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L’arnaque Louis Sarkozy ou l’art de ne rien comprendre à l’Amérique de Trump

L’arnaque Louis Sarkozy ou l’art de ne rien comprendre à l’Amérique de Trump

Dans un monde où les vents politiques des États-Unis finissent toujours par souffler sur l’Europe, l’élection américaine de 2024 s’impose comme une leçon magistrale – ou un avertissement cuisant. Tandis que Donald Trump signe son grand retour, Louis Sarkozy, icône d’un centrisme mondialisé et inconsistant, se rêve en guide éclairé d’une France qui n’en demandait pas tant. Mais à force de singer les postures américaines sans en comprendre les fondamentaux, la droite française court le risque de répéter les erreurs du passé. Entre populisme triomphant et caricatures médiatiques, l’heure est à la lucidité – ou à la débâcle.

Cet article devait être originellement dédié à l’importance de l’élection américaine et aux leçons qu’il faudrait en tirer : la politique française, comme souvent, s’inspire de ce qui se fait outre-Atlantique. Qu’on le déplore ou qu’on s’en enthousiasme, il fallait, au moins, tenter d’empêcher certains de tirer les mauvais enseignements de cette élection. Tel est l’objet de la première partie de cet article. Puis, Louis Sarkozy s’en est mêlé. Rentré des États-Unis, il a occupé quelques semaines les plateaux télés, s’est fait remarquer par son verbe clair et sa fierté de descendre des Magyars ayant conquis les steppes… avant de déclarer qu’il ne voyait pas d’inconvénient à ce que la France fût brune et que Mohamed soit un prénom français comme un autre, tant que les Français buvaient du vin et payaient leurs impôts. Il est apparu, à ce moment-là, que, tout Américain qu’il soit, il n’avait sans doute rien compris à ce qui s’était joué – ou, pire encore, qu’il refusait d’en tenir compte. Pour cette raison, il est nécessaire d’évoquer aussi en profondeur son cas, et ce qu’il représente. Il faut, avant d’y parvenir, rappeler néanmoins l’essentiel à son sujet, pour ceux que les derniers jours n’auraient pas convaincus : c’est une arnaque, c’est une arnaque, c’est une arnaque.

Mais avant d’y venir, revenons à la dernière élection américaine. Il n’est pas surprenant qu’elle ait eu un tel retentissement : la personnalité magnétique de Donald Trump et l’importance des États-Unis justifient l’attention que chacun y a porté ; et il est à parier que nombreux seront ceux qui, à droite, tenteront de reproduire le succès indéniable du Parti républicain en analysant les causes de sa victoire.

C’est déjà ce à quoi on avait assisté en France après la première élection de Donald Trump, lorsque, d’une part, Nicolas Sarkozy avait renommé l’UMP en Les Républicains pour capitaliser sur une marque soudain attirante, et que Marine Le Pen, d’autre part, avait interprété l’année 2016 comme une révolte populiste contre l’élite néolibérale et mondialisée.

Cependant, ni Les Républicains ni le Front national n’ont triomphé en 2017, et la défaite de Trump en 2020 dans des circonstances troubles aurait pu tourner la page d’une nouvelle tentative française d’imiter les succès de la droite américaine.

La surprise de l’élection de 2024 remettra certainement au menu des stratèges français la « stratégie américaine », et il est fort à parier que, comme en 2016, ils seront incapables de comprendre les tenants et les aboutissants de la victoire de Trump. À cet effet, il paraît important d’insister sur quelques points où la droite française pourrait se méprendre, peut-être à dessein, si elle décidait d’appliquer cette fameuse stratégie lors des prochaines élections – sans doute pas l’élection présidentielle de 2027, mais plus probablement une élection législative anticipée en 2025. Après avoir évoqué ces incompréhensions, il sera également nécessaire de montrer quelles caractéristiques ont accompagné la victoire de Trump, et qu’il faudra sans doute chercher à imiter pour assurer à la droite française la construction d’une base électorale solide.

Le populisme multiracial et la fin du néoconservatisme

Sur ce sujet, qui ne devrait pas faire l’économie d’une étude approfondie, un court rappel historique est nécessaire pour comprendre l’évolution du Parti républicain au cours de la dernière décennie. Après la défaite de Mitt Romney face à Obama en 2012, les Républicains avaient conclu que leur défaite était due à un manque d’électeurs hispaniques, qu’on attirerait en cessant de parler d’immigration et en promouvant peu ou prou l’identité heureuse dans un cadre néolibéral.

