
par Philippe Rosenthal
Les plans et les annonces du bloc pour se réarmer tombent à l’eau. Ursula von der Leyen, la présidente de l’UE et l’Estonienne Kaja Kallas, la haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et pour la politique de sécurité et vice-présidente de la Commission européenne, sont désarmées comme l’UE pour nourrir le «porc-épic d’acier».
«Un cessez-le-feu entre la Russie et l’Ukraine reste une perspective lointaine», constate The Economist. La publication anglophone note, par ailleurs, l’échec du plan de défense de l’UE : «Et l’Europe progresse lentement vers la création d’une force de réassurance pour soutenir [l’Ukraine]». «L’aide militaire américaine s’amenuise et elle sera bientôt totalement épuisée, sauf renouvellement par Donald Trump, ce qui paraît peu probable», poursuit le magazine financier qui signale, selon ses partisans : «la meilleure façon de garantir la sécurité de l’Ukraine, est de s’assurer qu’elle soit armée jusqu’aux dents, cessez-le-feu ou pas». À cette fin, la Commission européenne a présenté le 19 mars une «stratégie du porc-épic d’acier» pour l’Ukraine.
Au début du mois de mars dernier, Observateur Continental faisait savoir qu’«à l’issue d’un sommet à Londres sur la sécurité européenne et la guerre en Ukraine, Ursula von der Leyen, veut transformer l’Ukraine en un porc-épic d’acier». Ce concept est chanté en chœur par les responsables politiques de l’UE, mais il est déjà rouillé.
Kaja Kallas, la haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-présidente de la Commission européenne, et Ursula von der Leyen, ont , donc, présenté un livre blanc pour une défense européenne – Préparation à l’horizon 2030 le 19 mars dernier. Il était question d’un train de mesures ambitieux en matière de défense mettant à la disposition des États membres de l’UE des leviers financiers pour stimuler une montée en puissance des investissements dans les capacités de défense. L’objectif était de mettre en lumière le sous-investissement chronique et un manque de dépenses efficaces dans les capacités militaires de l’Europe.
«L’Estonienne a échoué à amener les ministres des Affaires étrangères à valider son plan d’aide militaire à l’Ukraine», rapporte La Libre, précisant que Kaja Kallas affirmait qu’«il y a un large consensus politique pour l’initiative de défense à 40 milliards et que le débat porte sur les détails». Pourtant le média belge stipule que «le plan à 40 milliards s’était (à la fin de la journée du 19 mars) mué en plan de 5 milliards d’euros, destiné à l’achat de munitions».
Ainsi, l’UE, selon Euronews, envisage un nouveau mécanisme de financement de la défense avec les pays tiers afin de renforcer la préparation militaire car les instruments de défense existants de l’UE n’ont pas l’ampleur et les incitations nécessaires pour combler les lacunes en matière de capacités et répondre aux défis croissants en matière de sécurité.
Les ministres des Finances de l’UE vont, ainsi, examiner ce vendredi et ce samedi à Varsovie une proposition visant à établir une nouvelle institution intergouvernementale appelée «Mécanisme européen de défense» (EDM) pour les prêts liés à la défense et la coopération avec des pays non-membres de l’UE tels que le Royaume-Uni, la Norvège ou la Suisse. Le mécanisme proposé reflète l’idée britannique récente d’un fonds de réarmement supranational impliquant des emprunts sur les marchés de capitaux et la centralisation des achats de défense afin de réduire les coûts.
Un document d’orientation du groupe de réflexion économique Bruegel, basé à Bruxelles, incluant la proposition de l’EDM, sera discuté.
L’UE veut un marché unique pour la défense. Le fonds proposé (EDM) ne nécessiterait pas la participation des 27 États membres de l’UE et il pourrait également étendre sa portée financière aux pays non-membres de l’UE et aux membres n’appartenant pas à la zone euro.
Les chercheurs de Bruegel affirment qu’actuellement le système de financement de la défense de l’UE n’offre pas les bonnes incitations pour répondre à la puissance militaire russe : «L’Europe est confrontée à une grave menace sécuritaire. Les déficits en matière d’équipements militaires européens sont considérables comparés à la montée en puissance militaire de la Russie».
Pour le groupe de réflexion économique, «le marché européen de la défense est fragmenté et fragilisé par des préférences nationales en matière d’approvisionnement, de faibles volumes de commandes et des écarts technologiques», alors que les États-Unis se retirent désormais de leur rôle de gardien de l’Europe.
Une plus grande coopération est essentielle pour combler les écarts technologiques et réduire les coûts de réarmement mais l’UE n’arrive pas à agir se limitant à organiser seulement des conférences.
source : Observateur Continental
https://reseauinternational.net/leurope-na-pas-les-moyens-de-nourrir-le-porc-epic-dacier/