par Jean-Luc Maisonblanche
Il y a déjà longtemps que la France a quitté l’Afrique… Les investisseurs privés ont choisi d’investir ailleurs, parce que ces investissements sont bien plus avantageux et même vitaux pour l’économie française. En particulier dans les pays du golfe. Il ne restait plus que l’armée française pour stationner sur des bases militaires, qui n’ont pas qu’une utilité géostrategique, elles servent aussi de complément au dispositif spatial français en Guyane.
À l’approche des élections dans chacun des États francophones d’Afrique, les gouvernements préfèrent adopter une posture souverainiste et satisfaire une partie jeune de l’électorat, et sont flattés de voir que leurs salles d’attente sont remplies de courtisans empressés de succéder à la France : Russes et Chinois, mais aussi Américains, Turcs, etc.
C’est au tour du Tchad, après le Mali, le Niger et le Burkina Faso, et avant le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Gabon. Nous imputons aux méchants mercenaires russes la propagande anti-française. Mais qu’avons-nous fait pour la contrer ?
Les aides publiques au développement, le support apporté par les pouvoirs publics aux populations et aux diasporas ne pèsent plus assez lourd pour maintenir la présence militaire française en Afrique. Ceux qui, dans les rangs nationalistes français, ont penché en faveur d’un départ de la France d’Afrique francophone peuvent être satisfaits. La page se tourne, plus vite et plus fort que cela était redouté et avait été annoncé.
Et ces mêmes nationalistes abandonnent tout projet de puissance pour s’imaginer que le repli sur soi épargnera à la métropole les affres de flux migratoires incontrôlés. Nous voilà pris à notre propre piège et confrontés à nos contradictions.
Les ONG peinent à collecter des dons en faveur du financement de leurs actions dans ces pays d’Afrique francophone. Nous pressons les politiques de contrôler nos frontières et de rejeter les migrants non désirés venant de ces pays, mais nous avons du mal à en assumer les conséquences.
Nous avons raison de reprocher son absence de cap à l’actuel président, qui parle beaucoup mais n’agit pas, et qui zigzague sans cesse. Nous avons raison de nous lamenter sur les trahisons et les compromissions des Présidents Sarkozy et Chirac. Mais nous-mêmes avons tiré un trait sur cette Afrique francophone qui nous embarrasse. Nous travaillons déjà en anglais, nos étudiants et nos commerciaux pensent et parlent dans cette langue. Les meilleurs défenseurs de la culture et la civilisation françaises sont des mohicans africains, représentants de l’ancien monde qui disparaît. Pas étonnant que Boualem Sansal soit jeté en prison puisque nous nous soumettons de plus en plus à nos ennemis.
Pouvons-nous nous étonner que personne ne nous respecte si nous ne nous respectons pas nous-mêmes ? Au sein de notre propre maison, certains voudraient rompre avec « la plus grande France », ses mers, ses océans et ses trésors. Il est jusqu’à l’Église qui est, en France, pour préférer céder aux sirènes du monde et de la « modernité » plutôt que d’écouter et d’entendre les voix des évêques africains qui nous alertent sur cet abandon de notre identité. Les missions d’évangélisation de rue ont été freinées et parfois interrompues depuis les ravages subis du fait des scandales créés par les abus…
Nous avons un genou à terre. Profitons-en pour nous ressaisir et tourner le dos à ce vent de découragement et d’égoïsme mortifère. La France ne peut vivre que dans le rayonnement de sa langue, de sa pensée, de sa civilisation. Les camarades qui nous pressent de renoncer à cette grande France nous soufflent de fausses solutions. Se réfugier au fin fond de l’Auvergne ne nous protégera pas de notre décadence. Réjouissons-nous plutôt de ce que la France irradie encore et toujours sur tous les continents : avec les marins du Vendée globe qui font le tour du monde, soyons audacieux et persévérants.
Et parlons français, pensons français pour demeurer Français ! Tous les locuteurs de notre langue ont vocation à contribuer à ce rayonnement vital.
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