Certes, pauvres de nous, nous ne votons pas aux élections présidentielles américaines. Mais celles-ci nous concernent car la France et l’Europe sont embarquées, de gré ou de force, dans le grand pandémonium occidental. Trump ou Harris, les États-Unis défendront toujours leurs intérêts de puissance impériale. Mais, Trump ou Harris, deux visions s’affronteront sur la guerre et la paix, l’ouverture ou le contrôle des frontières, le délire wokiste ou le réalisme conservateur, la censure ou la liberté d’expression. Harris part avec un avantage. Mais tout n’est pas joué.
Des sondages en faveur de Kamala Harris ?
Chaque matin ou presque, les commentateurs des médias de grand chemin ne peuvent dissimuler leur soulagement de savoir Kamala Harris en tête dans les sondages devant Donald Trump. Il est vrai que la dégradation de l’état mental du président-candidat démocrate Joe Biden et sa misérable performance lors du débat du mois de juin dernier ne laissaient aucun doute sur l’issue de l’élection. De fait, Donald Trump menait de plus de deux points (en pourcentage) dans les principaux sondages nationaux américains.
Aujourd’hui, les sondages donnent Kamala Harris en tête avec entre un à deux points et demi d’avance sur Donald Trump. Mais, sans vouloir jouer les rabat-joie, ceci ne veut pas dire grand-chose, car le système électoral américain est indirect. En effet, le président américain est élu par un collège de grands électeurs, sélectionnés par État. Leur nombre dépend du nombre de « députés » et sénateurs de chaque État, avec la particularité que le candidat qui arrive en tête empoche la totalité des grands électeurs (sauf dans le cas du Maine et du Nebraska qui ont subdivisé leur représentation en districts, afin d’offrir une représentation plus proportionnelle).
Il convient donc de regarder les sondages État par État, ce que je vais faire ici, sans correction « au doigt mouillé », mais en classant les États par catégorie : SOLIDE (si l’un des deux candidats mène par plus de 10 % dans les sondages de son État), PROBABLE (si l’un des deux candidats a un avantage entre 2 et 9 % dans les sondages de son État), et enfin PIVOT si l’écart entre les candidats est inférieur à 2 %.
Vous verrez ainsi que la situation est bien différente de celle que l’on vous sert dans les journaux ou à la télé.
Les États acquis aux deux candidats
États SOLIDES en faveur de Kamala Harris (le nombre de grands électeurs est indiqué entre parenthèses après le nom de l’État) : Californie (54), Oregon (8), Washington (12), Hawaï (4), Vermont (3), Connecticut (7), New Jersey (14), Delaware (3), Maryland (10), Rhodes Island (4), Massachussetts (11), District of Columbia (3), New York (28), Illinois (19), et Colorado (10).
Ce qui nous donne un total de 191 grands électeurs en faveur de Kamala Harris.
États SOLIDES en faveur de Donald Trump : Utah (6), Idaho (4), Montana (4), Wyoming (3), North Dakota (3), South Dakota (3), Nebraska (4/5), Kansas (6), Missouri (10), Oklahoma (7), Arkansas (6), Kentucky (8) West Virginia (4), Tennessee (11), South Carolina (9), Mississipi (6), Alabama (9), Louisiane (8), Indiana (11), Ohio (17), Iowa (6), second district du Maine (1), Floride (30) et Alaska (3).
Ce qui nous donne un total de 179 grands électeurs en faveur de Donald Trump.
Les États qui penchent fortement vers un candidat
États PROBABLES en faveur de Kamala Harris : Virginia (13), New Hampshire (4), New Mexico (5), Wisconsin (10), Maine (2), Nebraska 2e district (1), et le Minnesota (10) qui est l’État de Tim Walz, le vice-président de Kamala Harris, et qui devait donc quand même le sécuriser pour le ticket démocrate.
Ce qui nous donne un total de 236 grands électeurs en faveur de Kamala Harris (191 + 45).
États PROBABLES en faveur de Donald Trump : le Texas (40).
Ce qui nous donne un total de 219 grands électeurs en faveur de Donald Trump (179 + 40).
Les États pouvant basculer
Les États PIVOTS restent donc : la Pennsylvanie (19), la Géorgie (16), le Michigan (15), l’Arizona (11) et le Nevada (6).
Et les sondages donnent les résultats suivants (par nombre de grands électeurs) avec des écarts parfois extrêmement faibles :
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Actuellement en faveur de Donald Trump : Pennsylvanie (19), Michigan (15), Arizona (11). Ce qui lui donne un total de 179 + 40 + 45 = 264 grands électeurs en faveur de Donald Trump, alors qu’il en faut 270 pour gagner les élections.
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Actuellement en faveur de Kamala Harris : Nevada (6). Ce qui lui donne un total de 242 (191 + 45 + 6 = 242).
Quant à la Géorgie (16), elle est, comme disent les Américains, « too close to call », « trop incertaine pour trancher ». La campagne n’est donc pas finie, et va s’intensifier sur les cinq États pivots, et particulièrement la Pennsylvanie, la Géorgie, et le Michigan.
Les lecteurs qui voudraient s’amuser à jouer à l’élection américaine peuvent aller sur le site 270towin.com qui propose une carte interactive où l’on peut essayer toutes les combinaisons possibles. À vous de jouer. Quant à moi, je vous donne rendez-vous dans une quinzaine de jours, avec les dernières prévisions.
Frédéric Éparvier 18/09/2024
https://www.polemia.com/donald-trump-face-a-kamala-harris-etat-des-lieux-et-pronostic/