Assa Traoré, sœur d’Adama Traoré et coqueluche médiatique, sort de sa boîte à chaque fois qu’un mort issu de la diversité fait la une de l’actualité, qu’il s’appelle Nahel ou Aboubakar, et que l’on peut accuser, au choix, la police supposée raciste ou un ministre de l’Intérieur réputé islamophobe. Dans une logorrhée laborieuse, mardi, à l’Assemblée, alors qu’elle accompagnait (à quel titre ?) la famille d’Aboubakar Cissé, ladite militante antiraciste - puisque c’est ainsi que la qualifie Wikipédia, comme si c’était un métier, validant par là l'existence d'un fonds de commerce - a du reste sciemment établi une confusion entre racisme et islamophobie, comme si votre couleur de peau était aussi votre religion. Les martyrs chrétiens nigérians apprécieront, mais gageons que de ces Africains persécutés là, Assa Traoré se moque comme de ses premières Louboutin.
Sandrine Rousseau
Le fourre-tout de la récupération est très large, tous les parallélismes sont permis, comme si un gendarme était en tout point semblable à un criminel d'origine bosnienne. Tout va bien. Pourtant, si l’on en croit le nom de son comité et l'inscription sur ses tee-shirts, son action visait à demander justice et vérité pour Adama. Il se trouve que la justice est passée et que la vérité a été dévoilée : les gendarmes ont bénéficié d’un non-lieu. Son activisme se retrouve donc sans objet. Que fait-elle encore là ? Penses-tu.
On notera, au passage, que son invitation à l’Assemblée émanait notamment de Sandrine Rousseau : ce n’est pas la première fois que la dame qui réclame à cor et à cri la déconstruction des hommes s’affiche avec cette promotrice de la polygamie. Il est vrai que ceux qui possèdent un gynécée ne sont pas construits du même bois que les hommes occidentaux auxquels le christianisme impose depuis des siècles de ne prendre qu’une seule épouse. Est-ce ainsi que Sandrine Rousseau - qui a fait brûler depuis longtemps son féminisme sur son barbecue personnel, il n’en reste que des cendres - envisage la reconstruction de la gent masculine occidentale ?
Si les communautés immigrées sont en possession de la France, c'est donc que les Français en ont été dépossédés ? Ah non, cette déduction logique n'est pas dicible, elle est même raciste ! Lorsque l’extrême droite avait pour slogan « La France aux Français », elle déclenchait de déchirants cris d’orfraie. Lorsque le FN scandait, dans ses meetings, « On est chez nous », les progressistes tombaient en pâmoison. Mais quand Assa Traoré, autoproclamée madone de la diversité, crie que la France est désormais aux immigrés, personne ne trouve rien à y redire.
Jean-Luc Mélenchon
En avril 2017, le philosophe et militant de la Ligue des droits de l’homme André Koulberg, dans les colonnes du Club de Mediapart, affirmait doctement que le « On est chez nous » des militants FN devait être vu comme « l’appropriation d’un espace public, comme s’il était un espace privé », alors même qu'« un espace public est pluraliste, il n’est la propriété de personne ». Mais que pense donc André Koulberg de la harangue véhémente d’Assa Traoré ? Sans doute beaucoup de bien, comme toute la gauche réunie qui n’a pas réagi.
Il est vrai qu’Assa Traoré ne fait que traduire à sa façon ce que Jean-Luc Mélenchon appelle de ses vœux : toujours à l’Assemblée nationale, le 14 mars dernier, lors d’un colloque organisé par les députés LFI Bastien Lachaud et Aurélien Saintoul, il avait déclaré « qu’il [était] bon et positif » de « remettre les clés de la maison partout où on peut, à commencer par notre propre pays », à « la jeunesse africaine », attendu que nous étions « un peuple de petits vieux ». (Qu’il parle pour lui.) Un cap avait été franchi. Plus question d’accueil de l’autre. Accueillir l’autre, c’est le laisser entrer chez soi, mais rester néanmoins propriétaire. Là, il y a eu remise de clés. La nouvelle France doit prendre possession de la maison France. Les discours lénifiants sur l’accueil et le partage, c’était bon à l’époque où l’on devait annihiler les réflexes de défense des boomers jadis catéchisés en faisant appel à de vieux réflexes de charité pour qu’ils acceptent d’ouvrir leur porte.
Que deviennent les « vieillards » français ? Est-ce qu’il partent en EHPAD très loin et cèdent la place, ou est-ce qu’ils restent reclus dans une chambre de la maison France en attendant de mourir ? Mélenchon ne le dit pas. Assa Traoré, « l’espoir du pays », non plus.