Arrivé tôt le matin, le Saint Père a été accueilli par l’évêque d’Ajaccio, le très charismatique cardinal François Bustillo, que l’on peut considérer comme l’artisan de la venue du pape en terre corse. Monseigneur Bustillo est un franciscain qui aime la piété populaire. François valide. Il a monté une visite papale magnifique. En voilà, de la piété populaire, avec ses processions toute l’année, ses 90 % de Corses qui se revendiquent catholiques sur l’île de Beauté, ses confréries bigarrées et séculaires, le Casone d’Ajaccio plein à craquer. Tout a été parfait.
François ne veut pas venir en France, aime-t-il à répéter. On comprend ce qu’il veut dire : ce qu’il n’aime pas (il l’a répété pendant cette visite), c’est la laïcité agressive, c’est l’opposition entre la République et le catholicisme. C’est ce qu’est devenu le pouvoir central. Emmanuel Macron est descendu rapidement, d’un coup d’avion, lui présenter ses respects et lui offrir un livre sur la restauration de Notre-Dame, à laquelle le souverain pontife n’avait pas jugé bon d’assister. Quand on a vu les bancs de la cathédrale, on a compris : qu’aurait fait le lieutenant de Dieu sur Terre entre Jack Lang et Elon Musk ? Il a donc fait venir Macron à lui. Un pape qui force un dirigeant français à venir le voir, alors que lui-même n’en a rien à faire : on n’avait pas vu ça depuis au moins le XIIIe siècle, non ?
C’est l’une des bonnes surprises de ce déplacement en Corse : la fierté identitaire des Corses semble avoir réveillé les meilleurs côtés du pape François. Il y a naturellement eu des polyphonies, des dames en mantille, des enfants qui récitent le Credo, des chœurs et des soutanes. Mais il y a aussi eu un pape heureux de voir cette population irréfragablement catholique, d’une manière très simple, sans complexes (il l’a dit lui-même) et très populaire. On comprend, en somme, l’agacement du Saint Père à voir qu’en Europe, le catholicisme est devenu un accessoire bourgeois du même acabit que le pantalon de couleur. La visite papale aura peut-être permis de lever les malentendus de la période Pachamama.
Les Corses méritent les remerciements du peuple de Dieu en Europe. Ils nous montrent l’exemple et ont mérité, par leur ferveur et leur fierté, d’accueillir le souverain pontife. Et, ce soir, je pense que beaucoup de continentaux, eux aussi, se sont sentis fiers d’être catholiques en voyant ce peuple pour qui la foi était une affaire si simple.
Arnaud Florac
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