En réaction à l’attitude élitaire des pontes du parti, le mouvement du Tea Party, populiste et anti-mondialiste, prit une ampleur considérable, et Ted Cruz, son chef de file, était pressenti pour être le candidat républicain en 2016, avant que Trump ne vienne jouer les trouble-fêtes, refusant le dogme multiracial qui considère les Blancs comme des racistes, et, soucieux des intérêts de ces derniers, s’opposant à l’immigration sans limites. C’est ce tournant majeur, la défense explicite des intérêts des Américains blancs (que beaucoup avaient fini par considérer comme des Américains par défaut, sans intérêts particuliers), qui permit aux Républicains de remporter l’élection, et qui déjà fut mal analysé par le Front national, persuadé qu’il saurait élargir sa base électorale au second tour en se dépeignant comme le parti de la révolte du peuple contre les élites néolibérales, en négligeant le pendant identitaire qui avait offert à Trump une très large proportion du vote blanc, et ce jusque dans des États ouvriers plutôt acquis aux Républicains. En d’autres termes, le Front national chercha à émuler la victoire de Trump, mais en n’appliquant que la moitié de la recette, avec le succès que l’on sait.

En 2024, Trump a réalisé le meilleur score républicain de l’histoire chez les Hispaniques, et il est probable que le Rassemblement national interprète ce résultat comme un pivot du Parti républicain vers une forme de populisme multiracial, qu’il cherchera à imiter en France pour emporter l’élection contre une gauche wokisée et élitaire. Pourtant, Trump n’a jamais fait campagne sur ces thèmes, et l’attention accordée à ce score hispanique exceptionnel éclipse le cœur de sa base électorale : les Blancs peu diplômés, qui sont près de 70 % à avoir voté pour lui.

Son programme, entre autres, consistait à promettre des expulsions massives d’étrangers illégalement présents sur le sol des États-Unis, la fin du droit du sol, le retour du Muslim ban et l’interprétation du Civil Rights Act de 1964 en faveur de la population blanche du pays ; c’est bien en dépit de ces promesses de campagne que le Parti républicain a réalisé son meilleur score depuis quarante ans chez les minorités. En mettant fin à la construction proactive d’une coalition multiraciale, Trump a recentré son parti sur les intérêts de la classe industrieuse blanche du pays, et c’est cette attitude qui lui a permis d’obtenir le soutien d’une frange de droite radicale sur Internet qui, en 2016 comme en 2024, lui a permis d’acquérir le statut d’icône mémétique et une popularité inédite. De cette frange radicale sont aussi nées des organisations qui ont permis au Parti républicain de solidifier son emprise et rajeunir ses cadres, au moment où de nombreux néoconservateurs quittaient la politique, tout en attirant des élites en rupture de ban avec le progressisme de leur classe et inspirés par une vision techno-optimiste et libertarienne de la société.

Un écosystème d’influenceurs et d’organisations

Il est notable, d’ailleurs, que se soit développé cet écosystème d’influenceurs et d’organisations parapolitiques qui, en labourant le pays plusieurs années à l’avance, ont réussi à développer une implantation solide, à obtenir de vraies victoires dans le domaine institutionnel et, enfin, à pallier la faiblesse du Parti républicain en termes de recrues compétentes. Un point sur lequel on s’accorde généralement est que Trump, arrivant au pouvoir en 2016, était désespérément mal entouré : par conséquent, il confia les principaux postes de son administration à cette élite néoconservatrice qu’il avait passé les six derniers mois à ridiculiser, parce que personne d’autre ne pouvait faire l’affaire. La victoire de Trump, à ce titre, avait plus d’importance pour ce qu’il avait pu dire et faire lors de la primaire, et ce qu’il dit et fit dans les trois derniers mois de sa présidence, que pour le reste. En 2024, le voici revenu au pouvoir plus fort que jamais : il sait qui sont ses ennemis, qui l’a trahi, mais aussi qui peut le servir. Il est entouré et soutenu par des gens capables d’accumuler des victoires significatives. Quelques exemples, pour s’en convaincre : Christopher Rufo mène une campagne acharnée contre le wokisme à l’université, notamment contre ses représentants qui se rendent coupables de plagiat de manière fréquente. À chaque professeur qu’il pousse à démissionner, il affaiblit un peu plus le carcan idéologique qui enserre l’université, mais il participe surtout à la décrédibiliser. C’est un travail de longue haleine et qui peut porter des fruits immenses.

