Chanteur enraciné, poète de la dissidence, Christoff BZH revient avec Les Mélodies interdites, un troisième album où se mêlent engagement, douleur intime et résistance lexicale. Entre bilan artistique, critique du monde moderne et appel à la réappropriation culturelle, il répond aux questions de Breizh-info.com avec la même liberté farouche qui habite ses chansons.
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Breizh-info.com : Le titre de votre nouvel album, Les Mélodies interdites, est très évocateur. Quelles « interdictions » ou quels « tabous » souhaitez-vous briser avec ce disque ?
Christoff BZH : Pour moi, le titre d’un album est très important et peut en quelque sorte conditionner une écoute. J’ai choisi pour ce troisième album une formulation sous forme d’un groupe nominal, tout comme je l’avais fait pour L’Armée du silence, qui, pour le coup, évoquait — entre guillemets — une sorte d’armée de réserve…
Je suis un troubadour, un artisan de la musique, un esprit libre certes, mais je ne suis pas médecin ou astronaute et je sais rester à ma place. Les Mélodies interdites renvoie à une forme de censure, toujours d’actualité, même si par certains aspects on pourrait croire que les lignes bougent ou ont bougé, mais à titre d’exemple, il me semble pertinent de rappeler que les castors et leurs fameux barrages ont toujours pignon sur rue…
Pour illustrer (le titre de) cet album, une phrase de mon premier album me vient à l’esprit : “Donneurs de leçons je vous méprise, du haut de ma plume les reins je vous brise.”
Breizh-info.com : Après L’armée du silence et Arcadia, quelle évolution artistique ou personnelle souhaitez-vous montrer avec ce troisième album ?
Christoff BZH : Avec ce nouveau méfait, j’ai essayé de ne pas tomber dans la redite et je me refuse à toute forme de clientélisme. Il y a des thématiques que j’ai déjà abordées, mais je n’ai pas (plus) de gages à donner quant à mon orientation politique. J’évoque ici de nouveaux sujets, comme la trahison, la séparation, entre autres, enfin, des choses inhérentes à la condition humaine…
Et d’un point de vue musical, je suis peut-être plus proche du premier album, en mode guitare-voix, quoique, je pense qu’une écoute au casque permet d’en saisir toute sa finesse.
Breizh-info.com : Vous parlez d’un « combat de réappropriation culturelle ». Quelle est, selon vous, l’urgence aujourd’hui pour défendre et revivifier nos identités culturelles ?
Christoff BZH :Alors, je vais être très succinct, très concis : il faut simplement exister, sans vouloir à tout prix chercher à s’excuser. Dans le titre « Je m’en vais » je m’adresse à une sorte d’entité mondialiste à laquelle je dis sans détour « Pour mieux leur expliquer ma France, pour mieux leur expliquer la France !!! » point.
Breizh-info.com : Le public a souvent souligné la richesse musicale de vos deux premiers albums, entre folk, rock et électro. À quoi doivent s’attendre vos auditeurs pour Les Mélodies interdites : un retour aux sources ou une nouvelle expérimentation sonore ?
Christoff BZH :Les auditeurs doivent s’attendre à du Christoff, pur beurre
Breizh-info.com : Dans vos précédents projets, vous avez toujours mêlé engagement et poésie. Cet album n’est-il pas plus intimiste finalement ?
Christoff BZH :Ma prose se veut toujours aussi tranchante et s’habille de poésie vengeresse, pour dire l’espoir d’un monde qui se refuse à la mort… Pour le côté plus intimiste, la vie fait que des sujets s’imposent de façon naturelle, à ce titre, sans mauvais jeu de mots, « Chemin de croix » est pour le coup bien plus personnel en effet, mais sans verser dans le pathos, du moins je l’espère….
Breizh-info.com : La crise sanitaire et la folie covidiste semblent avoir renforcé votre volonté de résistance culturelle, comme en témoigne votre clip réalisé pendant cette période. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur cette époque et son impact sur la création artistique ?
Christoff BZH :Disons que cette période folle faite de « connards masqués en bagnole » et autres joyeusetés a été pour moi, et pour beaucoup je l’espère, quelque chose de compliqué à vivre tant la symbolique était prégnante… Le titre Coronafolie auquel vous faites allusion, était un hymne à la liberté, sorte de brûlot anti-débiles que j’assume toujours bien évidemment. Et d’ailleurs, je trouve que j’étais bien modéré à l’époque…
Peu de gens ont eu le courage d’exercer leur métier d’artiste en ces temps troublés, préférant la « consensualité » crasse comme toujours, à quelques exceptions près.
Breizh-info.com : Vous avez lancé une collecte pour financer cet album. Quel est votre rapport à ce mode de financement participatif, qui repose directement sur le soutien du public ?
Christoff BZH : Pour être tout à fait transparent, je n’ai pas vraiment le choix. À mon niveau, avec une audience encore assez confidentielle, il m’est difficile — voire impossible — de financer un album de ma poche.
Je suis en train de gagner du terrain, ça commence à bouger, et j’ai la chance de voir un public de plus en plus engagé, même s’il reste modeste pour l’instant. Le financement participatif, c’est à la fois un besoin concret et un vrai lien qui se crée avec celles et ceux qui me suivent. C’est comme si le projet leur appartenait un peu aussi. Et cette fois, j’ai vraiment senti un élan, un soutien sincère. Ça donne envie de se dépasser.
Donc oui, c’est un système que j’embrasse par nécessité, mais aussi parce qu’il donne du sens à ce que je fais.
Breizh-info.com : Vous évoquez la « balle dans le cœur ». Pensez-vous que l’émotion et la transmission culturelle soient aujourd’hui nos meilleures armes face à l’homogénéisation mondiale ?
Christoff BZH : J’imagine que vous faites allusion à mon titre Roulette Russe, qui servira de support à ma vidéo promotionnelle. Je tiens à cet effet à remercier mon ami Marc, qui a réalisé les clips de mon premier album L’Armée du silence, produit par le rappeur identitaire Kroc-Blanc (merci à ce dernier s’il lit ces lignes).
Pour vous répondre, je dirais que chacun met son talent et son courage où il le peut, me concernant, c’est du côté du chant lexical de Jean-Baptiste Poquelin, alias Molière, que je puise mes émotions combatives !
Breizh-info.com : Comment imaginez-vous défendre cet album sur scène ? Peut-on s’attendre à des concerts prochains ?
Christoff BZH : La défense de cet album se fera du mieux que je peux, Dieu seul sait…
Breizh-info.com : En 2025, le climat politique et culturel est particulièrement tendu. Pensez-vous que la musique a encore la capacité de rassembler, d’éveiller les consciences, ou est-elle aussi menacée par la censure et la frilosité ambiante ?
Christoff BZH : Je pense effectivement que la musique a son rôle à jouer. J’ai déjà pu le mesurer avec mes deux albums précédents.
Maintenant, j’enjoins toutes les personnes qui estiment jouer dans le même camp que moi — celles qui apprécient mon travail, de loin ou de près, et qui pensent qu’on œuvre pour les mêmes intérêts — à faire en sorte que mon écho soit le plus important possible. C’est encore gratuit, je vous le demande car l’union fait la force !
Propos recueillis par YV
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Illustration : DR
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