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Ismaël Boudjekada interpellé : cet élu avait traité Gabrielle Cluzel de « cafard »

© Capture écran TikTok - Ismaël Boudjekada
© Capture écran TikTok - Ismaël Boudjekada
Une interpellation transformée en opération de communication. Sur ses réseaux sociaux, Ismaël Boudjekada annonçait depuis plusieurs semaines son arrestation. Il avait donné la date de son arrivée en France, fait floquer des tee-shirts à son effigie et même organisé une mobilisation de soutien. Ce samedi 3 mai, peu après avoir atterri à l’aéroport international de Bâle-Mulhouse, l’élu municipal de Grand-Charmont (Doubs) a effectivement été interpellé par la police aux frontières. Objet de plusieurs plaintes, il était inscrit au fichier des personnes recherchées. Mais, installé hors de France pendant plusieurs mois, il n’avait pu être auditionné. Cette fois-ci, Ismaël Boudjekada a donc été placé en garde à vue sur le fondement des mandats de recherche émis à son encontre. Il devrait, selon Europe 1, être présenté à un juge du parquet national antiterroriste.

Soupçonné d’apologie du terrorisme

« Ils vont m’arrêter. Dans moins d’un mois. Pas parce que j’ai volé. Pas parce que j’ai menti. Mais parce que je défends la Palestine. Parce que je suis un élu qui dérange. » Au début du mois d’avril, sur son compte Instagram, Ismaël Boudjekada, objet de plusieurs signalements, annonce déjà son arrestation prochaine. Tout au long du mois d’avril, l’élu multiplie les annonces et répète la date de son arrivée en France. L’objectif : mobiliser ses soutiens, nombreux sur les réseaux sociaux. Ce 3 mai, à nouveau, peu avant son interpellation, il déclare encore : « Je vais être arrêté aujourd’hui […] parce qu'en tant qu'élu de la République j’ai décidé de soutenir la Palestine. […] Je vous invite à continuer la mobilisation. »

À la descente de l’avion, l’élu municipal a bien été accueilli par la police aux frontières. Alors qu'il est en direct sur ses réseaux sociaux, les forces de l'ordre lui notifient son placement en garde à vue. Élu sur la liste Union citoyenne de gauche et écologistes, Ismaël Boudjekada - qui n’aurait pas siégé depuis l’automne 2023 - est visé par deux enquêtes, selon Le Figaro. La première concerne une divulgation d’informations personnelles permettant d’identifier ou localiser une personne et des appels téléphoniques malveillants. La seconde enquête se concentre sur les accusations d’apologie du terrorisme en ligne.

Provocations, controverses et insultes

Fervent défenseur de la Palestine, Ismaël Boudjekada fait l’objet de nombreux signalements et plaintes. Deux jours après le massacre du 7 octobre, il qualifiait ainsi le Hamas « d’organisation de résistants palestiniens ». Une sortie qui lui vaut d’être condamné, en juin 2024, à 20.000 euros d’amende et trois ans d’inéligibilité pour apologie du terrorisme. Il déclare avoir fait appel de cette condamnation. Contacté par BV en novembre dernier, l’élu de Grand-Charmont « assumait » l’emploi du qualificatif de « résistants » pour parler du Hamas. « Des résistants qui utilisent la terreur », expliquait-il. Et le 17 octobre 2024, il n’hésitait pas, non plus, à saluer la mémoire de Yahya Sinwar, chef du Hamas et l’un des cerveaux des attaques du 7 octobre. « Un héros » mort « en martyr », écrivait-il sur son compte X. Des propos « qui constituent une apologie de terrorisme », signalés par Bruno Retailleau au procureur de la République.

L’élu et influenceur - il compte près de 380.000 abonnés sur TikTok - multiplie également les provocations. En novembre 2024, lors d’un direct organisé sur les réseaux sociaux, il commentait les violences commises à Amsterdam, en marge d’un match opposant l’Ajax Amsterdam au Maccabi Tel Aviv. Il déclarait notamment : « Je pense qu’ils [les supporters israéliens, NDLR] n’en ont pas pris assez. […] J’aurais aimé être à Amsterdam pour en faire courir quelques-uns. » Interrogé, à l’époque, par BV, il assurait parler de tous les supporters « extrémistes » du Maccabi Tel Aviv, peu importe leur appartenance religieuse, et pas seulement des supporters juifs. Il ajoutait, par ailleurs, que « la France est gangrenée par le cancer sioniste ». Ces propos avaient choqué une partie de la classe politique qui l'accusait d’antisémitisme. Il fait d'ailleurs l’objet d’une plainte pour antisémitisme pour avoir comparé les Juifs « sionistes » à des « rats » et des « cafards ».

À ces provocations s’ajoutent les insultes. Ismaël Boudjekada s’amuse ainsi à surnommer Bruno Retailleau, qu’il traite par ailleurs de « fils de catin », de « sinistre de l’Intérieur ». Fin mars, alors que Gabrielle Cluzel, directrice de la rédaction de BV, commentait la décision de justice prise contre Marine Le Pen, il écrivait à son intention : « Les mêmes cafards qui appellent à nous rendre inéligibles, nous élus soutenant le droit à la Résistance Palestinienne. » Une insulte qu’il profère également à l’encontre de Sarah Knafo, Éric Woerth ou encore CNews et BFM TV.

 

Au total, Ismaël Boudjekada ferait l’objet de 44 procédures judiciaires, comme il le précise dans l’une de ses vidéos publiées en avril. Aujourd’hui, s’il est rentré en France, il assure que c’est pour « confronter » ceux qui l’accusent. « À la fin, on va les mettre en PLS ! », promet-il.

Clémence de Longraye

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