Plus concret encore, les efforts de Charlie Kirk, qui a passé plusieurs années à animer Turning Point USA, machine à recruter des assesseurs, à encarter des électeurs et à porter la contradiction dans des temples de la gauche, ont permis de faire changer bon nombre de jeunes d’avis. Il est sans doute un acteur majeur de la victoire de 2024. Enfin, que serait une évocation des organisations parapolitiques sans évoquer Project 2025, qui a tant fait couler d’encre et dont une des branches était chargée de recruter des Américains compétents et idéologiquement compatibles, empêchant une redite de 2016. En permettant à Trump d’installer ses fidèles à tous les échelons du pouvoir, l’institution a permis que ses objectifs ne soient pas contrecarrés par ses ennemis au sein du parti, consolidant encore sa victoire.

L’enseignement que la droite française aurait dû tirer de la campagne de 2016 est le suivant : chercher à ressusciter un populisme, où droite et gauche s’unissent contre le néolibéralisme, est voué à l’échec. L’enseignement de 2024 est celui-ci : faire campagne sur un multiculturalisme apaisé et un dégagisme anti-élitaire sera le meilleur moyen de dégoûter les Français, choqués depuis près de trois ans par le niveau de violence anti-blanche du pays, et de s’aliéner la frange grandissante d’élites de droite qui lance des initiatives politiques visant à aider les partis de droite à accéder au pouvoir. L’hypothèse que la droite française puisse revenir à la tentation d’un mondialisme multiculturel et assimilationniste paraît tellement absurde qu’elle ne mérite même pas d’être considérée ici. Bien sûr, la France n’est pas les États-Unis, loin de là. Mais il faudrait être aveugle pour imaginer que le mythe Trump ne vienne pas agacer la psyché française, d’une manière ou d’une autre. Les conditions politiques ne seront jamais identiques, et pourtant, on voudra quand même s’inspirer de la victoire de Trump. Il n’y aura jamais de Trump français, et pourtant, chacun va rêver que ce sera lui. Si de tels rêves sont sincères, mieux vaut qu’ils s’appuient sur une analyse lucide et qu’ils soient nourris de leçons tirées correctement de la campagne de 2024. Cela évitera, au moins, d’avoir à parcourir le même chemin que Trump depuis 2015.

Amateurisme et grand écart, aux sources de la défaite de la gauche

Depuis le 5 novembre, la presse internationale et les politiciens de gauche s’arrachent les cheveux pour comprendre quel a été le problème de Kamala Harris et comment ne pas répéter ses erreurs. La France insoumise crie à tort et à travers qu’elle s’est couchée devant les centristes, et que, si elle avait proposé le programme de Jean-Luc Mélenchon, elle aurait probablement gagné. D’autres l’accusent d’avoir été trop à gauche, et d’avoir effrayé les Hispaniques traditionnellement conservateurs avec des propositions wokes. Ce débat est fondamental pour la réorganisation du Parti démocrate et la manière dont il abordera l’élection de 2028, mais n’a pas d’importance pour comprendre pourquoi Kamala Harris a perdu.

Sa défaite s’explique par la nullité de sa candidature, son absence de charisme, son absence de programme clair (à l’exception de quelques mesures phares telles qu’une super-taxe sur les riches et la légalisation de la marijuana) et une campagne improvisée en catastrophe, sans moments forts, sans vision pour l’avenir, avec quelques slogans creux comme seul relief. Il apparaît évident que Joe Biden aurait mené le Parti démocrate, sinon à la victoire, au moins à une défaite honorable, mais que l’insistance à le débrancher a conduit à l’une des pires défaites de la gauche depuis les années 80. Kamala Harris, imposée sans vote populaire, ne disposait d’aucune légitimité, et n’a servi, au fond, qu’à remettre sur le devant de la scène la nécessité d’un débat d’orientation du parti. Celui-ci, fragmenté et incapable de s’accorder sur la candidature de Kamala Harris, a même vu certaines de ses icônes rallier Donald Trump, actant le divorce des travaillistes isolationnistes d’avec les interventionnistes woke. Pour espérer regagner un jour la Maison-Blanche, le Parti démocrate devra donc résoudre cette crise d’identité et s’accorder sur un message central. Jusque-là, il continuera de perdre, parce que chaque aile du parti aura trop intérêt à faire échouer les autres pour les laisser mener la barque.

