN qui encaisse sans réagir toutes les discriminations dont il est l’objet. À croire que ce mouvement n’existerait plus que le temps des élections. Alors que LFI ne se résigne pas et ne se cache pas d’envisager différentes répliques : motion de censure, manifestations et destitution…

Adieu, la Ve République

L’attitude d’Emmanuel Macron n’a évidemment plus rien à voir avec l’esprit de la Ve République.
Certes, celle-ci consacre la primauté de l’exécutif ; mais c’est sous la réserve expresse que celui-ci incarne la volonté populaire et que le peuple, source de la souveraineté, soit régulièrement consulté.
Or la France ne remplit plus ces conditions.

D’abord parce que les transferts de souveraineté à l’Union européenne vident de son sens la souveraineté nationale ; ensuite parce qu’Emmanuel Macron reste un président impopulaire et parce que le Parlement ne reflète plus que très imparfaitement la réalité politique du pays. A fortiori lorsque le président proclame sa volonté d’ignorer une grande partie de l’opinion sous prétexte de rejeter les « extrêmes ».

Enfin parce que le référendum n’est plus utilisé et que le gouvernement des juges l’emporte sur la volonté populaire.

Moi et le chaos

À une situation économique et sociale désastreuse, un endettement catastrophique et une insécurité galopante, Emmanuel Macron vient donc d’ajouter une crise politique et institutionnelle.
On peut donc légitimement s’interroger sur les fins qu’il poursuit vraiment.

La situation est-elle tout simplement en passe de lui échapper, comme notre dette a échappé au Mozart de la finance ? C’est possible.
Ou bien Emmanuel Macron souhaite-t-il profiter d’une crise générale pour imposer, par le recours à l’article 16, sa dictature légale, à laquelle la répression continue de la liberté d’expression dans notre pays semble nous préparer ? Solve et coagula n’est-il pas le mot d’ordre de l’oligarchie ?

De Gaulle en 1965 disait : « Moi ou le chaos. »
En 2024, avec Macron, nous avons de grandes chances d’avoir les deux à la fois.

Michel Geoffroy 31/08/2024

https://www.polemia.com/moi-et-le-chaos-macron-a-la-manoeuvre/

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