Lors de son audition, mardi 06 mai, Arnaud Rérolle, l'un des bras droits de l'homme d'affaire et directeur du projet Périclès s’est étonné en s’adressant aux députés Horizons et LFI qui dirigent la commission : «J’imagine que vous auditionnerez aussi monsieur Legrain, qui a financé à hauteur de 400 000€ la primaire populaire avec pour objectif de faire émerger un candidat unique pour la gauche »
Une réflexion qui mérite en effet de revenir sur un millionnaire de gauche à l’influence certaine. La carrière de l’homme d’affaire décolle chez Rhône-Poulenc, le groupe d’industrie chimique et pharmaceutique. En 1994, il intègre le groupe Lafarge avant de devenir quelques années plus tard PDG de Materis, une entreprise de matériaux de construction. Une vie professionnelle dont il tire de beaux fruits : devenu millionnaire, l’homme va mettre sa fortune au service de ses convictions communistes qui remontent à sa jeunesse. La lutte finale est engagée. L’homme « veut rendre une partie de l’argent [qu’il a] gagné. »
Des associations pro-migrants, des médias très à gauche
Il créé en 2019 le fonds de dotation Riace, dans lequel il injecte 3 millions d’euros, qui finance des associations au service des migrants « En 2023, près de 65 000 personnes exilées, accompagnées par 52 organisations solidaires sur l’ensemble du territoire français, ont été soutenues » peut-on lire sur le site du Fonds, soit en 4 ans : « 179 projets » aidés, « contribuant à l’accompagnement, l’hébergement et le logement de plus de 130 000 personnes exilées. » Dans le rapport moral 2022 du fonds, Olivier Legrain explique : « les acteurs que nous soutenons arrivent à régulariser la majorité des milliers de personnes auparavant sans-papiers. » Aujourd’hui, Riace se targue de financer «105 associations à travers la France, dont 25 % se consacrent aux Mineurs Non Accompagnés. ». Le millionnaire proche un temps d'Emmanuel Macron milite auprès du chef d l'État en 2018 pour que la France accueille le bateau de migrants l'Aquarius.
L’homme injecte de l’argent dans des médias très engagés à gauche Politis et Regards. Il cherche même en 2018 à les loger dans la « Maison des médias libres » où il souhaite réunir ses médias préférés parmi lesquels Médiapart, Alternatives économiques, Basta. Un projet à 20 millions d’euros qui ne verra pas la jour.
Les élections lui tenant très à cœur, il donne, comme le soulignait Arnaud Rérolle, 400 000 euros à la Primaire populaire, souvenez-vous, cette instance qui devait permettre aux militants de désigner un candidat unique à la gauche pour la Présidentielle en 2022. Un projet mort né.
Participer à l'élaboration d'une candidature unique à gauche pour 2027
«Il n’a aucune ambition politique mais il est un infatigable militant de l’union des gauches » dit de lui l’ancien président du Conseil national du numérique Benoît Thieulin. Le millionnaire aime réunir autour d’une table les caciques de la gauche politique. Une enquête de L’Express évoque des « dîners clandestins » où se retrouvent les députés socialistes Johanna Rolland et Boris Vallaud, les écologistes Eric Piolle (maire de Grenoble) et Cyrielle Chatelain (députée) et les trublions qui ont quitté La France Insoumise, François Ruffin, Clémentine Autain et Alexis Corbière. Tout ce beau monde discute de l’enjeu qui anime le tout-Paris de gauche : comment aboutir à une candidature unique à gauche seule chance de succès. En 2002, la désunion avait guillotiné Lionel Jospin, en 2022, à peine 400 000 voix séparaient les scores de Marine et Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Pour 2027, le dernier sondage en date projette une gauche à nouveau disqualifiée du second tour de la Présidentielle, en cas de désunion.
Le profil d’Olivier Legrain est assurément taillé sur mesure pour que les parlementaires fassent toute la lumière sur, comme le disait mardi en commission le député LFI Pierre-Yves Cadelen : « les milliardaires qui investissent dans le champ politique, appuient des structures […] avec un agenda politique ».