La victoire de Trump marque la fin d’une ère de domination néolibérale où le Parti démocrate, mené par Obama, avait construit une coalition électorale solide lui assurant une assise forte aux États-Unis. Avec l’érosion démocrate chez les Hispaniques (qui représentent le groupe avec la plus forte croissance démographique), c’est tout l’héritage Obama qui est remis en question, avec deux grandes tendances se dégageant pour l’avenir : une ligne qu’on pourrait décrire comme le pendant de gauche du trumpisme économique, proposant des mesures protectionnistes pour lutter contre la désindustrialisation et une politique travailliste pour renforcer le pouvoir des syndicats, bien plus faibles qu’en France, tout en reléguant à l’arrière-plan les combats sociétaux de la frange woke du parti. Cette ligne, originellement incarnée par Bernie Sanders, fut, dans une version centriste, celle de Joe Biden, et trouvera sûrement des héritiers dans la faction progressiste (au sens américain du terme) du parti, dont le poids ne cesse de s’accroître. L’autre ligne, probablement condamnée, représente la bourgeoisie urbaine et académique qui, enfoncée dans ses délires idéologiques et prisonnière de son attitude élitaire, finira par se recroqueviller et disparaître au fur et à mesure que font défection les grands patrons de la tech et les instances dirigeantes du monde universitaire. Face à ces défections, même un clientélisme racial flagrant en faveur des minorités ne pourra pas endiguer l’hémorragie. Insoumis de tous les pays, prenez-en de la graine.

Louis Sarkozy, le poseur de la droite

Comment, dans un sujet si américain, un obscur Franco-Américain au passé cosmopolite, que rien ne destinait à surgir au premier plan de la vie politique d’aucun de ces pays, peut-il soudain apparaître ? C’est qu’il est le fils d’un président de la République française et qu’à ce titre, il bénéficie d’une certaine aura et d’une bienveillance médiatique certaine. Revenu de ses errances à l’étranger, présenté comme un spécialiste des États-Unis, il a à son actif deux livres, une trentaine d’articles et une dizaine de passages à la télé. Par le passé, il a défendu la légalisation de la cocaïne, s’est affirmé fan des armes, est revenu sur cette passion, a violemment critiqué François Hollande à l’occasion des attentats du 13 novembre 2015, a proclamé sa fierté d’être un patriote américain plutôt que français, a conspué Trump « populiste » et « nationaliste » en 2020, l’a défendu pied à pied après son élection de 2024, a loué l’action d’Israël au Proche-Orient, a critiqué l’absence de femmes dans la hiérarchie ecclésiale catholique, qualifié le pari de Pascal « d’intellectuellement cheap » en y accolant une citation bien sentie d’un ponte du New Atheism, s’est fait défenseur du multiculturalisme…

On peine à retrouver, dans ce florilège de positions aussi éloignées les unes des autres que contradictoires, le symbole d’une « jeunesse qui se rebiffe », la nouvelle égérie de la droite libérale-conservatrice propre à soulever les foules. Sarko Junior est, au fond, un homme des aéroports, un boomer de plus, mou par définition, changeant son fusil d’épaule dès que c’est profitable, vaguement libéral, centriste « raisonnable », décidé à tout bouleverser pour ne rien changer, et dont la position la plus contestataire est la légalisation de la drogue. Et c’est cet animal-ci qui a fait sa « rentrée politique » et déchaîne les passions. Étonnante excitation, en réalité, tant il pourrait être un Michel Barnier en devenir.

À ceci près, cela dit, qu’il n’a ni parti, ni programme, et n’a pas annoncé à quelle élection il se portait candidat. Comment, donc, justifier que la presse de droite, dans un élan commun, lui consacre des articles par foison ? Il n’est, après tout, qu’un homme seul, au discours convenu. Mon concierge, être à la sagesse pénétrante, pourrait prétendre avec autant de légitimité à une égale attention de la presse… excepté qu’il n’est pas le fils de Nicolas Sarkozy.

Il s’est sans doute imaginé être le Trump français, a tenté de séduire l’extrême droite sur X en s’attaquant au wokisme et en brandissant ses ancêtres conquérants comme une médaille, puis, bien vite, a fait volte-face, comme dégoûté de chercher l’approbation de personnes si peu recommandables. Il défend maintenant – et qui sait s’il ne les a pas défendues tout du long ! – des positions diamétralement opposées, ravi que les immigrés viennent enrichir la France, tant qu’ils paient leurs impôts, persuadé sans doute qu’il pourra devenir l’égérie d’un parti de centre droit réunissant autochtones et allogènes. Louis Sarkozy ressuscite Mitt Romney, va mâtiner le tout d’un peu de gouaille chiraquienne, et représentera, en 2027 l’« alternative audacieuse », « le changement qu’on attendait » et « l’homme qui saura tourner la page ». Tout ceci, bien sûr, n’est que farce. Si n’étaient les efforts conjugués des journalistes de droite, Louis Sarkozy ne mériterait pas ces lignes. Mais il est inévitable que l’on tentera, d’ici la prochaine élection présidentielle, de déterrer des figures encore inconnues au sujet desquelles on pourra créer un enthousiasme artificiel. Emmanuel Macron fut le premier sujet de ce genre de campagne, qui peut dire si Louis Sarkozy n’est pas le prochain ? Si tel est le cas, alors la droite française n’aura décidément tiré aucune leçon de la victoire de Donald Trump, mais, puisque Sarko Junior agite la fureur aujourd’hui, autant en profiter pour rappeler les évidences.

