Ce matin, sur CNews, le journaliste du Figaro, dans son édito politique, a étrillé de belle manière le « Mozart de la finance » aux 900 milliards de dette supplémentaires en sept ans. À lire ci-dessous et à écouter sur le site de la chaîne d’information en continu. Cliquez ici.
« Après l’ère de l’hyperprésident Nicolas Sarkozy, après la présidence normale de François Hollande, Emmanuel Macron rêvait d’un style jupitérien. Avec cette référence, il aspirait à se hisser au-dessus des fracas politiciens, tel un dieu souverain imposant une verticalité du pouvoir, un président stratège, visionnaire, intouchable, qui plane autour des fracas quotidiens, des pressions quotidiennes…
Mais sept ans plus tard, la réalité est tout autre. Emmanuel Macron, le président jupitérien donc, semblait plus isolé que jamais dans son propre palais, déconnecté du pays qu’il est censé gouverner. Le roi est nu. La fameuse dissolution de l’Assemblée nationale, acte de bravoure devenu boulet, n’a fait que précipiter cette chute. Depuis cet instant, Emmanuel Macron n’est plus qu’un résident de la République. L’homme qui devait incarner le pouvoir suprême semble perdu dans un monde parallèle, jouant au président tout en ratant la réalité du terrain et du pays. Il semble ne s’être jamais remis de cet échec politique.
Mais cette tour d’ivoire dans laquelle Emmanuel Macron s’est enfermé ne date pas d’hier. La solitude du pouvoir, finalement, l’accompagne depuis la crise des gilets jaunes, amplifiée par son approche autoritaire et dédaigneuse des oppositions, sans parler de son manque de transparence, de sa déconnexion. Un détail criant de cette distance : l’agenda d’Emmanuel Macron invisible depuis pratiquement un an. À la Maison-Blanche, à Downing Street ou à Berlin, les plannings présidentiels sont publics et partagés avec les citoyens, tous les jours, toutes les heures pour la Maison-Blanche. À l’Élysée, le mystère est complètement total. Pour une démocratie, c’est un comble. Et les erreurs, en plus, se multiplient, y compris sur son domaine réservé, l’international. Dernier faux pas, quelques heures avant les hommages du 7 octobre, la semaine dernière, Emmanuel Macron qui a appelé à (…) cesser d’armer Israël. Stupeur générale alors que la France ne fournit pour l’instant que des armes défensives à Israël qui lui permettent notamment de composer son dôme de fer qui protège au quotidien nos compatriotes notamment franco-israéliens des attaques du Hezbollah. Donc, évidemment, c’était un timing douteux, tout le monde l’a dit. Mais encore plus douteux, c’est sa sortie sur la série Emily in Paris. (…) Le président s’est fendu d’une déclaration pour sauver cette série qui sera sans doute la grande cause nationale de 2025, afin qu’elle reste à Paris et ne parte pas à Rome. Le maire de Rome a lui-même dû intervenir pour recadrer le chef de l’État. Sur X, il dit : « Détendez-vous, Emmanuel Macron, Emily est très bien à Rome ». Ce n’est plus un président qu’on observe mais un chroniqueur télé en quête de buzz.
Sur le plan politique, la dissolution a fait des ravages. Emmanuel Macron tente de sauver les meubles en organisant des réunions au salon des Ambassadeurs de l’Élysée, mais l’amertume est palpable chez ses propres députés. Un député lui a balancé notamment, cette semaine : « Sept ans qu’on travaille pour vous et c’est la première fois que nous sommes conviés ici ». C’était une situation très tendue. Beaucoup n’ont jamais digéré les législatives catastrophiques ni l’état de désorganisation chronique du parti présidentiel. Bref, on navigue à vue, sans cap et sans boussole. Sur le terrain budgétaire, c’est évidemment le chaos. Le projet de loi de finances pour 2025 ressemble à une vaste entreprise de rafistolage où les économies s’annoncent douloureuses et les hausses d’impôts inévitables. Le procès en irresponsabilité est ouvert. Jean-François Husson, sénateur et rapporteur général du budget au sein de la Chambre haute s’interrogeait récemment sur, je cite « un grand mensonge d’État autour des finances publiques ». Bref, la question s’est : Emmanuel Macron aurait-il sciemment laissé filer la dette sans prendre les mesures nécessaires ? Le débat est ouvert. Et pendant que les Français se serrent la ceinture, l’Élysée, lui, ne se prive pas. Le budget de la présidence explose. Après un gros dérapage en 2024, le palais va connaître une hausse de 3 millions en 2025. Un terrible symbole. Ça peut paraître anecdotique, mais ça ne l’est pas du tout, notamment dans un contexte où on demande en effet à ce que les Français se serrent la ceinture, et où le président de la République est rejeté par 75% des Français. Bref, à leurs yeux, il n’est plus cet homme providentiel qu’il prétendait être. Le président s’égare dans des détails futiles alors que le pays attend des réponses claires aux crises majeures. Trop éloigné, trop solitaire, trop déconnecté, Emmanuel Macron paie aujourd’hui le prix de son isolement ».