Mardi 26 novembre 2024, à l’occasion d’un vote consultatif, les députés de l’Assemblée nationale ont majoritairement rejeté le Mercosur, source de toutes les inquiétudes chez les éleveurs et agriculteurs français, et au-delà, notamment en Allemagne. L’Assemblée a ainsi voté à 484 voix contre 70, approuvant le gouvernement français, qui est « contre la signature de cet accord tel que la Commission européenne l’envisage ».
C’est bien de s’opposer à cet accord commercial entre cinq pays d’Amérique du Sud – dont les membres permanents sont l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay, le Venezuela ayant été exclu en 2017 – et l’Europe, mais c’est un paradoxe, c’est-à-dire un « énoncé auquel on ne peut attribuer une valeur de vérité (vrai, faux) sans être amené à constater une contradiction » (dictionnaire Antidote).
En effet, voter contre le Mercosur et être pro-européen, comme la majorité des votants ce mardi, est digne du paradoxe du crocodile, rapporté par le penseur romain Quintilien et qui est le suivant : un crocodile s’empare du bébé d’une femme. Celle-ci le supplie alors de le lui rendre. Le crocodile lui répond que si elle devine ce qu’il va faire, il lui rendra son bébé. La femme dit alors : « Tu vas le dévorer ».
Le traité de libre-échange du Mercosur recèle lui-même un paradoxe majeur car, étant donné la distance séparant le continent européen de l’Amérique du Sud, ce serait une aberration écologique que de transporter des milliers de tonnes de denrées depuis l’autre bout du monde, alors que ces mêmes denrées sont produites sur le sol européen, dont français. À moins, comme l’affirme Sarah Knafo, que derrière cette histoire, comme d’habitude, les grands gagnants soient les Allemands, et les grands perdants nos agriculteurs, sacrifiés sur l’autel du libre-échange.
Et il faut aussi rappeler les conditions de culture et d’élevage pratiquées dans les pays membres du Mercosur, lesquelles sont sans aucun rapport avec les normes imposées aux éleveurs et agriculteurs français. Sans parler de la déforestation de la forêt amazonienne au profit de cultures intensives.
La question écologique semble pourtant majeure pour l’Europe, qui nous assène un catéchisme vert à longueur de temps, au point de programmer la fin du moteur thermique, qui se révélera être une catastrophe sociale pour les foyers isolés et donc les plus modestes, ces derniers n’ayant pas les moyens de se payer une voiture électrique fort coûteuse. Voilà donc un autre paradoxe !
N’oublions pas non plus la santé des consommateurs, à savoir nous, qui serions gavés de produits ne respectant pas le strict cahier des charges français en matière de culture et d’élevage. Par exemple, voir ainsi déferler sur l’Europe quelque 160.000 tonnes de bœuf gavé d’hormones n’est pas très rassurant, pas plus que ragoûtant.
Certes, certains secteurs de notre agriculture tireraient leur épingle du jeu, mais ils sont très minoritaires, dont les vins et spiritueux. Cela fera une belle jambe à l’éleveur limousin, au bord de la faillite de son exploitation, de savoir que les riches Sud-Américains achètent du Petrus ou de la Romanée-Conti !
Avec le traité du Mercosur, « le traité de libre-échange le plus important jamais conclu par l’UE » (dixit Le Monde), et si jamais il est signé, l’Europe démontrera une fois de plus qu’elle a imposé un mariage forcé aux Français, qui l’ont rejetée en tant que telle et la subissent pourtant. Encore un paradoxe !
La solution serait d’en finir avec l’Europe de Bruxelles et construire une Europe des Nations, comme le réclame le combatif Sébastien Béraud, mais nous n’en prenons hélas pas le chemin…