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La souveraineté alimentaire française est-elle en voie de disparition ?

tracteur agriculture Grok
Depuis un an, les mouvements de révolte des agriculteurs ont remis le sujet de la souveraineté alimentaire au cœur des débats. Alors que 200 fermes disparaissent chaque semaine, en France, alors qu’un agriculteur se suicide tous les deux jours dans notre pays, l’association Terre de liens publie un rapport qui dénonce une souveraineté alimentaire en voie de disparition. Au Rassemblement national, si le constat est partagé, l’analyse diverge.

« La France produit pour exporter et importe pour se nourrir »

« En France, la surface de terres nourricières est réduite à 2.100 m2 par habitant quand il en faudrait le double pour nourrir une personne. » Conclusion : notre « prétendue souveraineté alimentaire est aujourd’hui réduite à une chimère politique ». Ce constat est établi par l’association Terre de liens qui, dans un rapport présenté lundi 17 février, souhaite attirer l’attention des pouvoirs publics. Tournée vers l’agriculture biologique, cette association, fondée il y a vingt ans, entend lutter contre la baisse de la surface agricole dans l’Hexagone et soutenir les paysans qui souhaitent s’installer ou transmettre leur exploitation. Aujourd’hui, elle appelle à « mettre en cohérence production agricole et besoins alimentaires, de toute urgence ». « Tandis qu’elle exporte la production de 43 % de ses terres (12 millions d’hectares), la France importe aujourd’hui l'équivalent de 10 millions d’hectares de terres (la surface de l'Islande) pour notre alimentation », peut-on lire dans ce rapport.

Deux exemples : le lait, d'abord. Nous exportons un quart de notre production pour importer, ensuite, 5 milliards de litres pour la fabrication d’aliments industriels. Le géant laitier Lactalis, notamment, importe du lait en poudre de Nouvelle-Zélande alors qu’il réduit sa collecte de lait en France, condamnant des agriculteurs à la faillite. Il en va de même pour les pâtes : les deux tiers de notre production de blé sont vendus hors de nos frontières alors que les trois quarts des pâtes consommées en France sont importés. Ce que le rapport résume ainsi : « La France produit pour exporter et importe pour se nourrir. »

« Les deux ne sont pas incompatibles »

Un constat ahurissant qui impose une réponse politique. Le Rassemblement national ne veut pas se résoudre à ce discours de « décroissance ». Contacté par BV, le député européen Gilles Pennelle (RN) insiste : « Les deux ne sont pas incompatibles. Quand on est une grande puissance agricole comme la France, on peut à la fois assurer sa souveraineté alimentaire et être une puissance exportatrice. » Le rapport de Terre de liens pointe la hausse des importations sans revenir sur la baisse des exportations. Ce qui est un non-sens pour le député mariniste : « Les exportations contribuent à la puissance de notre économie et au rayonnement français. Comme les vins et spiritueux ou notre fromage. C’est parce que nous ne sommes plus une grande puissance que nous ne pouvons allier exportations et souveraineté alimentaire. » Au RN, on préfère mettre en avant deux facteurs principaux à la crise agricole française : la concurrence déloyale qui pousse la grande distribution et l’industrie agroalimentaire à se tourner vers une production étrangère et « l’écologie punitive » que Gilles Pennelle dénonce avec force. En ligne de mire, le Green Deal, cet effrayant accord bruxellois et son cortège de normes et contraintes pour l’agriculture française.

Actuellement en lecture au Sénat, le projet de loi gouvernemental de « souveraineté en matière agricole » veut être une réponse à la colère des agriculteurs. Auprès de BV, le sénateur des Bouches-du-Rhône, Stéphane Ravier, réagit : « Le gouvernement qui porte ce texte ne remet pas en cause les dogmes décroissantistes, ne prévoit rien pour revenir sur l'auto-sabordage que constitue la surtransposition des directives en matière agricole et collabore avec le président de la République qui n'assure connaître que la souveraineté européenne. »

En matière écologique, Gille Pennelle aime souligner les contradictions qu’il constate chez les associations comme Terre de liens : « Ce sont les mêmes qui appellent à diminuer le cheptel bovin qui pollue. Or, moins de vaches veut dire moins de prairies, donc moins d’herbe, moins de haies, moins de biodiversité et plus de culture intensive. »

Lors des manifestations d’agriculteurs il y a un an, on pouvait lire ces mots : « Enfant on en rêve, adulte on en crève. » Le réveil tant espéré par le monde agricole ne s’annonce pas pour demain.

Yves-Marie Sévillia

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