Bayrou consulte les chefs de partis pour constituer son gouvernement, sauf LFI et RN. Le centriste dispose de 36 députés et compte sur sa position pour dégager une majorité, en comptant rallier donc la droite et une partie de la gauche. Le pari est risqué, pour ne pas dire suicidaire. On voit mal les communistes, 17députés, ne pas se liguer avec les LFI, 70 députés. Les 140 RN, avec Ciotti, n’auront que peu de mansuétude à l’égard du maire de Pau qui les ostracise une fois de plus. Que dire des écolos, 38 députés, qui ne devraient pas accorder une grande confiance à ce nouveau gouvernement, surtout si les noms qui circulent pour y entrer sont confirmés. Bertrand, Darmanin, Borne… on voit mal comment les 66 socialistes, pourraient défendre ces faux nouveaux venus et leur programme qui ne devrait pas être bien différents, en matière budgétaire au moins, du précédent… ce que nous écrivions précédemment au RPF. Le projet de budget Barnier risque bien d’être ressorti à la virgule près.
D’autant que Faure a déjà annoncé qu’il ne supporterait pas un gouvernement dont le premier ministre ne serait pas de gauche Que dire des 23 députés de LIOT qui ont fermement combattu le budget objet de la motion… Quant aux 10 non-inscrits… Bref en faisant le compte et sans préjuger des dissidences fortes au sein même des soutiens de Bayrou, on est très loin d’une majorité assurée. Dans le meilleur des cas il serait à une voix de la censure et c’est le scénario le plus favorable. On se demande bien ce qui anime les esprits de ces gens-là, pour systématiquement penser que sans majorité ils peuvent gouverner et surtout en affichant aussi peu d’originalité dans le choix des futurs ministres. Prendre ceux qui sont à l’origine de la débâcle financière et les remettre aux commandes, c’est faire preuve d’une cécité dramatique, ou se moquer des Français. Ou encore, cela peut être une stratégie de Macron : griller les premiers ministres les uns derrière les autres pour gagner du temps. On ne voit pas trop où ça le mène mais on sait que son profil particulier le prédispose à des stratégies qui échappent au commun et à la logique.
La méthode même de Bayrou dévoile l’échec futur qu’il pousse devant lui. Ses premiers pas dans la fonction sont déjà émaillés d’erreurs, de fautes comportementales et dans la foulée, il s’apprêterait à nommer des personnalités détestées des Français. Seulement 36% sont satisfaits de sa prise de fonction, soit environ quinze points de moins que son prédécesseur… et malgré cela, il s’obstine. En réalité il n’y a pas lieu de s’étonner. Macron l’a choisi, peut-être un peu forcé, mais aussi parce que les deux hommes cultivent la même tendance au déni de réalité. Il n’a pas gagné les élections mais pense qu’il peut gouverner, tout comme Macron. Par trois fois son camp a subi une sévère défaite, à peine tempérée par quelques arrangements de dernière minute, notamment avec les LFI, mais il ne frémit pas. Il n’a pas de majorité et fait comme si ce n’était pas le cas. Il a perdu, mais pour lui, dans son monde parallèle ce n’est pas possible. Bayrou est de la même trempe. Il pense pouvoir sans sourciller rallier à sa cause les socialistes, en recherche d’une nouvelle virginité, la droite dite classique, qui ne sait plus où elle se situe, se dit dans l’opposition, mais sans vouloir s’opposer, tout en criant au loup de temps en temps.
En pleine déroute intellectuelle, sans ligne de conduite si ce n’est l’éculée front républicain, qui serait défini par certaines lignes rouges dont eux seuls en déterminent les positions au gré des événements, quitte à sombrer un peu plus et à perdre le peu d’électeurs qui leur reste. Englués dans leurs contradictions, ils n’ont d’autre recours que de faire comme Macron, vendre la peur d’un chaos si jamais ils ne sont plus au pouvoir, même en rampant, même estropiés, mais l’important c’est qu’ils y soient. Lamentable, tout comme les dernières révélations sur l’ambiance de fin de règne qui s’est installée dans ce qu’on appelle maintenant « la cage aux folles », peuplée donc d’incapables dévoyés qui ne se cachent même plus puisque toute la presse, même subventionnée, en parle… mais laissons les couler. Cette constance de n’écouter ni les résultats des urnes, ni de tirer une conclusion de la censure, dénote un vrai problème psychologique de la part du personnel politique de notre pays. Les plus impertinents nous dirons, mais alors c’est quoi la solution ? Economiquement, le RPF a proposé une ligne d’économies budgétaires et un changement de paradigme pour les finances publiques. L’autre option est que Macron quitte ses fonctions, et ce n’est pas la première fois que nous l’écrivons. Qu’une élection présidentielle anticipée ait lieu, et que dans la foulée le scrutin des législatives soit modifié, non pas avec une proportionnelle qui ne résoudra rien, mais en adoptant celui des Britanniques, uninominal, majoritaire, à un seul tour. L’avantage de ce dernier, c’est que les arrangements se font avant, et non entre les deux tours, pour réajuster les tendances, voire masquer la volonté des électeurs. On ne peut pas continuer sur cette lancée. Si les hommes du passé, responsables de la gabegie que nous connaissons, sont inaptes à trouver des solutions pour régler les problèmes qu’ils ont créés, il en va de même de nos institutions. Elles ne fonctionnent plus en l’état, et ne seront plus performantes dans le futur, Macron les a détricotées, rendues stériles. Il faut en changer, et commencer par le mode d’élection des députés. En attendant il nous faut supporter le numéro de clown de Bayrou et son gouvernement attendu pour ce week-end… on craint le pire.
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Par Gilles La-Carbona : secrétaire national du RPF au suivi de la vie parlementaire
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