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À pied d'œuvre...

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Nous sommes donc parvenus, au soir de ce 30 septembre, à la veille de la rentrée parlementaire et d'un discours très attendu dit de politique générale. On va voir, paraît-il ce qu'on va voir, on s'apprête donc à entendre ce qu'on va entendre, et comme dit le bon sens populaire, cela ne nous empêchera pas de penser ce qu'on pense...

Tout ceci vient au terme d'une période inédite qui laissait le commentateur objectif sans voix. On n'avait pas vu l'équivalent depuis la fondation de notre Cinquième république, et même ses devancières, la Troisième comme la Quatrième n'avaient rien connu de pareil. Pendant 3 mois, la France s'est trouvée pratiquement à la dérive, sinon sans gouvernement puisque l'équipe démissionnaire, impuissante, restait physiquement en place.

On notera que, pendant cette période, beaucoup de Français se passaient assez bien des oukases et foucades du gouvernement.

Ne revenons pas sur les épisodes et les palinodies, entre les quelques 11 ou 12 groupes de députés, on ne sait plus. La moins mystérieuse des formations n'est pas l'indéfinissable petit groupe LIOT souvent présenté comme charnière nécessaire des combinaisons majoritaires possibles.

Souvenons-nous en revanche de l'élément déclencheur qui amena le président Jupiter à jeter sur l'Assemblée la foudre de la dissolution : au soir du 30 juin, il s'est montré contrarié du résultat des élections européennes. Reflet proportionnellement assez exact de l'opinion nationale, ce scrutin pouvait paraître désobligeant pour les candidats du pouvoir, puisque ceux-ci se trouvaient battus, à plate couture, par ceux des oppositions.

Le premier tour des élections législatives anticipées, qui a suivi une semaine plus tard a confirmé l'état d'esprit des Français qui ne votent plus pour le camp présidentiel qu'à moins de 30% et encore non par adhésion mais par crainte des extrêmes.

Rétablir l'ordre et, au fond, appliquer les lois plutôt que d'en voter de nouvelles pourrait sembler un programme presque satisfaisant : pas sûr que le gouvernement s'y prête. Composé de 39 membres que le public serait bien incapable d'énumérer, à moins de connaître par exemple, chose rare, 39 fables de La Fontaine, il va très vite montrer ses contradictions internes. Celles-ci ne sont pas seulement dues aux personnalités ministérielles que tout le métier du Premier ministre pourrait concilier : il y est bien parvenu au sein de l'Union européenne lorsqu'il a fallu construire un front unique face aux négociateurs britanniques. Mais en fait ce sont des administrations qui s'affrontent, des bureaucraties et des technocraties, en particulier les membres de la magistrature syndiquée et les états-majors des forces de l'ordre, et plus encore les gens de Bercy, les « Mozart de la Finance » qui se croient investis, depuis l'époque de Giscard d'Estaing, de la direction de l'économie, mais aussi les technocrates de la santé publique, etc.

L'un des principaux obstacles viendra du Mammouth de l'Education dite, par goût de l'antiphrase sans doute, « nationale ». En 2023, il était, avec 82,4 milliards d'euros en 2023, en hausse de 5,9 % par rapport à 2022, le plus gros budget de l'État ; c'est, avec 1,2 million de fonctionnaires dont quelque 800 000 enseignent, une bureaucratie tentaculaire.

Pour quel résultat désormais ?

Les études les plus mesurées montrent qu'un élève du privé coûte 30 % de moins que son homologue du public. C'est donc aussi une des pistes de réduction de la dépense publique la plus sérieuse pour un pays qui caracole en tête des gaspillages démagogiques, prélèvements obligatoires plus endettement pour financer les déficits.

Or, on peut remarquer que Mme Belloubet en quittant son ministère a déclaré que ses besoins n'étaient pas couverts, préparant le terrain à la mobilisation des syndicats et savonnant la planche de son successeur. On a donc nommé, pour les affronter, une ministre parfaitement novice, élue macronienne des Français de l'Etranger, Mme Anne Genetet qui fut, certes, professeur de cuisine pour les expatriés à Singapour : encore une aimable inconnue qui mériterait sans doute de le rester.

Aujourd'hui à pied d'œuvre il faudra beaucoup de talent à Michel Barnier pour surmonter les obstacles que le président de la république a multiplié sur sa route.

Jean-Paul Sartre aimait à dire qu'il ne faut pas désespérer Billancourt. Le chroniqueur objectivement n'est pas sûr, quant à lui, que le funeste Sartre ait eu raison une seule fois dans vie.

https://www.insolent.fr/2024/10/a-pied-doeuvre.html

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