Non, la France n’est pas une étable où les Français sont traits de leurs impôts, pourvu qu’ils portent bérets et baguettes, et boivent un verre de vin. Notre identité ne se limite pas à cette poignée de stéréotypes éculés et ne souffre certainement pas qu’on traite avec autant de légèreté le devenir de ceux qui la porte, les Français. De la même manière que Mohamed ne sera jamais un prénom français, jamais une France brune ne serait plus la France. Seul un homme aussi profondément déraciné et vendu à l’esprit du mondialisme moralisateur que le perpétuel expatrié Louis Sarkozy pourrait jamais défendre de telles positions. Qu’est-ce qui, au fond, le différencie de Jacques Attali ou de Raphaël Glucksmann ? Ils sont, comme lui, attachés à l’immigration, étant plus ou moins assimilationnistes à ce sujet, et tiennent à ce que se perpétue cet ordre mondial fondé sur la défense de la démocratie libérale et du sentimentalisme humaniste d’élites occidentales dégénérées. Bien sûr, s’ils lisaient ces lignes, ils nieraient avec véhémence, puis prendraient part à un débat d’idées sur BFMTV afin de montrer leur désaccord poli, et célébreraient les merveilles de cette démocratie où l’on peut s’opposer de manière civile et faire triompher l’intelligence – mais, au fond, personne n’est dupe : ils participent tous de la même vision du monde, où l’homme est un rouage interchangeable, bon à payer des impôts qui financeront la défense de la démocratie, qui en Libye, qui en Irak, qui en Afghanistan, projets vains où sont engloutis des centaines de milliers de vies, et pour quel résultat ? Peu importe, au fond, que le Français soit blanc, noir, musulman, parle même français, s’il paye ses impôts et aide à prolonger le statu quo international. Louis Sarkozy, déclinaison centre droit de cette vision du monde, réclamera seulement un peu d’assimilation et un verre de vin à la main. La France immortelle est sauvée.

Fin de règne pour le néolibéralisme

Avec la victoire de Trump, une page décisive a été tournée. Le vieil ordre néolibéral va disparaître : les États-Unis, recherchant l’intérêt de son peuple plutôt que celui de la démocratie sentimentale, vont le faire s’effondrer. Cette fois-ci, l’Europe n’aura pas l’excuse d’avoir cinq ou dix ans de retard : dès le 25 janvier 2025, des barrières douanières s’abattront sur ceux qui refusent de se plier aux nouvelles règles du jeu. En traînant des pieds, nous nous y plierons, mais le cœur n’y sera pas. Pas tant que Sarko Junior demeurera un homme politique crédible, en tous cas.

Nous avons accumulé, depuis 2008, un retard considérable sur les États-Unis. Voulons-nous, dans un futur proche, élargir cet écart en faisant de l’Europe le dernier bastion d’un néolibéralisme interventionniste et remplaciste, luttant envers et contre tout pour ne pas abandonner l’illusion que nous sommes encore au mitan des années 90 ? Allons-nous nous résigner à abandonner ces fourvoiements coûteux pour accepter d’entrer pour de bon dans le troisième millénaire, et renvoyer dans l’ombre cette idéologie nocive qui nous refuse l’instinct naturel de chercher d’abord notre intérêt propre ?

C’est, ironiquement, la figure de Louis Sarkozy qui permettra de répondre à cette question. Il n’est pas grand-chose, seul, mais il représente, avec d’autres de sa trempe, un certain espoir que le rêve éveillé des années 90 se prolonge, de la même manière qu’un héroïnomane voit la seringue comme l’espoir de quitter sa paillasse pleine de cancrelats et détrempée par la pluie pour retourner rêver de soleil. La droite est donc avertie : elle peut montrer qu’elle n’a rien compris à la victoire de Trump, qu’elle ne rêve que de perdre, et, en choisissant Louis Sarkozy, choisir de ne rien changer ; elle peut montrer qu’elle croit à la victoire, qu’elle n’existe pas pour se soumettre à la gauche, et tourner le dos à ces gens dont Sarko Junior, comme son père avant lui, est l’incarnation, et qui se préoccupent davantage de la manière dont la presse de gauche parlera d’eux que du bien-être de ceux qui les ont porté au pouvoir.

© Photo : LCI / Twitter – Louis Sarkozy.

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