Confrontées à la crise du logement, de plus en plus de personnes âgées se retrouvent sans domicile fixe. Prises en charge par des centres d’hébergement d’urgence, elles souffrent du manque de structures adaptées à leur perte d’autonomie ou leurs problèmes de santé.
Accoudé au coin de la table, la voix tremblotante, Marcel, 74 ans, prévient d’emblée : “je ne veux pas aborder trop longuement le sujet, parce que ça me fait mal.” Une fois lancé, il évoque pourtant sans détour les circonstances qui l’ont amené à pousser la porte du centre d’hébergement d’urgence Simone Noailles de Bordeaux.
“J’ai été expulsé de mon logement, pas pour un défaut de paiement, mais pour un défaut d’assurance habitation”, explique-t-il. En 2017, un dégât des eaux chez son voisin met en lumière sa situation, non conforme. Il se fait alors expulser. “À l’époque, je touchais le RSA et je n’avais pas les moyens de payer cette assurance. J’ai été viré manu militari. Il y a tout un système juridique qui se met en place et au dernier moment, l’huissier vous ferme la porte. Du jour au lendemain, j’étais dehors.”
Depuis, malgré 1000 euros de retraite par mois, Marcel mène “une vie d’errance chez des copains, à l’hôtel, en centre d’hébergement d’urgence“. Parfois même à l’hôpital. Il vient d’y passer un mois, dont une partie dans le coma. “Je pleurais tous les jours, j’avais peur de mourir, lâche-t-il entre deux sanglots. On m’a renvoyé comme un sauvage. Depuis ce temps-là, je galère. Avant, je n’étais pas trop malade alors j’arrivais à gérer. Maintenant, ma maladie fait que je suis plus vulnérable. Je suis en danger“.
Cette aide, Marcel l’a cherchée auprès des services sociaux, sans grand succès. “Il faut dire ce qui est, ils sont dépassés, un peu comme les hôpitaux. Il y a deux assistantes sociales pour cinquante gus et quand il s’agit de logement, il n’y a plus personne.” […]